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Repères contre le racisme, pour la diversité et la solidarité internationale

Texte à débattre sur l'extrême-droite. Militants du MRAP (1/3)

19 Septembre 2011 , Rédigé par Militants du MRAP Publié dans #Extrême-droite, #MRAP expressions plurielles

Ce texte est à amender, discuter, améliorer. Il a été proposé sur les listes de débats internes au MRAP et a été rejeté pour des motifs infondés en fait et en droit.

 

L’EXTRÊME DROITE

OU

LES EXTRÊMES DROITES ?

…UN DANGER TOUJOURS PRESENT 


 

 

 

 

 

breivikLes événements sanglants d’Oslo ont rappelé de façon abrupte, à coté d’une extrême droite qui tente de se faire un visage plus présentable, l’existence de groupes néo-nazis, fondamentalistes chrétiens, suprématistes, tous activistes et se revendiquant comme tels.

Ils sonnent comme un rappel pour tous ceux qui veulent s’illusionner. La relative discrétion de ces groupes ou bien plutôt le fait que leurs activités plus ou moins souterraines aient été sous estimées ne doit plus amener les autorités à négliger le danger potentiel que ces groupes constituent : ce n’est pas en ignorant un danger qu’on lui ôte toute existence !

En France, depuis les attentats d’Oslo, les échanges sur Internet, les tentatives de justifier ces actes sont révélateurs du degré de confusion mentale et de réactions pulsionnelles qui travaillent en profondeur des pans entiers de la société.

Déjà encouragée par les déclarations du gouvernement et de responsables politiques de premier plan, la libération de la parole raciste à laquelle ces attentats ont donné lieu pose question et montre à quel point l’écho de ces attentats que certains persistent à qualifier d’œuvre d’un déséquilibré a de quoi inquiéter. Même si Internet peut faire fonction  de soupape en permettant l’évacuation de pulsions criminelles qui évitent un possible passage à l’acte, ne pas prendre en compte l’état de ces réactions et agir en conséquence constituerait de la part des autorités une faute grave et impardonnable.


UN DEVELOPPEMENT DANS TOUTE L’EUROPE

 

Si ces attentats doivent en premier lieu être l’occasion de réorienter les politiques de lutte contre le terrorisme qui ont ciblé presque exclusivement les activités des groupes islamistes, ils doivent également, en prenant la mesure des effets d’Oslo, être l’occasion de revenir sur l’extrême droite, voire de renouveler les approches concernant ce courant idéologique.

 

Se manifestant de façon sporadique, surtout en Allemagne et dans les pays d’Europe du Nord, en Suède particulièrement, l’extrême droite qualifiée de néo-nazie ne recule pas devant l’usage de la violence qui est justifiée pour favoriser une prise de conscience, précipiter les  événements et permettre l’avènement d’un nouveau système. En cela, ce qui s’est passé à Oslo peut tenir lieu de préfiguration.

Se trouvent communément rattachés à cette « famille » les partis d’extrême droite héritiers des anciennes dictatures fascistes, ou des mouvements qui n’ont toujours pas rejeté la violence comme le Bloc Identitaire [1] qui développe des revendications régionalistes ou d’autres qui ne développent pas de projet politique bien précis, mais dont les références idéologiques confuses de leurs membres les rattachent à l’extrême droite, les hooligans[2] ou les ‘boneheads »par exemple.[3]

L’extrême droite populiste, quant à elle, privilégie davantage l’accès au pouvoir par la voie électorale, et ses succès, partout en Europe, s’expliquent surtout par le rejet du système économique en place, la dénonciation des élites politiques (tous pourris !).  Si la filiation avec le fascisme historique ou traditionnel est encore présente, il n’en représente plus vraiment l’ossature idéologique.

