Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Repères contre le racisme, pour la diversité et la solidarité internationale

Paroles de Palestine 1999 : Coordonner et développer

21 Janvier 2011 , Rédigé par Repères anti-racistes Publié dans #Palestine Mouvement national

Paroles de Palestine 1999 : Dossier complet

Docteur Fathi Darwish

Directeur du ministère des Organisations non gouvernementales

pngo1.jpg
The Palestinian Non-governmental Organizations Network (PNGO)

Tout récemment, en juillet 1999, a été créé un ministère des organisations non gouvernementales. Voilà qui peut paraître paradoxal, mais pendant plus de trente ans, tous les partis politiques étant totalement interdits, les ONG et toutes les autres composantes de la société civile avaient pour objectif d'aider les Palestiniens à résister à l'occupant, à se maintenir sur place et à sauvegarder leurs terres. Elles jouaient deux rôles : un rôle politique, en remplaçant les partis interdits, un rôle social, au service de la population.

Une nouvelle orientation . Après les accords d'Oslo et la mise en place de l'Autorité palestinienne, le rôle des ONG a commencé à changer : les fonctions politiques sont revenus légitimement aux dix-sept partis qui existent légalement sur le territoire. Cela ne veut pas dire que le rôle des ONG est politiquement terminé : dans le cadre de la politique nationale, elles ont, par exemple, le rôle de résister à l'occupant israélien, en particulier à Jérusalem où selon les accords d'Oslo, l'Autorité palestinienne ne peut mener un travail politique au grand jour, mais également dans les zones encore occupées sous administration commune (zone B), et surtout en zone C toujours sous contrôle militaire israélien. Là, il y a quotidiennement de nombreuses violations, en particulier concernant les confiscations de terres.

Néanmoins nous avons estimé que la création d'un ministère s'occupant principalement de la coordination et de la coopération entre le gouvernement, c'est-à-dire les différents ministères, et les quelque 1 800 ONG (dont 200 sont internationales), revêtait une grande importance : la coordination des projets concrets permet d'éviter des investissements contradictoires ou la perte de temps et d'argent, résultant de la « duplication » du travail. Ce mode de fonctionnement se retrouve tant au ministère de l'Agriculture qu'au ministère de la Santé où, depuis deux ans, a été élaboré un plan national, les ONG travaillant sur leur propre programme et conservant leur pleine indépendance (1). Les ONG internationales, quant à elles, fonctionnent pour l'instant sans coordination avec le gouvernement. Elles ont leurs projets, leur politique propre, leurs partenaires locaux auxquels elles demandent de définir leurs besoins, mais nous comptons dans l'avenir discuter avec elles des priorités de la société palestinienne, de nos besoins réels à partir de ce que l'on a appelé l'année dernière, le plan national de développement.

Vers le développement. Si du temps de l'Intifada, la plupart des ONG internationales orientaient leur aide et leurs projets pour répondre à des cas d'urgence, aujourd'hui, la situation a changé : il s'agit de passer à une politique de développement (même s'il subsiste encore des cas d'urgence, comme cette année, la situation créée par la sécheresse). Certaines ONG internationales ont d'ailleurs pris en compte ce changement et l'aide internationale tient compte de nos demandes, de notre plan. Malheureusement le volume de l'aide est en recul, alors que nous sommes dans une situation économique catastrophique : les Israéliens contrôlent les frontières avec la Jordanie, l'Égypte et même l'aéroport de Gaza, ils bloquent toutes les

démarches avec les pays européens et même arabes ; ils essaient d'empêcher par tous les moyens le développement commercial palestinien (on n'a pas le droit de faire directement de l' import-export, sans compter le contrôle israélien des routes en Cisjordanie même).

Pour un soutien politique. Avec les Européens, nous avons une histoire commune, un intérêt, un avenir communs. D'ailleurs, l'aide provient avant tout de l'Europe et pas du tout de l'Amérique comme le croient certains. A ce propos, je n'irai pas jusqu'à dire que les Américains donnent aux Européens l'ordre formel de nous aider économiquement et qu'ils refusent que ces mêmes Européens nous apportent un soutien politique, mais c'est bien là la ligne américaine. Elle est bien claire, et à mon avis, c'est une catastrophe. Les gouvernement et les peuples européens doivent lutter pour être présents sur la scène politique palestinienne et méditerranéenne. Vivre dans un monde dominé par un maître tout puissant, ça ne marche pas. +

1 Des ONG ont contesté ce ministère lors de sa création craignant une tutelle trop forte de l'Autorité palestinienne. Le débat portait également sur le contrôle des fonds versés aux ONG par la communauté internationale

Partager cet article

Commenter cet article