Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Repères contre le racisme, pour la diversité et la solidarité internationale

L'enterrement d'un bébé Rom refusé à Champlan

3 Janvier 2015 , Rédigé par Repères anti-racistes Publié dans #Roms migrants, #Étrangers et immigrés

Sur décision de la mairie, le nourrisson, décédé il y a huit jours et dont les parents vivent au bidonville, ne pourra reposer au cimetière communal. Il sera inhumé lundi à Wissous.

Elle s'appelait Maria Francesca. Maria comme sa grand-mère, et Francesca comme la France, où elle est née et reposera, même si ce n'est pas dans la ville où elle aura vécu sa courte vie. La...

Lire sur Le Parisien (abonnés)

 

Lire sur L'Obs (accès libre)



Les obsèques de la petite Maria Francesca auront lieu lundi 5 janvier à 11 H à l'église St Paul de Massy, près de la place de France, puis aux environs de midi au cimetière de Wissous. 


Il arrive que l’actualité nous confronte à des tourments que l’on croyait révolus.. Oeuvre phare de la tragédie grecque , Antigone de Sophocle, a fait frémir des générations d’humanistes, en évoquant l’indicible : le refus de sépulture. Bien des siècles se sont écoulés mais….l’histoire bégaie avec une constance effarante

 

Ce mercredi 31 décembre 2014, M. Christian Leclerc, maire de Champlan (91) a refusé l'inhumation dans sa commune de la petite Maria Francesca, née le 14 octobre 2014. Victime à l’âge de 2 mois de ce que l'on appelle communément « la mort subite du nourrisson », le bébé était décédé entouré des siens sur le terrain de Champlan , le lendemain de Noël

Ses parents, ayant élu domicile dans cette petite commune depuis plus d'une année refusent d’être classés dans la catégorie des indigents. Une situation objectivement marginale qui aurait pu éventuellement expliquer le refus municipal. Non, ils souhaitent -en dépit de la précarité extrême qui les frappe- payer les obsèques et les frais d’inhumation.

Que le décès ait pu été officialisé dans un cadre hospitalier (il n'y a de service médico-légal à Champlan) n'est pas plus légitime pour expliquer ce refus (combien de malades, de nos jours, meurent encore à domicile ?). Les frais d'obsèques étant préalablement acquittés ainsi que le prix de la concession (15 ans), cela ne peut être donc qu’en considération de l'identité même de l'enfant, de sa personne, de qui elle est, que le maire a pu prendre sa décision.

Chacun jugera : Maria Francesca est née Rôm.

Le maire de Champlan, M. Christian Leclerc n'en est, malheureusement, pas à son coup d’essai: courant octobre 2014, il est déjà à l'origine d'une campagne de désinformation ayant pour cible certaines familles du terrain. Il n’a pas hésité, à alarmer la population sur des risques sanitaires encouru par la présence d’enfants roumain « contagieux » à l’école de la ville. Information fausse, que les services publics de santé et de l'Education nationale ont du démentir aussitôt afin de dissiper le trouble créé dans l'esprit des riverains et des parents d’élèves.

 

Si la motivation de tels agissements est des plus limpides, elle témoigne d'une perte de sens moral qui , selon nous, va bien au-delà du déshonneur. Car n’oublions pas que l'homme qui agit ainsi est un élu, détenteur d'une charge publique.

Quel rempart peut dès lors tempérer cette pulsion xénophobe lorsqu'elle se drape dans le voile de l'institution et n'a de cesse que d'insulter la dignité d'hommes et de femmes principalement occupés à préserver les conditions de leur propre survie ?

 

Loin du débat purement idéologique ou politique, c'est bien de l'offense aux valeurs sacrées de la personne humaine dont il est question, ici et maintenant.

Trouverons-nous chez ses pairs l'étincelle ou la présence d'esprit susceptible de rompre cette spirale régressive et profondément malsaine ?

Une telle question se doit désormais d'être ouvertement posée.

 

L’ASEFRR remercie tout particulièrement M. Richard Trinquier, maire de Wissous, pour l’accueil de Marie Francesca en sa commune.

Partager cet article

Commenter cet article