Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Repères contre le racisme, pour la diversité et la solidarité internationale

Paroles de Palestine 1999 : Les colonies

18 Janvier 2011 , Rédigé par Repères anti-racistes Publié dans #Palestine Colonisation occupation

Paroles de Palestine 1999 : Dossier complet

Khalil Tufakji

Directeur du département des cartes, maison de l'Orient

coloniesLorsque l'on parle de « colonies », il faut d'abord définir à quoi on fait référence : colonies urbaines, agricoles, industrielles, militaires ou idéologiques (religieuses), même si on ne peut pas toujours les distinguer. Ensuite, savoir exactement ce que l'on prend en compte : si on parle de superficie par exemple, pour la colonie de Male Adumim, près de Jérusalem, la zone construite est de 7 km², alors que le schéma directeur s'étend pour l'instant sur 35 km².

Quatre facteurs principaux ont présidé à leur création :

– Un facteur national religieux : la Palestine étant considérée comme la terre promise, des colonies « idéologiques » telles que Shilo ou Kiriat Arba à Hébron sont établies suivant la Bible.

– Un facteur de sécurité : pour former des lignes de défense et de sécurité.

– Des facteurs politiques : en construisant un réseau de colonies, Israël renforce son autorité sur la terre. En outre, leur existence constitue une carte importante dans les négociations et dans la définition des frontières permanentes d'Israël (1).

– Des facteurs économiques : Kibboutzim, Moshav ovdim (coopératives agricoles de petits paysans représentant le tiers de la production agricole) et zones industrielles contribuent à l'économie israélienne, d'autant qu'ils profitent d'une main d'œuvre bon marché en Cisjordanie et à Gaza (2).

Si, par exemple, l'essentiel des colonies de la vallée du Jourdain et quelques colonies autour de Jérusalem sont agricoles, dans l'arrière-pays de Tel-Aviv la plupart des colonies constituent de véritables villes à l'intérieur de la Cisjordanie. Quand un logement à Tel Aviv coûte 500 000 dollars, il n'en coûte que 150 000 en Cisjordanie, près de la ligne verte, à 15 mn de votre travail en Israël. Si 30 % des gens habitent les colonies par idéal religieux, 70 % le font pour des raisons économiques.

Connaître la superficie exacte des terres confisquées présente aussi des difficultés. Et même si elles sont classées en cinq catégories, entre les terres d'État, les terres des « absents » (3), les terrains pour manœuvres militaires, les réserves naturelles, zones vertes ou parcs, et finalement ce qui est appelé zones non reconnues, qui ne rentrent pas dans les catégories précédentes (mais que les Israéliens contrôlent), il existe des chevauchements qui rendent difficiles une estimation précise. Dans une même zone, il peut y avoir par exemple une réserve naturelle et des biens des « absents ».

La plus grande partie de la terre qui a été confisquée l'a été sous les différents gouvernements travaillistes, et ils ont également établi la plupart des implantations en Cisjordanie (4). Aujourd'hui, il n'y a pas de différence entre les gouvernements Barak et Nétanyahou. Le Likoud annonçait franchement, nous voulons prendre ces terres, et construire des milliers de logements. Le Labour, lui, dit d'accord, nous voulons la paix, mais quand vous allez sur le terrain, vous découvrez de nouveaux chantiers, de nouvelles implantations (5). Et là, je ne parle pas en politique, je parle en technicien, de faits, de choses que l'on peut constater quotidiennement. Les travaillistes se refusent même à démanteler une implantation « ouverte » au nord-est de Ramallah durant la période transitoire de 45 jours entre les gouvernements Nétanyahou et Barak, au prétexte qu'elle a été construite sous le Likoud.

Des solutions.

Concernant les implantations, les Israéliens veulent annexer (selon certains scénarios) 11% de terre, ce que nous refusons. Nous, nous voulons retourner aux frontières de 67. Nous avons des propositions –qui s'appuient sur les résolutions des Nations unies concernant les colonies établies sur les terres occupées – qui offriraient des garanties aux colons. Ils pourraient vivre sous l'Autorité palestinienne, et cependant voter à la Knesset, ou bien ils deviendraient des juifs palestiniens vivant en Palestine, comme en France il y a des juifs français. Des arrangements sont possibles, les Palestiniens ont encore de nombreux biens, des terres, des maisons à l'intérieur d'Israël, cela peut faire l'objet de négociations, d'échanges, etc.

D'autres solutions, prenant en compte les investissements réalisés par les Israéliens dans les colonies, sont envisageables, on pourrait alors imaginer par exemple, une période de location de 25 ans, et ensuite les biens reviendraient aux Palestiniens. D'ailleurs, selon la loi jordanienne, qui s'appliquait à la Cisjordanie avant 67, une maison construite sur de la terre palestinienne revient au propriétaire de la terre.

1 12,1 % des logements en colonies sont vides

2 5 000 colons vivent dans la bande de Gaza et occupent 40 % du territoire, plus d'un million de Palestiniens (dont près de 800 000 réfugiés) survivent dans les 60 % restants

Pour moins de 30 000 personnes, sa superficie est déjà de 35 km' (un tiers de celle de Paris)

3 Dès 1948, les Israéliens déclarent « absents » les propriétaires palestiniens réfugiés dans les pays arabes voisins

4 Même après la signature des accords d'Oslo, entre septembre 1993 et mai 1996 (sous le gouvernement travailliste), le nombre de colons en Cisjordanie (mis à part Jérusalem) est passé de 100 000 à 145 000

5 Le démantèlement des colonies n'est toujours pas à l'ordre du jour, la construction de 13 000 logements se poursuit et durant les 3 premiers mois du gouvernement Barak, on a autorisé la réalisation de 2 600 logements en Cisjordanie, la plupart d'entre eux dans la région de Jérusalem.

Partager cet article

Commenter cet article