Présents dans les pays de l’Europe centrale et orientale, anciennement pays du bloc soviétique, ces mouvements d’extrême droite s’affirment et se développent plutôt sur fond de nationalisme de type « années 30 », avec, pour certains d’entre eux, des revendications irrédentistes (grand-serbe, grand-roumain, grand-hongrois). L’anticommunisme viscéral, jusqu’à rendre hommage à d’anciens collaborateurs nazis comme en Lettonie, est une autre caractéristique de ces partis ou mouvements qui rassemblent, après la faillite économique des méthodes libérales appliquées dans ces pays, nombre de déçus du post-communisme.

Les Ligues qui font partie du paysage politique surtout en Italie, peuvent également, par bien des aspects, être classées dans la mouvance  de l’« extrême droite ».

 

Les élections européennes du 7 juin 2009 permettent de tirer un certain nombre d’informations :

parlement-europeen.gif

  • les relativement bons résultats de l’extrême droite ne peuvent masquer des divisions d’ordre idéologique parfois profondes.
    • l’extrême droite néofasciste devient très marginale :

  -en Italie Fiamma Tricolore n’obtient que 0,79% et Fuerza Nuova (qui avait participé avec le PFN en France au lancement de l’Eurodroite) que 0,47%,

  -en Allemagne, la Deutsche Volksunion (DVU) culmine à 0,4%,

  -en Espagne, le Mouvement Social Républicain est à 0,06%.

Exception à cette règle, en Grande-Bretagne où le BNP, racialiste, antisémite et négationniste obtient 8,38% des voix, profitant d’un transfert de voix des milieux populaires se détournant du parti travailliste.

  • Les résultats de l’extrême droite ne sont pas uniformes :

  - recul en France avec le FN qui est passé de 7 à 3 sièges, le parti souverainiste de Philippe de Villiers, le MPF  ( Mouvement Pour la France) obtenant de son côté 1 siège

  -reflux en Belgique du Vlaams Belang dû au transfert opéré vers des partis indépendantistes flamands de droite,

  -stabilisation et même progrès en Autriche avec le FPÖ à 12,78% et le BZÖ à 4,59 %,

  -en Suède les  Sverigedemokaterna frôlent les 4% .

  • Une progression des partis souverainistes qui s’en prennent particulièrement aux migrants musulmans, à l’islam, au multiculturalisme et qui, souvent, sous prétexte de défense des valeurs judéo-chrétiennes apportent, par calcul ou non, un soutien à la politique de l’Etat d’Israël.
  • Des scores  inquiétants dans les pays de l’Est, même si les taux de participation électorale, compris souvent entre moins de 20% et 30% doivent être pris en considération :

  -en Hongrie 14,77% pour les nationalistes de Jobbik,

  -en Bulgarie 11,96% pour Ataka,

  -en Roumanie 8,65% pour Romania Mare dont la cible principale est les Roms,

  -En Slovaquie 8,98% pour le SNS (Parti National Slovaque).

Seule la Pologne a connu un reflux, les partis Samobroona et la Ligue des Familles, concurrencés par Droit et Justice, le parti ultra conservateur des frères Kaczynski, n’ont obtenu chacun que 1,5% des suffrages.

Se référant comme les partis de l’est de l’Europe à un nationalisme qui s’apparente à celui des années  30, le LAOS, en Grèce, a atteint  7,15%.

 

Ainsi donc, l’extrême droite ne représente pas un bloc monolithique. Si les divers courants ou partis qui la composent  partagent dans une très large mesure le même corpus idéologique, le même système de « valeurs », la même aversion pour les valeurs démocratiques, le même type de relation au pouvoir et à la façon de l’exercer, l’histoire, des références idéologiques qui peuvent varier, de même que des stratégies divergentes pour la conquête du pouvoir amènent à établir  des distinctions dans l’ensemble que constitue l’extrême droite.

Même si aujourd’hui l’un des principaux ciments unificateurs de tous ces mouvements est sans conteste une islamophobie déclarée (racisme partagé par ailleurs par des organisations comme « Riposte laïque » qui n’a pas craint de participer, en décembre dernier, à Paris aux «Assises contre l’islamisation de l’Europe » qui réunissait le gratin de l’extrême droite la plus virulente),  il n’en reste pas moins qu’il serait sans doute plus judicieux de parler des extrêmes droites, en y incluant par certains côtés la droite extrême, plutôt que de parler d’extrême droite de façon générique….Et c’est pour une grande part cette islamophobie maladive, qui peut expliquer, ici, en France, des glissements et des porosités avec l’extrême droite jusque là maîtrisés.



