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Repères contre le racisme, pour la diversité et la solidarité internationale

La défense des juifs, ultime morale des pouvoirs que leurs peuples désavouent (Claude Askolovitch)

26 Décembre 2018 , Rédigé par Repères anti-racistes Publié dans #Antisémitisme et négationnisme

L’affaire des «gilets jaunes» n’est pas une histoire juive; il serait fâcheux qu’elle le devienne.

D’une poignée d’abrutis de fin de semaine est ressuscitée l’infamie antisémite, qui serait la vérité de l’insurrection des ronds-points, dévoilée par trois ivrognes faisant la «quenelle» dieudonnesque dans un métro et trente beuglards ayant chanté la même «quenelle» devant les marches du Sacré-Cœur, les ivrognes parlant mal à une vieille dame juive indignée de leur crasserie, les braillards profanant le «Chant des partisans», dont l’air volé soutient leur pornographie scandée de «dans ton cul». De vomissures, on fait de la politique.

L’indignation est maîtresse de l’heure, et on m’avertit contre ces chemises brunes françaises qui rejoueront l’histoire, toujours la même, de la populace au pogrome, foule lyncheuse de policiers républicains et de juifs à la fois: «stop!», comme dirait un porte-parole du gouvernement, contempteur de la France des clopes et du diesel, ces svastikas symboliques finement repérées.

Voir la chemise brune sous le gilet jaune

La haine de la plèbe chez les bourgeois honnêtes m’a toujours amusé; elle est une pensée décorative qui distrait de la peur, et comme ce pouvoir cède et cède encore à quiconque le menace, policiers en préavis de grève ou «gilets jaunes» qui répondent en brutes de bal populaire à la violence légitime de l’État, comme le président est allé plier le genou virtuel sur la pétition web d’une «gilet jaune» et lui a écrit que finalement, elle avait raison, les marcheurs dépités ont bien droit à un réconfort verbal. Ils se requinquent en stigmatisant l’antisémite, et n’auront pas peur de combattre les quenelliers! Ah, les braves gens.

Au demeurant, la quenelle est une saloperie. Mais, oserais-je, la quenelle des salopards n’est qu’un instant des «gilets jaunes», que seule l’acrimonie élitaire décrète signifiant.

On aurait pu, a contrario, passer en boucle sur nos télévisions ces «gilets jaunes» savoyards qui s’enlaçaient sur «La foule» de Piaf, dans une scène douce et onirique, le soir où des gendarmes émus levaient leur barrage, et on aurait alors commenté leur ressemblance avec les occupants d’usines du Front populaire? On aurait pu chanter la fraternité de ces veillées de Noël où des «gilets jaunes» se sont tenu chaud, et l’humanité émouvante de ces désormais plus que rien. Mais concernant le peuple ici et maintenant, spontanément, une bourgeoisie préfère voir la chemise brune sous le gilet jaune. Et je ne pourrais, juif, que m’en inquiéter.

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