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Repères contre le racisme, pour la diversité et la solidarité internationale

Extrême-droitisation : en finir avec le « politiquement incorrect », revenir à l’émancipation (Philippe Corcuff)

16 Décembre 2014 , Rédigé par Repères anti-racistes Publié dans #Extrême-droite

corcuff.jpgQuand l’aimantation du débat politique et idéologique par l’extrême droite se nourrit, entre autres, du goût transgressif du « politiquement incorrect », les gauches critiques et radicales apparaissent phagocytées de l’extérieur et de l’intérieur sans guère s’en apercevoir. Á propos du livre Les années 30 reviennent et la gauche est dans le brouillard...

Il y a aujourd’hui quelque chose de pourri au royaume dit « républicain » de France ! La triple lepénisation, soralisation et zemmourisation des esprits devient pesante. C’est ce dont j’ai voulu proposer une analyse globalisante dans mon livre Les années 30 reviennent et la gauche est dans le brouillard, en associant la consolidation d’un terrain culturel néoconservateur, la progression électorale du Front national et des brouillages diversifiés à gauche.

 

Automatismes de l’idéologie néoconservatrice à la française

 

Un néoconservatisme xénophobe, sexiste, homophobe et nationaliste déploie aujourd’hui ses évidences dans les espaces publics, à travers les médias, le marché éditorial et internet. On y distingue deux pôles aux larges intersections :

 

* un pôle antisémite, avec la figure du subversif de salon pour internet, à destination de jeunes gens fascinés par les canapés rouges, Alain Soral,

 

* et un pôle islamophobe et négrophobe, avec un faux rebelle comme un poisson dans l’eau dans l’establishment médiatique, à destination de retraités druckerisés, Eric Zemmour.

 

Une analyse des discours de Soral et de Zemmour permet de commencer à dessiner les traits transversaux principaux de la nouvelle idéologique conservatrice française par-delà la diversité réelle des points de vue et leurs contradictions :

 

* l’obsession de « l’identité », dans une mythologie voyant s’affronter des identités menaçantes (par exemple « musulmane » ou « juive » ou, plus globalement, « le multiculturalisme » ou « les communautarismes ») et une visée de restauration d’une identité nationale « pure et originelle » fantasmée ;

 

* l’opposition entre « le social » (du côté du « vrai peuple ») et le « sociétal » (du côté des « bobos » - dénomination incontrôlée et extensible à souhait : une institutrice défendant des enfants sans papiers au sein du Réseau d’éducation sans frontières peut être stigmatisée comme « bobo » et un patron de province peut parler au nom du « vrai peuple ») ;

 

* la purification du « vrai peuple » de ses éléments supposés allogènes, la liste variant en fonction des auteurs : les arabes et les musulmans, les Noirs, les juifs, les Roms, les gays et les lesbiennes, les femmes en général et les femmes voilées en particulier ; une vision fantaisiste donc d’un « vrai peuple » homogène du point de vue culturel, voire ethnique et religieux ;

 

* un « vrai peuple » nécessairement national et français opposé à l’Europe et au « mondialisme », diabolisés dans une logique nationaliste.

 

Ce galimatias néoconservateur a des échos bien au-delà de l’extrême droite, dans la « droite décomplexée » (vis-à-vis de l’extrême droite), dans la gauche sociale-libérale et vallsienne et dans la gauche de la gauche. Cela opère à travers, entre autres, le poids pris par le « politiquement incorrect » et les attraits transgressifs qu’il suscite.

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