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Repères contre le racisme, pour la diversité et la solidarité internationale

En Israël, les trois dimensions d’une dérive fascisante (Dominique Vidal)

11 Juillet 2018 , Rédigé par Repères anti-racistes Publié dans #Israël et le sionisme, #Extrême-droite

En Israël, les trois dimensions d’une dérive fascisante (Dominique Vidal)

Les dérives autoritaires et fascisantes de l’État d’Israël sont largement sous-estimées par les médias et les responsables politiques européens. Pourtant, elle sont réelles et porteuses de dangers pour tout le Proche-Orient.

Beaucoup de lecteurs du Monde auront été surpris de découvrir, sous la plume de l’historien Zeev Sternhell, spécialiste éminent du fascisme, une comparaison entre l’Israël d’aujourd’hui et l’Allemagne des débuts du nazisme. C’est que la plupart des grands médias ont peu couvert l’inquiétante radicalisation de la coalition de droite et d’extrême droite qui dirige Israël depuis 2015.

Ce phénomène comporte trois dimensions principales.

L’État-nation du peuple juif

La première et la principale concerne le projet colonial en Palestine, qui connaît un tournant historique. Jusqu’ici les autorités israéliennes, y compris Benyamin Nétanyahou depuis son fameux discours de 2009, faisaient mine d’accepter la perspective dite « des deux États ». Certes elles accéléraient la colonisation — le quotidien israélien Haaretz a donné l’an dernier le chiffre de 700 000 colons juifs, 470 000 en Cisjordanie et 230 000 à Jérusalem-Est —, mais elles maintenaient formellement un flou artistique autour du statut des territoires occupés.

De surenchère en surenchère, stimulés par la prévisible succession de Nétanyahou, les principaux autres chefs de la coalition ont imposé un changement de cap. Ministre de l’éducation et de la diaspora, le chef du parti Foyer juif Naftali Bennett répète inlassablement : « Le chemin des concessions, le chemin de la division a échoué. Nous devons donner nos vies pour l’annexion de la Cisjordanie. » Et il a déjà joint les actes à la parole, faisant voter une loi en ce sens par le Parlement, le 6 février 2017. Ce texte légalise rétroactivement une série d’« avant-postes » (ces colonies jusque-là illégales même aux yeux du droit israélien) en autorisant la saisie de terres privées palestiniennes et en ouvrant ainsi la voie à l’extension de la souveraineté israélienne sur la zone C, qui représente plus de 60 % de la Cisjordanie, voire sur toute celle-ci. Cette loi dite de « régularisation », appelée « loi des voleurs » par Benny Begin, le fils de l’ancien premier ministre, reste pour l’instant gelée par la Cour suprême. Mais cette dernière devient elle-même une cible des attaques du gouvernement, qui veut en modifier la composition et en réduire les prérogatives.

Qualifié de « fasciste » par l’ancien premier ministre Ehoud Barak, le Foyer juif, ultranationaliste, revendique l’héritage du Parti national religieux, qui fut toujours, avec le Bloc des croyants (Gouch Emounim), le cœur du mouvement de colonisation. S’il ne compte que huit députés et quatre ministres, il a néanmoins réussi à rallier à sa loi soixante députés, dont la quasi-totalité de ceux du Likoud, alors que le chef de ce dernier, le premier ministre Benyamin Nétanyahou, leur avait instamment demandé de s’y opposer. Il faut dire que fin 2017, même le comité central du Likoud se prononçait pour la mise en œuvre de l’annexion de la Cisjordanie.

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