Libye : Retour sur nos articles antérieurs (Collectif de militants du MRAP).
Les déclarations du président du CNT, les massacres commis par ce dernier, montrent que la situation en Libye ne pouvait pas être analysée de manière manichéenne : les "bons insurgés" contre le "méchant colonel". Méchant colonel, cela va sans dire, "bons insurgés", c'est de moins en moins vraisemblable et ce n'était déjà pas vraisemblable dès le début.
Ce sont ceux qui n'ont voulu voir que les tares de Kadhafi sans voir celles du CNT à qui l'on peut reprocher une vision borgne du monde.
Rappel des articles que nous avons publié :
29 juillet 2011 :
Pays arabes : des peuples en mouvement... des processus en cours (Pierre Barbancey)
P.B. : On a refusé en France, tout débat politique sur ce qui se passait réellement en Libye. On nous a vendu l’intervention militaire de la coalition dans un premier temps, puis de l’OTAN dans un second temps, en prenant prétexte d’un génocide ou d’un massacre en train de se perpétrer et qui allait se développer. Je suis allé en Libye, à Benghazi pour l’Humanité. La réalité est tout autre. Sans nier la répression qui a (eu) lieu, la réalité est qu’il n’y a pas eu les massacres annoncés. Au début des manifestations, un représentant libyen anti-Kadhafi a annoncé à Paris qu’il y avait eu 2 000 morts à Benghazi et dans les villes de l’Est de la Cyrénaïque et 6 000 sur l’ensemble du territoire. Au même moment, à Benghazi même, les médecins dans les hôpitaux chiffraient le nombre des morts à 250 ; même si ce sont 250 de trop.
Reste à savoir pourquoi la France et à sa suite l’OTAN ont voulu intervenir de cette manière-là en Libye, pourquoi elles laissent faire ailleurs mais surtout quels sont les plans qui sont à l’œuvre.
En dehors du fait que Sarkozy a voulu d’abord faire un coup médiatique à usage intérieur, tentant de se faire passer pour un grand chef militaire et redorer ainsi son blason, il est évident également que la France et les pays européens ont voulu changer de garde-côtes.
(..)
Une autre raison reste évidemment le pétrole :..
3 juillet 2011
Fallait-il reconnaître le CNT libyen ? (Christopher Caldwell)
C’est pourquoi l’insistance avec laquelle Bernard-Henri Lévy aurait réclamé à Sarkozy que certaines rencontres avec le CNT soient tenues secrètes, et qu’une partie du cabinet de Sarkozy (et notamment Juppé) et les alliés de la France (l’Allemagne, entre autres) ne soient pas informés de certaines modalités est des plus suspectes. Voilà un homme riche qui assure au reste du monde que la Libye compte d’innombrables démocrates, mais qui agit ensuite en secret pour s’assurer que le contrôle des milliards du pétrole libyen revienne bien à la poignée de démocrates qu’il connaît personnellement. C’est hélas le genre de démocratie qui fait le lit des dictateurs. Un héritage qui sied mieux à la célébrité tapageuse de BHL qu’au philosophe de combat Bernard-Henri Lévy.
1er juillet 2011
La curieuse opposition libyenne (François Bonnet sur Mediapart)
International Crisis Group a mené une longue enquête sur ce conseil, dont une partie des 33 membres demeurent d'ailleurs encore inconnus (pour des raisons de sécurité, officiellement). On y trouve, outre des démocrates liés à des mouvements d'opposition en exil ou à des associations internationales de défense des droits de l'homme, quelques hauts dignitaires du régime Kadhafi ayant fait défection à partir de février.
Ainsi du président du conseil national de transition, Mustapha Abdul Jalil. Proche du fils Kadhafi, Saif al-Islam, il est surtout connu pour avoir été le juge qui a confirmé, à deux reprises, la condamnation à la peine de mort des infirmières bulgares. Nommé ministre de la justice en 2007, il a fait défection le 21 février. Mahmoud Jibril, aujourd'hui en charge de l'équivalent du gouvernement provisoire du Conseil, était lui aussi un proche du fils Kadhafi promu en 2007 mais considéré, il est vrai, comme un « réformiste ».
Pas franchement « réformiste », on retrouve également dans ce conseil Abdul Fatah Younis al-Obeidi, vieux compagnon de Kadhafi et créateur de ses forces spéciales ainsi qu'ancien ministre de l'intérieur. C'est lui qui a pris le commandement des forces rebelles. Que faut-il penser de ce conseil de transition? International Crisis Group note son caractère transitoire et la présence de « technocrates » qui, « sur le tard, pour beaucoup d'entre eux, se sont fait les avocats de réformes ».
