Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Repères contre le racisme, pour la diversité et la solidarité internationale

Le MRAP Nice-Grasse demande l'interdiction d'un apéro identitaire

2 Mars 2011 , Rédigé par MRAP Nice-Grasse Publié dans #Initiatives locales, #Identitaires, #MRAP expressions plurielles

Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié
entre les Peuples.
MRAP

 

comité de NICE-GRASSE
13 rue Amiral de Grasse

06000 NICE

 

Monsieur le Préfet des Alpes-Maritimes

06286 NICE CEDEX 3.

 

Objet :

Interdiction d’un rassemblement « pocheta-rosé» rue de Suisse, le vendredi 04 Mars à 19h, à l’appel de Nissa rebela.

 

Monsieur,

 

    J’ai l’honneur de vous demander l’interdiction de ce rassemblement, tel qu’il est appelé, en ce lieu et en ce jour pour les raisons suivantes.

 

    Nous n’ignorons pas, pour en revendiquer l’application, que le droit de manifester est un droit fondamental dans une démocratie. Néanmoins, ce droit est étroitement encadré par la loi et le respect de l’ordre public. La forme, le lieu et l’heure de ce rassemblement nous font craindre un trouble grave à l’ordre public et à l’exercice d’une autre liberté fondamentale.

 

    En effet, ce rassemblement annonce clairement la consommation de boisson alcoolisée : vin rosé. Pourtant, l’arrêté municipal du 19/03/2010 d’alcool interdit la consommation sur la voie publique.

    Nous savons par triste expérience – l’agression contre deux étudiants étrangers après beuverie à NICE, à l’issue d’une réunion d’Unité Radicale – que les organisateurs de cette mouvance « identitaire » ont l’alcool mauvais et que la désinhibition de leurs pulsions agressives peut les mener à l’agression de passants qui leur semblent étrangers.

 

    Ce rassemblement est clairement destiné à s’opposer à la pratique de rites religieux collectifs dans l’espace public, devant le local de prières musulman de la rue de Suisse. Or, vous n’êtes pas sans savoir que tous les traités et conventions internationales, signés par la France, reconnaissent et garantissent ce droit et ses implications : Charte des droits fondamentaux, adoptée à NICE le 07/12/2000.  Article 10 : "Liberté de pensée, de conscience et de religion : Toute personne a droit à la liberté de pensée de conscience et de religion. Ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction, ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction individuellement ou collectivement, en public ou en privé, par le culte, l'enseignement, les pratiques et l'accomplissement des rites".

 

    Ce droit est aussi affirmé, quasiment dans les mêmes termes, dans l’Article 9 de la Convention européenne de sauvegarde des Droits de l’Homme et des Libertés fondamentales (01/06/10) et l’Article 18 de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme (ONU, 1948).

 

    Ce rassemblement vise donc à s’opposer à l’exercice pacifique d’une liberté fondamentale qui n’occasionne pas de trouble manifeste à l’ordre public et dont la force publique doit assurer la sécurité.

 

    Ce rassemblement, à la lecture du communiqué de Nissa rebela, vise clairement les adeptes d’une religion. Or, l’article 1, titre 1, de la loi 72-546 réprime « ceux qui auront provoqué à la discrimination, à la haine ou à la violence à l’égard (…) d’un groupe de personnes à raison de leur origine, de leur appartenance ou de leur non appartenance à une ethnie, une nation, une « race » ou une religion déterminée (…) »

 

    Autoriser ce rassemblement hostile, à proximité du local de prières musulman de la rue de Suisse, le jour de la grande prière, reviendrait à empêcher les pratiquants de ces rites religieux d'exercer une liberté fondamentale.

 

    Aussi, j’ai l’honneur de vous demander l’interdiction de cet apéro rosé pocheta, déclaré pour le 04/03/11 par Nissa rebela.

 

    Dans cette attente, je vous prie d ‘agréer, Monsieur le Préfet -garant des libertés publiques et de la liberté des cultes - , l’expression de notre attachement aux Droits de l’Homme.

 

    Le Président,

    Christian MASSON

 

P.S. :

Les associations et syndicats Agir contre le Racisme, France-Palestine Solidarité 06 et SUD Solidaires 06 apportent leur soutien à cette demande d’interdiction.

 

Également à cette adresse

 

COMMUNIQUE:
 
Le MRAP a fait parvenir (le 01/03/11) au Préfet des Alpes-Maritimes une demande d'interdiction de l'apéro rosé-porchetta organisé le Vendredi 04 Mars à 19h, rue de Suisse, par le groupe identitaire Nissa rebela. Cette demande a reçu l'appui de Agir contre le Racisme, Sud-Solidaires 06 et AFPS 06.
Nous nous opposons à l'instrumentalisation de la pratique de l'islam dans une campagne raciste et xénophobe. La campagne des élections cantonales donne l'occasion à des groupes politiques extrémistes d'offrir les musulmans comme "boucs émissaires" aux divers mécontents pour leur défoulement. Cette pratique est d'autant plus ignoble que beaucoup ne bénéficient pas de la "respectabilité" qu'accorde le droit de vote... 
La France est un Etat laïc qui garantit la liberté religieuse sans restriction autre que le respect de l'ordre public et des lois républicaines .
 
Contrairement à ce que le Député-Maire, Monsieur ESTROSI, a déclaré le 18/01/2011, lors d'une interview vidéo du Talk Orange Figaro, http://actu.orange.fr/le-talk/20110118/2693-interview-christian-estrosi.html (7mn22 précisément) pratiquer des rites religieux collectivement et publiquement est un DROIT inscrit dans la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, dont la France est signataire.
L'initiative de Nissa rebela, faisant suite à l'organisation de "Soupes au porc" et à une campagne contre la construction d'une mosquée à NICE, constitue une provocation vis à vis de croyants qui remplissent paisiblement  leurs obligations religieuses dans des conditions indignes mais qui leur sont imposées par l'insuffisance des lieux de culte dédiés.
La République française est un régime basé sur la TOLERANCE. L'utilisation des lieux publics relève de ce principe: ils doivent être partagés dans le respect des convictions de chacun. C'est ainsi que nul citoyen républicain ne doit s'offusquer de l'utilisation temporaire de l'espace public pour une procession, la célébration d'une fête religieuse ou une manifestation quelconque, même d'incroyance...
Les lieux consacrés au culte de Bacchus ne manquent pas à NICE, Nissa rebela a toute latitude pour y organiser ses libations plutôt que face à une célébration de rites religieux hebdomadaires.
Nissa rebela témoigne, une fois de plus, par cette provocation grossière, de son intolérance totalitaire et de son refus des valeurs républicaines.
Il faut accepter comme un fait que la France est un pays aux croyances diverses, dont la population est d'origines variées. C'est une richesse inestimable que la laïcité et nos lois anti discriminations permet de partager...
Ne laissons pas porter atteinte au "vivre ensemble" de notre France républicaine !
Le Président:
Christian MASSON

Partager cet article

Commenter cet article