Le mur d’annexion, instrument de destruction de la société palestinienne (Collectif de militants du MRAP)
14 Avril 2012 , Rédigé par Collectif de militants du MRAP Publié dans #Palestine Colonisation occupation, #MRAP expressions plurielles
10 ans après la décision du gouvernement israélien de construire le mur
Le mur d’annexion, instrument de destruction de la société palestinienne
Il y a tout juste dix ans, le 14 avril 2002, le gouvernement israélien d’Ariel Sharon approuvait officiellement la construction d’une « barrière de sécurité », en réalité un mur de séparation, ayant pour objectif déclaré de protéger la population israélienne en empêchant l’intrusion de terroristes palestiniens. Ce projet de mur s’inscrivait en partie dans une logique défendue dès les années 90 par les travaillistes qui étaient favorables à une séparation physique « entre les deux peuples ».
Un mur abusivement nommé barrière de sécurité.
Si l’un des objectifs de tout gouvernement est effectivement de protéger sa population – ce que reconnaît d’ailleurs le droit international- dans le cas présent, il est à noter que le 9 juillet 2004, la Cour internationale de Justice a déclaré le mur illégal et en a réclamé la destruction.
Une remarque s’impose : la sécurité d’Israël dépend avant tout de la volonté du gouvernement israélien de mettre un terme à la situation faite aux Palestiniens. Injustice, mépris, domination, dépossession, colonisation sont les facteurs sur lesquels le terrorisme se développe.
Commencé le 10 juin 2002, le mur n’est aujourd’hui réalisé qu’aux 2/3, cependant sa construction a d’ores et déjà provoqué le déracinement de centaines de milliers d’oliviers, la démolition de très nombreuses maisons, la destruction de canaux d’irrigation ; sans parler du paysage qui est complètement défiguré.
Long de 730 km alors qu’il est censé longer une frontière de 200 km …le tracé du mur obéit donc, comme on le voit, à des objectifs qui sont loin des raisons sécuritaires invoquées !
Si un de ses objectifs est d’englober les colonies juives suivant en cela un principe qui veut que pour ce qui concerne la Cisjordanie, l’État d’Israël s’étende là où se trouvent les juifs, la volonté de captation d’une partie du territoire palestinien explique également la longueur disproportionnée du mur par rapport à celle de la « frontière » de 1967. Ce ne sont pas moins de 8,5% du territoire palestinien et plus de 27 000 Palestiniens qui seront de la sorte englobés par le mur sans compter l’impact sur les ressources en eau.
Si par sa décision du 30 juin 2004, la Cour Suprême d’Israël a signalé une violation des droits des Palestiniens et exigé la redéfinition du tracé sur une trentaine de km, c’est la matérialité même de mur qui porte atteinte aux droits des Palestiniens.
A côté de ces considérations d’ordre territorial, le mur agit également comme instrument de contrôle de la vie des Palestiniens, une vie qui se trouve affectée par les difficultés de circulation accrue, la division physique des familles, la désorganisation de l’espace social, toutes entraves qui visent à rendre la vie impossible aux Palestiniens qui se retrouvent soumis à une logique d’enfermement dans l’impossibilité de se déplacer hors de Palestine, mais également à l’intérieur même de la Palestine.
Les considérations économiques ne sont pas à négliger, le mur rend toujours plus difficile voire impossible toute opportunité de travail des Palestiniens en Israël, pénalisant économiquement gravement nombre de familles palestiniennes dont les revenus dépendaient directement de l’emploi de l’un des membres de la famille en Israël. A cela s’ajoutent le morcellement des terres, la multiplication de situations ubuesques (comme celle de la séparation par le mur de villages et des terres lui appartenant) mais dont la logique est à rechercher dans la volonté israélienne de porter atteinte à la fragile économie palestinienne et de nuire au développement de toute économie palestinienne indépendante et non soumise à Israël.
Enfin au niveau politique, les difficultés à gérer un territoire fractionné, morcelé, sans continuité territoriale, dominé par la volonté de l’occupant rendent quasi impossibles une gestion et une administration en bonne et due forme des territoires palestiniens.
Ainsi loin d’être une clôture de sécurité telle que le prétendent abusivement les dirigeants israéliens, depuis dix ans nous sommes bien en présence tout à la fois d’un mur d’annexion, d’un mur de séparation ou d’apartheid qui, s’il enferme de façon intolérable et inhumaine les Palestiniens, enferme également les Israéliens et les conduit à se « refermer » dans une logique qui ne peut pas avoir d’issue.
Collectif de militants du MRAP
Samedi 14 avril 2012
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