Pour le CF2R, beaucoup plus critique, «le CNT est une coalition disparate aux intérêts divergents. Les véritables démocrates n'y sont qu'une minorité, quasiment otages des tenants d'un retour à la monarchie ou de l'instauration d'un islam radical et de nouveaux convertis de l'ancien régime (...) Le CNT n'offre en conséquence aucune garantie. La Libye est le seul pays du “printemps arabe” dans lequel la guerre civile est installée – avec un risque réel de partition – et où le risque islamiste s'accroît».
30 juin 2011
Libye : les raisons inavouables d’une intervention (militants du MRAP)
L’argument mis en avant –la lutte contre les agissements meurtriers d’un dictateur -s’est doublé dès le début par celui d’un soutien à une opposition libyenne bien discrète jusque là et dont les contours, la composition et le projet politique restent encore aujourd’hui bien imprécis. Ainsi personne ne sait ce que représente réellement le CNT si ce n’est qu’à sa tête se trouvent d’anciens ministres de Kadhafi, dont celui de la Justice qui occupait le poste de Président de la Cour d’Appel de Libye lorsque la peine de mort contre les infirmières bulgares et le médecin palestinien a été ratifiée.
(..)
Si la Libye a pu, à la fin de la décennie 80, être présentée comme un régime terroriste par les Etats-Unis et les gouvernements occidentaux –attentats de Lockerbie et contre l’avion d’UTA aidant- depuis quelques années, le gouvernement Kadhafi ne fait planer plus aucune menace jusqu’à devenir l’un des atouts maîtres des pays riches de la rive nord de la Méditerranée dans leur lutte contre l’immigration « clandestine ». Le rôle joué par la Libye dans le refoulement et l’enfermement d’immigrés sub-sahariens à destination de l’Europe et pour lequel elle reçoit de l’argent de l’UE ne peut être ignoré.
Les liens avec le Président du Conseil italien Silvio Berlusconi comme la réception officielle de Kadhafi par le président Sarkozy en décembre 2007 attestent du réchauffement des relations avec la Libye, en sorte que l’intervention ne peut avoir pour raison la lutte contre une quelconque menace venant du régime de Tripoli.
Lybie : écrivez à votre député !
23 mars 2011
Une intervention pour protéger les populations ou pour défendre les intérêts pétroliers de Total et de BP ? (Nicole Borvo, PCF)
Pouvez-vous nous donner des éléments sur le Conseil national de transition ? Quels rôles y jouent les anciens dirigeants kadhafistes ? La coordination est-elle réelle entre les démocrates de Benghazi et les forces armées qui combattent le régime libyen en ce moment même ? L’objectif n°1 affiché en premier point de la résolution 1973 est le cessez le feu.
Lybie : intervention de Roland Muzeau (PCF) à l'Assemblée Nationale.
Et qui annonce que la France reconnait le gouvernement d’opposition Libyen ? Monsieur Bernard Henri Levy et le Conseil transitoire Libyen au moment même où notre ministre des affaires étrangères négociait une position commune avec nos partenaires européens ! Comment peut-on espérer que l’on prenne au sérieux notre politique étrangère ! On peut dès lors se demander si cette reconnaissance a été envisagée comme il se devait ! En effet, la seule chose que nous savons avec certitude de ce Conseil transitoire libyen c’est que son président est un ancien ministre de la Justice de Kadhafi, que son chef d’Etat major est un ancien ministre de l’Intérieur et que d’autres préfèrent conserver l’anonymat. N’était-il pas nécessaire là encore que notre pays prenne plus de précaution ou, en tout cas, qu’il ne décide pas à la place du peuple Libyen qui est en capacité de le représenter ?
La guerre en Libye, l’occupation militaire étrangère au Bahrein et l’anéantissement des révolutions arabes : Pas en mon nom !
Je voudrais le dire franchement aux amis libyens sincères dans leurs aspirations à la liberté : nous condamnons inconditionnellement les massacres des populations en Libye par Kadhafi et son régime. Mais je suis outré par les slogans "One, two, three, Viva Sarkozy" clamés à Benghazi, et par l’association du Conseil National de transition avec le va-t-en-guerre Bernard Henri Lévy. Amis libyens, je voudrais aussi vous entendre condamner clairement les exactions racistes et les menaces à grande échelle à l’encontre des migrants noirs africains, égyptiens et autres, qui composent 1/4 de la population du pays. Je voudrais vous voir soutenir l’ensemble des peuples en lutte, à commencer par ceux du Bahreïn et du Yémen, aujourd’hui victimes d’une répression terrible menée avec la complicité directe de ceux qui prétendent par ailleurs vous venir en aide.
Commenter cet article