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Repères contre le racisme, pour la diversité et la solidarité internationale

Paroles de Palestine 1999 : Les prisonniers

29 Janvier 2011 , Rédigé par Repères anti-racistes Publié dans #Palestine Prisonniers

Paroles de Palestine 1999 : Dossier complet

Ahmed Sublaban, Directeur du Club des prisonniers politiques de Jérusalem et Jihad Abu Zneil

prisonniers-politiques-palestiniens2.jpg3 600 personnes sont en prison. Arrêtées au cours de manifestations ou après un attentat, mais aussi pour avoir protesté contre la confiscation de leur terre, ou pour la défense de leurs droits, certaines l'ont été aussi pour appartenance à une organisation politique, si bien que l'on retrouve en prison des membres de tous les partis : Hamas, Fath, Front populaire, communistes... Après l'arrestation, l'interrogatoire – pendant lequel la torture est fréquente – peut durer jusqu'à six mois, avant le passage devant une cour militaire. Les conditions de détention sont très dures, particulièrement pour ceux qui ont, comme disent les Israéliens, du « sang dans leur dossier ». Certains prisonniers sont restés jusqu'à sept ans en isolement. Le monde parle de Mandela comme d'un personnage de légende, pourtant qui sait que nous avons quinze prisonniers qui sont restés plus de vingt-sept ans en prison, plus que Mandela ? Et que parmi les plus anciens prisonniers du monde, figurent huit Palestiniens ? Des prisonniers sont très âgés ou gravement malades, mais Israël refuse de les libérer malgré les accords.

Grâce aux luttes menées par les prisonniers, les conditions de détention se sont légèrement améliorées. De 68 à 72, ils étaient traités comme des droits communs, des criminels et obligés de travailler, souvent au service de l'occupant, leur oppresseur : confection d'uniformes pour l'armée, entretien et réparation du matériel militaire, mise en place de barbelés... En 72, la première grande grève a éclaté : les prisonniers ont refusé le travail qu'on leur imposait. En 82, il y a eu 71 victimes au cours de la plus grande grève de la faim dans les trois principales prisons.

Malheureusement, le problème des prisonniers ne fait guère l'actualité des médias à l'étranger. Amnesty International se préoccupe plus des prisonniers palestiniens des prisons palestiniennes que de ceux, bien plus nombreux, détenus dans les prisons israéliennes : soixante prisonniers du Fath sont encore en isolement depuis une date antérieure aux accords d'Oslo. Nous avons le soutien en Israël d'organisations comme « La Paix maintenant » qui nous aident dans des cas spécifiques, qui demandent la libération des prisonniers, mais le gouvernement israélien demeure intransigeant. L'époque de Nétanyahou a été la pire pour les détenus, quand ils ont vu ce qu'était l'application réelle des accords de paix, ils se sont dit qu'ils allaient rester en prison toute leur vie. Après les accords de Wye Plantation, seuls 250 prisonniers ont été libérés, sur les 750 qui devaient l'être, et encore s'est-il agi de droits communs. On se moque de nous. Nous demandons à l'Autorité palestinienne d'être ferme dans les négociations concernant ce dossier.

Et puis, il y a le cas particulier des prisonniers de Jérusalem, problème que les Israéliens veulent aborder uniquement lors des négociations sur la question de Jérusalem, dans le cadre du statut final. La situation des anciens prisonniers, une fois libérés, reste très dure. Quand on voit les Israéliens qui refusent, malgré les accords, de libérer les prisonniers, quand on voit des personnes ayant lutté et passé de longues années en prison se retrouver à la rue, quel peut être mon sentiment sur le processus de paix'? On aimerait vivre en paix, mais si la situation perdure telle qu'elle est, personne ne peut garantir ce qui pourra arriver.

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