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Repères contre le racisme, pour la diversité et la solidarité internationale

Texte à débattre sur l'extrême-droite. Militants du MRAP (2/3)

20 Septembre 2011 , Rédigé par Militants du MRAP Publié dans #Extrême-droite, #MRAP expressions plurielles

 Ce texte est à amender, discuter, améliorer. Il a été proposé sur les listes de débats internes au MRAP et a été rejeté pour des motifs infondés en fait et en droit. Les militants n'ont pas pu en avoir connaissance.

 

L’EXTRÊME DROITE

OU

LES EXTRÊMES DROITES ?

…UN DANGER TOUJOURS PRESENT

  Début

 

CONNAITRE SON ADVERSAIRE POUR MIEUX LE COMBATTRE

Alors que les élections vont bientôt se dérouler en France, il n’est pas inutile de revenir sur l’essor électoral de l’extrême droite désignée fréquemment sous les termes de nationaliste-populiste et qui, à l’inverse des mouvements de type néo-nazi, représente dans de nombreux pays  européens un courant qui a su s’adapter, se « moderniser » et qui privilégie  la voie électorale. En France, le Front National semble s’inscrire de plus en plus dans cette démarche.

Le discours de cette extrême droite s’articule autour de quelques axes principaux découlant souvent les uns des autres :

·        Au niveau premier :

-         Un anti-communisme virulent mais moins affiché depuis la disparition de l’Union Soviétique,

-         la xénophobie, avec pour ennemi désigné le multiculturalisme,

-         l’islamophobie qui a même touché la Suisse et qui fonctionne suivant les mêmes principes que l’antisémitisme dont il a souvent pris la place,

-         la préférence nationale, avec pour corollaire le renvoi des immigrés, forme plus « radicale » que les concepts d’immigration zéro ou d’immigration choisie défendus par le gouvernement Sarkozy mais qui sont de même nature,

-         une fixation sur l’identité nationale pouvant aller jusqu’à la revendication de la pureté de la race.

 

Ce corpus n’est pas nouveau[1]. Aujourd’hui, la place donnée à ces questions par le président Sarkozy a de quoi inquiéter et montre la convergence trouble entre les idées de l’extrême droite et la politique menée par l’actuel gouvernement français, ce qui fait dire à certains observateurs que l’on est entré dans une période de « fascisme mou ».

·        Au niveau des institutions politiques :

-         une dénonciation des partis traditionnels (la bande des 4 fustigée par J.M Le Pen),

-         une utilisation plus étendue du référendum prenant le pas sur le fonctionnement de l’actuelle démocratie représentative qui est une autre version de l’anti-parlementarisme des anciennes ligues d’extrême droite,

-         une présidentialisation accrue du pouvoir.

·        au niveau économique :

-         la mise en place d’une politique économique ultra libérale a cédé le pas, en tout cas en France, à une politique économique plus favorable à des mesures devant répondre aux revendications sociales d’une base électorale qui est devenue plus populaire,

-         la remise en cause traditionnelle de l’intervention de l’Etat et de sa fonction redistributive a été également revue, l’Etat devenant garant d’une politique économique plus protectrice des travailleurs français,

-         une opposition à la mondialisation, doublée en France par un protectionnisme économique et social, qui conduit le Front National à revendiquer la préférence nationale,

-         une dénonciation de l’intégration européenne, point de vue qui n’est pas partagé par l’ensemble de ces partis en Europe.


Si ces partis ont dans une très large mesure coupé  les liens avec la violence et l’activisme – même si la culture de certains de leurs cadres s’oppose à cette « évolution » - c’est bien parce qu’ils ont pris conscience des difficultés à conquérir seuls le pouvoir et qu’ils ont défini une autre stratégie d’accès aux affaires devant leur permettre, avec la formation de coalitions de gouvernement, d’appliquer tout ou partie de leur programme.

A cet égard, en Autriche, le parcours de Jorg Haïder est significatif. Premier ministre de 2000 à 2002, il a gouverné avec le concours des conservateurs chrétiens, grâce à une coalition dirigée par son parti le FPÖ (Freiheitliche Parteï Österreichs) issu du VdU qui dans l’immédiate après-guerre avait recyclé d’anciens nazis.

Il serait cependant dangereux de croire que ces partis vont tous s’insérer sans arrière-pensées dans un jeu démocratique que parfois ils continuent à dénoncer et connaître la même mutation que l’« Alliance Nationale » que Gianfranco Fini, dès 1994, en Italie, a totalement transformée : anciennement MSI, parti directement héritier du fascisme italien, l’« Alliance Nationale » s’est muée en parti de type présidentialiste et conservateur, proche des milieux atlantistes, réalisation la plus achevée d’une pseudo-évolution qui n’est autre  que le résultat d’un opportunisme sans limites du président de l’« Alliance Nationale ».

 

EN FRANCE, LE CAS DU FRONT NATIONAL


marine le penCompter sur une transformation de l’extrême droite relève bien d’une dangereuse illusion qu’il est urgent de dissiper, le noyau dur de l’idéologie n’étant pas  toujours remis en question.

