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Repères contre le racisme, pour la diversité et la solidarité internationale

Statuts du MRAP : les avatars de la présidence collègiale.

22 Septembre 2011 , Rédigé par Repères antiracistes Publié dans #MRAP

Un peu d'histoire : pendant longtemps, le MRAP était représenté par une présidence collégiale, au rôle non exécutif, et la direction du mouvement était assurée par un bureau national, des secrétaires nationaux et un secrétaire général. C'est le secrétaire général qui assurait la permanence du mouvement. Il y en eut trois en tout et pour tout :

Charles Palant de 1949 à 1971

Albert Lévy de 1971 à 1989

Mouloud Aounit de 1989 à 2004.

En 2004, le MRAP modernisa ses statuts, pour les rapprocher de ceux de la plupart des associations, avec, entre les assemblées générales triennales, un conseil d'administration (le parlement du MRAP), un bureau exécutif comprenant un président et des vice-présidents.

Ceux qui ont justifié, brillament et avec raison, ce changement de statuts sont les mêmes qui aujourd'hui expliquent qu'il faut revenir dans les faits aux anciens statuts.

Mouloud Aounit devint naturellement le président du MRAP, un président au rôle comparable à celui des présidents de la LICRA, de la LDH, etc.. et qui avait de fait les mêmes attributions que l'ancien secrétaire général.

Cette présidence ne fut pas un long fleuve tranquille, le MRAP restant divisé sur certains sujets : la lutte contre l'islamophobie, la solidarité avec les Palestiniens.

En 2007, la majorité sortante, soucieuse de le rester mais elle-même divisée, trouva une solution de compromis avec une présidence collégiale à quatre membres.

A partir de 2008, l'opposition interne ne participait plus au CA, pourtant élu à la proportionnelle de liste et elle aurait pu y être représentée.

Dans les faits, ça n'a pas marché : la présidence collégiale est devenue une instance décisionnelle supplémentaire, retardant les réactions nécessaires à l'actualité, voire les bloquant.

Un bilan du fonctionnement devait être fait au bout de 6 mois. Il le fut un peu plus tard, mais le CA décida qu'il devait être étendu à toutes les instances et méthodes de fonctionnement du mouvement.

Ce travail collectif de qualité ne déboucha sur rien de concret : les dysfonctionnement furent identifiés, mais il y eut blocage dans la mise en oeuvre, par ceux-là même dont le mode de fonctionnement avait été épinglé. Rien ne changea sur un point pourtant essentiel : le non respect par le BE des décisions prises en CA.

Quant à la présidence en tant que telle, elle passa, à la suite de démissions, à trois, puis à deux membres

La préparation de l'AG de janvier 2011 s'est faite sur un malentendu (euphémisme) : trois des quatre membres de la présidence mise en place en 2008, et des membres du BE annoncèrent qu'ils ne se représenteraient pas.

Prenant acte de cette intention, des militants décidèrent de privilégier le rassemblement sur une plate-forme politique,

Et se retrouvèrent piégés, sans avoir présenté de liste, quand les "partants annoncés" firent leur retour et présentèrent une liste "mrap unitaire", dont le programme se résumait à promouvoir "l'antiracisme de proximité" et proposer une réforme des statuts pour "redonner la parole aux comités locaux".

La nouvelle présidence collégiale, élue en 2011, est un calque de celle de 2008,  à ceci près que Mouloud Aounit a été remplacé par le représentant du MRAP à l'ONU (Genève).

Dans les faits, ce sont les deux membres résidant en Île-de-France qui assument la présidence collégiale, qui est plus virtuelle que réelle.


Alors pourquoi une présidence collégiale ?

Comparons avec d'autres organisations :

La collégialité est le plus souvent justifiée par les raisons suivantes :

- refléter la diversité des sensibilités internes et permettre à chacune d'être représentée "au sommet". En clair, c'est un moyen de régler (provisoirement) des conflits internes et respecter un certain équilibre

- associer progressivement des militants plus jeunes aux responsabilités, en vue de leur passer la main ensuite.

La présidence collégiale du MRAP n'est pas motivée par le second point.

Un examen attentif des deux projets successifs de nouveaux statuts amène à poser des questions :

 

3228959706_f541b63b03.jpgJuillet 2011 :

18.3. La Présidence collégiale composée de quatre membres est élue par le Bureau Exécutif en son sein. Elle a en charge de gérer l’actualité politique entre deux bureaux exécutifs en harmonie avec les décisions du Conseil National et du Bureau Exécutif. Les seuls porte-paroles du MRAP sont les quatre membres de la Présidence collégiale.

 

Septembre 2011 :

La Présidence collégiale composée d’au moins trois membres du Bureau Exécutif est élue par ce dernier. Elle a en charge la gestion de l’actualité politique entre deux réunions de Bureau Exécutif. Elle peut statuer sur des affaires exigeant une décision immédiate, mais elle devra le faire en consultation avec le Bureau Exécutif. Elle peut inscrire des points à l’ordre du jour du Bureau Exécutif.

 

Pour quelles raisons le carré magique est-il devenu un trio ? Mystère !!

 

Suggestions :

 

On ne peut pas exclure, dans la rédaction de statuts, la possibilité d'une collégialité de la présidence, pour les raisons exposées ci-dessus, mais il est inutile de graver dans le marbre un nombre, d'autant plus qu'il y a forcément un ou une "primus inter pares" devant la loi, qui ne connait qu'un seul responsable juridique.

Et surtout après un expérience de yoyo quant au nombre :

4

3

2

4

2 effectivement

projet à 4

projet à 3

pourquoi s'accrocher à cette notion ?

 

Il aurait suffi d'écrire que la présidence peut être assurée par une ou plusieurs personnes, en précisant bien dans de cas les règles de collégialité : "ensemble ou séparément", pour reprendre les termes juridiques.

Et il ne faut pas oublier que animer un mouvement, coordonner ses actions, contrôler la gestion courante, le représenter à l'extérieur, etc.. exigent des qualités différentes. Chose qu'ont comprise de nombreuses organisations, dont les porte-paroles ne sont pas forcément ceux qui assurent la direction effective (au PS, Benoît Hamon / Martine Aubry )

Et le fond du problème est le suivant :

Qui doit diriger le MRAP ?

Une instance élue et représentative qui se réunit suffisamment régulièrement pour ne pas être une simple chambre d'enregistrement ?

Un petit groupe coopté ?

 

 

 

 

 

 

 

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