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Repères contre le racisme, pour la diversité et la solidarité internationale

Les « Blancs », le racisme « anti-blanc », les « Indigènes de la République » .. et le MRAP.(3).

8 Décembre 2012 , Rédigé par Repères anti-racistes Publié dans #"Racisme anti-blanc"

Une première version partielle de cette étude avait été publiée en juillet 2011. Une nouvelle, remaniée après le congrès du MRAP, en avril 2012. Cette dernière n'est plus en ligne à son emplacement d'origine. La remise en ligne actuelle sur "Repères" ne tient pas compte des récents développements du débat (tribunes publiées sur Rue 89, le Monde, etc..).

Les analyses développées dans cette série d'articles sont celles personnelles et évolutives de l'auteur à un moment déterminé et ne doivent être considérées que comme une introduction au débat. FM


Faits et/ou idéologies racistes.

Dans la mesure du possible dans la suite de l'article, les termes « blancs » et « noirs », sans majuscule, seront employés pour définir des gens ayant une couleur de peau (les Arabes sont blancs, les Tamouls sont noirs), et ceux de « Blancs » et « Noirs », avec majuscule, pour désigner des groupes sociaux considérés comme homogènes dans le regard des autres.

Les faits.

Les faits sont de deux natures :

 

- les injures et violences, qui peuvent être le fait de toutes personnes, y compris de celles qui sont elles-mêmes victimes par ailleurs de ces injures et violences, contre toutes personnes qu'elles jugent extérieures au groupe. Un mouvement anti-raciste se doit de lutter contre ces injures et violences, en agissant de la même manière, notamment en matière de charge de la preuve, quels que soient les auteurs et les victimes. Sans oublier que les injures ne doivent pas être traitées de la même manière selon qu'elles sont le fait d'adultes responsables ou de mineurs.

 

- les discriminations, qui ne peuvent être le fait que de personnes qui possèdent un pouvoir ou d'institutions. Discriminer, c'est refuser un droit à des personnes en fonction de critères qui n'ont rien à voir avec les conditions d'obtention de droit. Refuser un bail à un locataire n'ayant pas d'emploi stable peut être moralement choquant, mais ce n'est pas une discrimination condamnable. Pour discriminer, il faut avoir un pouvoir et l'exercer : employeur, propriétaire, pouvoirs publics, etc..

 

Il peut donc y avoir en France des injures et violences racistes contre des « blancs » de la part de « non-blancs », mais les discriminations dans le même sens sont rarissimes, car propriétaires, employeurs, etc. sont très rarement des « non-blancs ». La situation serait évidemment différente dans une société dominée par des « non-blancs » et où sévirait le racisme1.

Les idéologies2

Ces faits sont le plus souvent justifiés par des préjugés, plus ou moins anciens, plus ou moins tenaces, parfois par la reproduction de conduites anciennes.

« Les XXX sont, au choix ou tout cela à la fois, paresseux, menteurs, voleurs, violeurs, tueurs, sournois, etc.. ».

Certaines formes de racisme sont en plus structurées sur des fondements idéologiques. On ne se contente pas de dire que les XXX ont tel défaut, mais on explique comment et pourquoi ils ont tel défaut : parce qu'ils sont XXX. Parfois, on leur dénie toute humanité, ou on la réduit à une humanité de seconde zone : « Untermenschen » dans les théories nazies.

L'antisémitisme moderne, qui succède au XIXème siècle à l'antijudaïsme chrétien, est un bon exemple de ce qu'est une idéologie raciste structurée, à coups de documents fabriqués3, de faits falsifiés, de contresens divers.

On ne se contente plus de reprocher aux juifs de ne pas reconnaître le Christ comme le Messie d'Israël4, ils sont accusés de vouloir dominer le monde, comme capitalistes ou comme révolutionnaires, etc..

De la même manière, l'islamophobie moderne n'a pas grand chose à voir avec le racisme anti-arabe. Pour au moins deux raisons :

- la « cible » est beaucoup plus large, puisque seuls 15 % des musulmans peuvent être rattachés à des degrés divers au monde arabe. Les théoriciens islamophobes le sont en connaissance de cause et ne confondent pas arabes et musulmans. Turcs, Iraniens, etc.. sont aussi leurs cibles, sans oublier les Européens convertis.

- les motifs du racisme ne sont plus les mêmes : le racisme anti-arabe leur imputait différents défauts se rapportant à des délits de droit commun, l'islamophobie leur reproche d'être porteurs d'un projet de domination mondiale, que l'on peut résumer par : « imposer la charia ». C'est une des nombreuses ressemblances entre l'antisémitisme et l'islamophobie.

Les idéologies du « péril jaune », notamment reprises dans certaines bandes dessinées, appuyées sur une théorisation du militarisme du Japon impérial, appartiennent à la même catégorie.

S'il est évident qu'il existe des comportements racistes contre les « Blancs », les chrétiens, les Français, existe-t-il des racismes structurés et théorisés contre ces catégories ?


1 Cas de certains pays d'Afrique noire, où le racisme anti-blanc est instrumentalisé par des gouvernements soucieux de faire oublier leurs échecs économiques.

2 Dans la suite de l'article, les termes de suprémacisme/suprémaciste seront parfois employés. Ces néologisme d'origine anglo-saxonne désigne les idéologies racistes qui prônent la suprématie d'un groupe sur l'autre, y compris par la violence.

3 Les fameux « Protocoles ».

4 Cet antijudaïsme chrétien, ô combien condamnable, ne doit pas être isolé de son contexte. Il est très dur d'être juif dans l'Occident chrétien médiéval, il est encore plus dur, voire impossible si on veut rester en vie, d'être musulman, cathare, vaudois. Plus tard, il sera impossible d'être chrétien réformé dans un État catholique ou inversement. Il s'agit donc plus d'une intolérance religieuse généralisée que d'un racisme spécifique.

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