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Repères contre le racisme, pour la diversité et la solidarité internationale

Fallait-il reconnaître le CNT libyen ? (Christopher Caldwell)

3 Juillet 2011 , Rédigé par Revue de presse Publié dans #Libye, #Maghreb

Conclusion de cet article de Christopher Caldwell reproduit par Courrier International (Christopher Caldwell, 49 ans, est le rédacteur en chef du Weekly Standard, un hebdomadaire très prisé des milieux conservateurs à Washington. Il suit de près la vie politique française et collabore régulièrement au quotidien britannique Financial Times, ainsi qu’au New York Times Magazine.)

 

http://www.courrierinternational.com/files/imagecache/article/illustrations/article/2011/06/1078/1078-gable-A.jpg

 

Pas désintéressé

Lévy a surtout joué un grand rôle dans la manière dont la France s’est engagée dans la guerre. C’est apparemment lui qui a persuadé le gouvernement français que le CNT était représentatif de l’ensemble des rebelles libyens. La France a ensuite rapidement reconnu le CNT comme seul gouvernement légitime de la Libye, suivie par l’Italie et le Qatar. Ce n’était apparemment pas une sage décision. Un article de Natalie Nougayrède, dans Le Monde du 19 avril, montrait que les chefs de tribu en Libye ne reconnaissaient pas l’autorité du CNT et qu’ils ne voulaient pas que l’argent des avoirs libyens, gelés depuis mars, soit pour partie transféré à ces insurgés. Ces avoirs représentent des dizaines de milliards de dollars. Et ils reviendront à tout groupe qui sera déclaré gouvernement légitime en Libye. S’il n’y a aucune raison de croire que le CNT soit moins digne de confiance qu’un autre groupe d’insurgés, il faut tout de même reconnaître que, dans de telles circonstances, il a toutes les raisons de dissimuler son idéologie et ses véritables objectifs aux Occidentaux.

C’est pourquoi l’insistance avec la­quelle Bernard-Henri Lévy aurait réclamé à Sarkozy que certaines rencontres avec le CNT soient tenues secrètes, et qu’une partie du cabinet de Sarkozy (et notamment Juppé) et les alliés de la France (l’Allemagne, entre autres) ne soient pas informés de certaines modalités est des plus suspectes. Voilà un homme riche qui assure au reste du monde que la Libye compte d’innombrables démocrates, mais qui agit ensuite en secret pour s’assurer que le contrôle des milliards du pétrole libyen revienne bien à la poignée de démocrates qu’il connaît personnellement. C’est hélas le genre de démocratie qui fait le lit des dictateurs. Un héritage qui sied mieux à la célébrité tapageuse de BHL qu’au philosophe de combat Bernard-Henri Lévy.

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