Soutien à Hakim Ajimi. Intervention d'Amnesty International le 20 janvier 2012 à Grasse
25 Janvier 2012 , Rédigé par Repères antiracistes Publié dans #Police Justice
Procès des responsables de la mort d’Hakim Ajimi
Forum du 20 janvier 2012 à Grasse
Intervention de Renaud Brouquisse. (Amnesty International)
(Propos recueillis par Y.M. & A.V.)
Amnesty International dénonce depuis les années 2005 les violations des droits humains commises par les responsables du maintien de l’ordre public et les personnes chargées de l’application des lois en France. En 2005, Amnesty International. publiait un rapport intitulé « France, pour une véritable justice » dans lequel l’organisation constatait que les membres des forces de l’ordre dans le cas où ils étaient présumés avoir commis des violations des droits humains, n’étaient en général pas punis.
Ce constat d’impunité avait également été relevé dans le rapport de 2009 d’Amnesty International. « Des policiers au-dessus des lois », rapport dans lequel le cas d’Abdelhakim était rapporté. Amnesty International dénonce en particulier l’absence d’enquête effective, indépendante, exhaustive, impartiale et menée dans des délais raisonnables. Amnesty International constatait également que, dans de nombreux cas, les victimes et les proches de victimes n’avaient pas accès à des réparations telles que restitution, indemnisations, réparations, réadaptation.
Dans son rapport de 2011, publié en novembre dernier, Amnesty International rapporte cinq cas de personnes décédées aux mains de la police suite à des violences et ces cinq cas, je voudrais vous les citer. En effet, il est important que par dessus tout, le nom des victimes ne soit pas oublié. Il s’agit dans ce rapport, d’Ali Ziri, Algérien de 69 ans, mort en juin 2009, de Mohamed Boukrourou, Marocain, 41 ans mort en novembre 2009, de Lamine Dieng, Français d’origine sénégalaise, âgé de 25 ans et décédé en juin 2007, Abou Bakari Tandia, Malien de 38 ans et qui est mort en décembre 2004, le cinquième cas de ce rapport nous concerne particulièrement puisqu’il s’agit d’Hakim Ajimi, 22 ans, Tunisien, décédé en mai 2008.
Aujourd’hui, nous sommes à Grasse où cette semaine a eu lieu le procès en révision en appel à propos de la mort d’Hakim. Amnesty International n’a pas à porter de jugement par rapport à ce procès et à ses conclusions, ne serait-ce que parce que le verdict n’a pas encore été rendu. Nous sommes ici d’abord, pour soutenir la famille d’Hakim. La mort d’un enfant est une douleur incommensurable, un manque profond et durable qui perturbe et qui touche en profondeur tous les membres de la famille.
Le père d’Hakim, monsieur Ajimi, a exprimé cette douleur et cette attente de justice avec beaucoup de pudeur aux membres d’Amnesty International avec lesquels il a parlé. Pour les proches parents, pour que les proches parents retrouvent un semblant de sérénité et que la société ait confiance dans sa justice, il est indispensable que celle-ci soit rendue avec toute l’impartialité que l’on peut attendre de telles institutions.
En tant que représentant d’Amnesty International , je me pose des questions qui d’ailleurs ressortent des rapports d’Amnesty International : Est-il par exemple admissible de refuser à un père de voir la dépouille de son fils, alors qu’il vient d’apprendre par téléphone, la nouvelle de sa mort brutale ? Est-ce normal d’être tenu d’attendre deux jours pour qu’il soit autorisé à le voir ? Est-il normal qu’il faille attendre plusieurs années et que les familles soient confrontées à une foule d’obstacles pour que les institutions judiciaires acceptent de traiter les problèmes avec l’impartialité nécessaire ?
Nous sommes ici, je l’ai dit, pour soutenir la famille Ajimi, dans sa douleur, dans sa quête de vérité : Pourquoi Abdelhakim est mort en mais 2008 ? , nous sommes ici pour demander qu’en aucun cas l’impunité ne prime sur la vérité, le droit à voir punir les auteurs de violences ayant causé la mort d’un homme et ce, quels qu’en soient les auteurs.
Pour terminer, je dirais que nous sommes à la veille des élections présidentielle et législatives de 2012, aussi Amnesty International rappelle que les droits humains ne doivent pas être sacrifiés sur l’autel de la sécurité. La France doit respecter ses engagements internationaux en prenant des mesures pour empêcher que des actes de torture et de traitements cruels, inhumains ou dégradants soient commis sur son territoire.
En novembre 2011, Amnesty International s’est adressé au ministère de l’Intérieur pour lui demander d’interdire l’utilisation de méthodes de contrainte dangereuses et d’élaborer des protocoles et des lignes de conduite sur le recours approprié à la force et aux méthodes de contrainte conformes aux normes internationales relatives aux droits humains.
Enfin, dans les cas de mort en garde à vue et au cours d’interpellation, les familles des personnes décédées aux mains de la police pouvant être considérées comme des victimes elles-mêmes doivent pouvoir bénéficier d’un recours et d’une réparation pleine et effective conformément au droit international. Je vous remercie.
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