«Pour beaucoup, l'islamophobie est devenu un racisme acceptable»
22 Septembre 2013 , Rédigé par Repères anti-racistes Publié dans #Islamophobie
INTERVIEW
Les sociologues Marwan Mohammed et Abdellali Hajjat publient à La Découverte l'ouvrage Islamophobie, Comment les élites françaises fabriquent le «problème musulman». Interview.
Qu’est ce que l’islamophobie ?
Abdellali Hajjat. Au départ, c’est une expérience sociale, c’est une expérience vécue directement par des présumés musulmans. Pas seulement des actes ouvertement islamophobes, mais le fait d’être ramené à son statut de présumé musulman. Aujourd’hui, même si vous êtes une jeune fille française, élevée en France et dans certains lieux, certains métiers vont vous être interdits. C’est une forme d’altérisation religieuse, où l’on va considérer que les discours ou les comportements d’un individu sont déterminés par son appartenance religieuse. Ce sont aussi des discours hostiles aux musulmans en tant que groupe. Avec, derrière, la question de la légitimité de leur présence sur le territoire. C’est la même question qui se posait pour les Juifs. Les discours antisémites du XIXème et XXème avaient pour enjeu la légitimité de leur présence sur le territoire. Il y a une logique analogue pour les musulmans qui sont également considérés comme étrangers
Comment ce mot d’islamophobie est-il devenu un enjeu politique au point que beaucoup, le ministre de l'Intérieur par exemple, refusent de l'employer?
Marwan Mohammed. C’est l’émergence de cette notion en 2003 qui a amené la journaliste Caroline Fourest ou Pascal Bruckner à s’y opposer, en expliquant que le terme d’islamophobie serait une arme utilisée par les intégristes iraniens pour interdire le blasphème et la critique de l’islam. A partir de ce moment là, ce terme qui visait pourtant à décrire les discours et pratiques hostiles aux musulmans est devenu problématique. En réalité, le terme islamophobie n’a jamais été inventé par les mollahs iraniens comme le prétendait Caroline Fourest. Il n’existe pas en persan, on doit son origine à des administrateurs coloniaux français du début du XXème siècle. Mais cette critique initiale a été prescriptrice, en obligeant les élites politiques à se positionner à son égard. Qui prendrait le risque de légitimer les stratégies intégristes? Or, ce déni du terme d’islamophobie a durant longtemps laissé dans l’ombre l’expérience de l’islamophobie. Et ceux qui la subissent le vivent très mal.
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