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Repères contre le racisme, pour la diversité et la solidarité internationale

Raymond Gurême, 89 ans, rescapé des camps, victime de violences lors d’une intervention policière (Dépêches tsiganes)

30 Septembre 2014 , Rédigé par Repères anti-racistes Publié dans #Tsiganes et voyageurs, #Police Justice

depeche-tsiganeAprès une intervention policière, le mardi 23 septembre 2014 sur son terrain et des terrains voisins appartenant à sa famille, Raymond Gurême, âgé de 89 ans, présente des marques de coups et des traumatismes physiques et psychologiques importants.Quatre membres de sa famille – deux de ses fils, un petit-fils et une petite-fille – qui se sont interposés ont également subi des violences, ont été placés en garde à vue et sont passés en comparution immédiate mercredi pour « outrage et rébellion » contre des policiers.
Si ce type de violences contre une personne âgée choque dans tous les cas, l’affaire prend un relief particulier étant donné le profil de la victime: Raymond Gurême est l’un des derniers survivants de l’internement des tsiganes et forains en France pendant la Seconde Guerre mondiale.

Il a été interné arbitrairement à l’âge de 15 ans avec ses parents et ses huit frères et soeurs. Les coups, la faim, l’enfermement étaient alors infligés par l’administration et la police françaises. 
Pour survivre à cette police et à cette administration qui collaboraient avec l’Occupant nazi, le petit acrobate s’est échappé loin des siens. A de multiples reprises il a connu les camps allemands. Il a été résistant aussi. Puis il s’est tu pendant 70 ans. A eu de nombreux démêlés avec la justice et la police alors que l’internement, qui a brisé sa vie et celle des siens, restait tenu soigneusement à distance de la mémoire collective. 
A partir de 2011, avec la parution du livre « Interdit aux nomades » (Calmann-Lévy), que j’ai eu l’honneur d’écrire sur la base de son témoignage oral détaillé et précis sur ce parcours de vie traversant le 20ème siècle, il s’est réapproprié son histoire et a voulu la transmettre à ses descendants mais aussi aux tsiganes, aux voyageurs et aux gadjé. 
Il a pour cela parcouru la France inlassablement, de collège en studio de radio, de rassemblement de résistants en manifestations pour les droits des Roms et des voyageurs. Il a aussi été à l’étranger – le livre a été traduit en italien, en Belgique et cet été à Cracovie et à Auschwitz-Birkenau pour un rassemblement de centaines de jeunes Roms venus de toute l’Europe. 
Les violences qu’il a subies lors de cette opération policière en région parisienne ont donc immédiatement généré une page de soutien sur Facebook et un flot de commentaires indignés venus de France et du monde entier. Et ce aussi bien chez des voyageurs, que chez des Roms, des sédentaires, des historiens, des rescapés du génocide tsigane en Europe, des responsables associatifs, des artistes ou encore des professeurs, des collégiens, des lycéens devant lesquels Raymond témoigne régulièrement… 
Face à un tel émoi et à la violence du traitement qui a visiblement été infligé à M. Gurême, les Dépêches tsiganes sont restés prudentes, ne se contentant pas de reprendre des éléments fragmentaires sur Facebook et cherchant à recueillir en face à face le témoignage le plus exhaustif possible de Raymond et de membres de sa famille qui ont été témoins directs. C’est ce qui a été fait le vendredi 26 septembre sur le terrain familial sans que cela ne nous dispense de tenter d’obtenir, ultérieurement, le point de vue de la police et de la justice sur ces évènements et de faire état, très prochainement, d’une série de réactions.

Témoignage de Raymond Gurême:

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