En France, pareille illusion est parfois entretenue sur le Front National, surtout depuis la transmission familiale du pouvoir. Les infléchissements du discours de ce parti, certains d’ordre purement tactique,  doivent être pris en compte. La mise à l’écart d’anciens cadres liés à l’extrême droite traditionnelle mérite d’être analysée. Issus de la collaboration, des milieux poujadistes, nostalgiques de l’Algérie française, chrétiens traditionalistes, anciens militants des mouvements « Occident », « Ordre nouveau » ou du GUD, négationnistes…, leur influence est moindre, même si leurs idées continuent à structurer l’esprit des militants du FN. L’arrivée d’une nouvelle génération ne rend pas moins dangereuse cette extrême droite qui ne craint plus, à l’instar de Marine Le Pen, de porter un intérêt accru aux questions de société et qui n’hésite plus à parler des valeurs de la République, du droit des femmes ou de laïcité et d’écologie, toutes choses impensables il y a quelques années.

Résultat d’un processus auquel il n’a pas été toujours porté attention, cette « mutation » doit nous amener à renouveler nos analyses, sous peine de ne pas saisir les transformations que connaît le Front National.

Même s’il faut aller à contre-courant de certaines idées reçues le concernant, il est nécessaire, pour mieux le combattre, de prendre conscience qu’un certain nombre de cartes ont été rebattues : ainsi en est-il par exemple de l’antisémitisme traditionnel de l’extrême droite  qui dans de nombreux cas s’est transformé –islamophobie oblige- en soutien à la politique agressive de l’Etat d’Israël, voire en justification du sionisme.

Il en va de même avec l’évolution dans le domaine économique où le FN doit satisfaire les attentes de son électorat populaire.

Il est également nécessaire de tenir compte des changements sociologiques de l’électorat du FN  qu’on estime plus jeune, plus populaire et plus féminin qu’auparavant.

 

Aujourd’hui, il s’agit, pour les antiracistes, de renouveler leur approche du racisme véhiculé par le Front National, dans lequel la colonisation ou la guerre d’Algérie cèdent le pas à des arguments plus culturels de type guerre des civilisations. Le racisme biologique perd également du terrain devant les démentis de la Science, même si des résistances tentent de mettre en doute les acquis scientifiques. Ce racisme de type culturaliste est tout aussi dangereux et condamnable et mérite une réponse plus franche et mieux ciblée.

D’autre part, alors que le Front National est en train d’abandonner, de façon réelle ou tactique, ses références les plus condamnables à la violence, au nazisme et à l’antisémitisme qui en faisaient un épouvantail facile à dénoncer, le développement et la radicalisation de groupes d’extrême droite qui ne se reconnaissent plus dans son discours et qui peuvent être tentés par un passage à l’acte violent ou au terrorisme est un danger qu’il ne faut pas sous-estimer.

En relation plus directe avec les événements d’Oslo, il nous faut également  trouver les solutions les plus efficaces pour lutter contre la propagande des groupes néo-nazis sur Internet et leurs discours violemment islamophobes, sans pour autant mettre en péril l’existence même de cet outil d’expression démocratique.[2]

 

A suivre



[1]  Dans les années 70, les idéologues du GRECE (Groupement de recherches pour la Civilisation européenne)  plus connu sous le vocable de  « Nouvelle Droite » comme Alain de Benoist ou des journaux comme le « Figaro Magazine » et son directeur et éditorialiste de choc Louis Pauwels mettaient déjà très fortement l’accent sur ces questions, agitant les mêmes peurs, les mêmes fantasmes la couverture du numéro 26 octobre 1985 du « Figaro Magazine » illustrée par une Marianne voilée  allait même jusqu’à demander « Serons-nous encore français dans trente ans ? », fantasme que le Nouvel Observateur reprendra en1989. Auparavant, lors des grèves dans l’automobile aux usines Talbot de Poissy en 1984, la gauche allait jusqu’à dénoncer la politisation des immigrés présentés comme des provocateurs, hostiles aux intérêts de la société française …

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C
<br /> "Le racisme biologique perd également du terrain devant les démentis de la Science, même si des résistances tentent de mettre en doute les acquis scientifiques."<br /> Exemple de résistance : Pierre Vial et "Terre et Peuple"<br /> <br /> <br />
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C
<br /> Pendant des décennies, la droite s'est réclamée du gaullisme. L'héritage de De Gaulle intégrait notamment la lutte contre le nazisme et la décolonisation.<br /> Les mouvements d'extrême-droite avaient plus ou moins collaboré avec le nazisme (à part quelques individualités) et avaient mené et perdu des combats contre la décolonisation.<br /> Le racisme biologique avait mené à Auschwitz et personne n'osait plus s'en réclamer.<br /> Cette "muraille de Chine", entre la droite et l'extrême-droite, n'existe plus :<br /> - l'extrême-droite a abandonné (enfin pas toute) le racisme biologique pour parler d'incompatibilité des cultures<br /> - elle a caché son antisémitisme dans la placard, son pro-israélisme lui sert de sauf-conduit.<br /> - elle n'hésite pas se réclamer de la laïcité<br /> - une partie a cessé de dénoncer l'IVG, le divorce, l'homosexualité.<br /> Les réflexes immunitaires ne jouent donc plus, les marqueurs des virus ayant changé.<br /> <br /> <br />
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