[1]  Le bloc identitaire, organisateur des Assises contre l’islamisation de l’Europe, c’est surtout fait connaître médiatiquement par l’« apéro-saucisson-pinard » organisé le 18 juin 2010 avec Riposte Laïque. Auparavant, sa branche niçoise avait organisé des « soupes au cochon » pour les SDF de Nice.

 

[2]  Les hooligans, présents dans toute l’Europe se manifestent violemment surtout à l’occasion des rencontres de football au cours desquelles le stade est utilisé pour leurs démonstrations de masse et afficher une xénophobie virulente, des sympathies très marquées pour le nazisme pour les plus ultras.

Leur racisme évolue de plus en plus d’un discours basé sur la supériorité de la race blanche à celle de sa disparition en raison du métissage.

Cette mutation, due en partie à l’infiltration par les groupuscules d’extrême droite qui cherchent à politiser les groupes de supporters les plus violents, n’est pas toujours prise en compte, le problème étant surtout circonscrit à celui des violences physiques et à celui du maintien de l’ordre.

 

[3] Les skinheads fachoïdes surnommés par les autres skins « boneheads » professent des idées qui les rattachent souvent à l’idéologie nazie. La branche parisienne, le « Klan » a été dirigée, dans les années 80, par Serge Ayoub, militant d’une droite révolutionnaire et nationaliste qui en octobre 2010 a lancé le réseau syndical « Troisième voie pour une avant-garde solidariste » qui dénonce les mondialistes et les capitalistes comme ennemis de la nation française et de ses travailleurs.

 

 

A suivre

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C
<br /> Fondamentalistes chrétiens : Breivik n'en fait partie. Il utilise simplement le mythe des Templiers.<br /> Les groupes sont peut-être discrets, mais ils sont omniprésents sur la toile.<br /> Les politiques de lutte contre le terrorisme se sont aussi intéressées aux mouvements séparatistes (ETA).<br /> Résultats des élections européennes : le mode de scrutin favorise les grands partis. Il serait plus intéressant de juger en % de voix.<br /> note n°3 : Serge Ayoub est toujours actif, il gère le "lieu de convivialité" "le local 92, et blog du même nom", où Riposte laïque donne des conférences.<br /> <br /> <br />
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A
<br /> Deux remarques :<br /> - Puisqu'on fait le bilan des élections européennes, je m'étonne qu'on oublie le score de Geert Wilders aux Pays-Bas, qui a fait 16,9% avec un programme islamophobe, pro-israélien et économiquement<br /> et socialement libéral (il soutient les droits des homosexuels).<br /> - On sent une évolution dans une certaine partie de l'extrême-droite, de dépasser le nationalisme traditionnel pour s'attacher à une définition de valeurs "occidentales". Cette nouvelle<br /> extrême-droite, avec le bloc identitaire, cherche des solidarités avec les partis de même nature en Europe, éventuellement aux Etats-Unis. Les assises contre l'islamisation se veulent<br /> internationales. Breivik ne se définissait pas comme norvégien, mais demandait à être jugé en anglais. On n'imaginerait pas un militant du FN faire une telle demande ! C'est d'autant plus dangereux<br /> que les différents partis nationalistes finissaient toujours par avoir des conflits de territoires (nationalistes autrichiens et italiens sur le Haut-Adige, Vlaams Belang et Front National<br /> Belge...). Le dépassement des nationalismes par un "occidentalisme" peut permettre de créer des convergences.<br /> <br /> <br />
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A
<br /> Dans les résultats des élections européennes, pourquoi les Pays-Bas n'ont ils pas été mentionnés, avec un score de 16,9% pour le PVV de Geert Wilders ?<br /> <br /> <br />
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