Pourquoi nous manifesterons contre le G20 de Cannes (Collectif de militants du MRAP)
31 Octobre 2011 , Rédigé par Collectif de militants du MRAP Publié dans #Questions internationales, #MRAP expressions plurielles
Le G20 va se tenir ces 3 et 4 novembre à Cannes dans un contexte particulier :
- En pleine crise qui remet en cause les fondements mêmes de l’économie capitaliste mondiale caractérisée depuis des décennies par une financiarisation à outrance,
- En pleine contestation qui, de Grèce en Italie, jusqu’à New York se développe et voit toujours plus de citoyens s’opposer aux diktats des banques et aux choix politiques des gouvernants qui se résument à faire payer la crise du système bancaire essentiellement par les classes populaires, au travers de plans d’austérité toujours plus sévères,
- En pleine mutation d’un monde arabe que l’on disait immuable et alors même que les « révolutions » cherchent un second souffle. Alors que les processus démocratiques en cours sont pour partie dépendants de facteurs économiques internes mais aussi et surtout externes, à ce stade, les intérêts économiques des pays les plus riches du monde cherchent à remettre en cause les acquis politiques et à favoriser le retour à des systèmes de pouvoir et de gestion autoritaires et répressifs.
Quelque peu oublié, le retour de la famine dans la Corne de l’Afrique montre de façon caricaturale le rôle néfaste d’un système économique qui ne se définit pas seulement par la seule spéculation purement boursière, mais également par la spéculation tout aussi criminelle sur le cours des matières de première nécessité, notamment sur la nourriture. Le prix du blé ayant été multiplié par 3 en Afrique, ce qui n’est pas sans conséquence sur l’accentuation et l’exacerbation de conflits latents ou déclarés ou la montée en puissance de mouvements se réclamant d’un fondamentalisme n’offrant aucun débouché sérieux, capable de répondre aux besoins essentiels des populations.
Alors que le pouvoir est aux mains d’une oligarchie financière, politique et idéologique – pouvoir exercé au travers d’institutions internationales comme le FMI ou la Banque Mondiale qui n’ont aucune représentativité démocratique,
Alors que les décisions prises par ces institutions sont imposées aux pays et engagent les populations directement concernées (plans d’austérité, de rigueur, privatisations, démantèlement des politiques sociales de santé et d’éducation …), on ne peut que rejoindre l’affirmation de Joseph Stiglitz, prix Nobel d’économie, selon laquelle il y a trop de règles contre la démocratie, pas assez contre Wall Street.
Aujourd’hui, s’il est temps de rappeler aux participants du G20 que la dette est une création des banques et que ce n’est pas aux peuples de la payer ; il est également nécessaire de rappeler que
- lorsqu’il est question d’austérité, ce sont ceux qui souffrent le plus qui paient la facture d’une gestion toute dirigée vers le profit maximum des banques et des spéculateurs et que le développement des inégalités sape de façon irrémédiable les valeurs démocratiques et les fondements mêmes du vivre ensemble,
- c’est sur la perte de solidarité, au niveau général, occasionnée par l’accroissement vertigineux des inégalités que les populismes et les extrémismes prennent racine.
Une autre manifestation inquiétante de ce délitement social causé par une gestion qui ne cherche que le profit à tout prix est l'instrumentalisation par les gouvernements de prétendues identités nationales et d’un racisme officiel qui, sous un habillage aujourd'hui plus culturaliste, décrète une incompatibilité de minorités et de certains peuples avec un universalisme dont les pays riches du Nord se déclarent les détenteurs"
Si au niveau international, la place octroyée à chaque pays dans l’ordre économique dominant et la guerre économique de tous contre tous ne peuvent que générer des manifestations d’hostilité entre pays qui sont mis en concurrence, au niveau national, ce sont les immigrés, éternels boucs émissaires, qui continuent, quelle que soit leur situation administrative au regard du séjour, à être rendus responsables des dysfonctionnements économiques et sociaux de notre société.
Parce que ce système économique porte atteinte à la dignité de l’homme et à la citoyenneté la plus élémentaire,
- parce qu’il favorise les régressions démocratiques et sociales,
- parce que ce système alimente le racisme,
il ne peut que susciter notre opposition la plus résolue. Il justifie pleinement notre place d’organisation de défense des droits de l’homme et de lutte contre le racisme dans la mobilisation contre le G20, aux côtés des mobilisations mettant l’accent sur des exigences à caractère économique que nous partageons par ailleurs sans réserve.
Les peuples d’abord, pas la finance est une exigence également nôtre.
Néanmoins, alors que la refonte des institutions est un impératif qui s’impose, et en relation directe avec cette exigence qui ne peut se satisfaire de réformes à la marge du système, il est nécessaire de prendre sérieusement en compte des revendications certes anciennes mais sur lesquelles il est impossible de faire l'impasse sans remettre en cause la possibilité même de changer de façon radicale l’ordre économique aujourd’hui dominant :
- l’annulation de la « dette » du Tiers Monde reste ainsi une priorité d’autant plus forte lorsqu’il s’agit de dettes illégitimes,
- la nécessité de construire des ponts, pas des murs –et la mise en place d’une politique migratoire entre l’UE et les pays du Sud- doit être la préfiguration à une liberté de circulation que les gouvernements des pays riches, avides de préserver les intérêts de leurs classes possédantes, ne peuvent plus longtemps différer. Considérer l’immigration comme une variable d’ajustement ne peut être toléré.
- La reconnaissance pour les immigrés, quel que soit leur pays d’origine et d’installation, de droits sociaux, politiques et syndicaux égaux à ceux des « nationaux » est une mesure qui doit mettre fin à des situations intolérables d’injustice, voire d’esclavage moderne comme c’est le cas jusqu’à l’extrême dans les monarchies pétrolières du Golfe.
- Enfin, les pressions pouvant aller jusqu’aux interventions militaires, pour les plus récalcitrants à l'ordre économique mondial actuel, se doivent d’être mises en échec.
Vingt pays les plus riches ne peuvent décider au nom d’une prétendue « communauté internationale », d’autant que leurs décisions vont peser de façon irrémédiable sur l’avenir des peuples. Il y a urgence à combattre ce système en vigueur et à mettre en place des solutions plus justes et plus respectueuses de tous.
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