Dossier Algérie : Les essais nucléaires français au Sahara. Annexes
Dossier « Cinquantième anniversaire de la fin de la guerre d’Algérie »
Document
Annexe A
Les essais aériens d’Hammoudia
Entre le 13 février 1960 et le 25 avril 1961, la France a réalisé quatre essais nucléaires dans l’atmosphère au-dessus du polygone de tir d’Hammoudia. Les noms de code de ces essais furent Gerboise bleue, Gerboise blanche, Gerboise rouge et Gerboise verte. (La gerboise est un petit rongeur vivant sur les sols sablonneux du désert). Le 13 février 1960, Gerboise bleue développa une énergie équivalente à 4 fois celle de la bombe d’Hiroshima. Le tir du 1er avril 1960, Gerboise blanche fut tiré sur un socle de béton au niveau du sol à une distance très excentrée des installations principales des points zéro. Les deux autres tirs aériens furent tirés au sommet d’une tour métallique d’environ 50 mètres de hauteur.
Les précautions prises pour la protection des personnels militaires et des habitants des palmeraies voisines ont été très sommaires, voire inexistantes. Quelques documents estampillés « secret » permettent d’avoir une idée du mépris des autorités militaires à l’égard de leurs hommes. Si l’on compare avec ce qui a été fait en Polynésie pour la protection des populations – des blockhaus pour Tureia qui se trouve à 110 km de Moruroa et des « abris de prévoyance » sommaires pour les Gambier, Reao et Pukarua – on peut constater que pour les populations sahariennes de Reggane (environ 40 km d’Hammoudia) et quelques palmeraies encore plus proches des points zéro, la protection était nulle. Aucun abri ou autre bâtiment n’a été construit pour ces populations, tout aussi bien que pour les personnels militaires de la base de Reggane Plateau ou les quelques dizaines de militaires et civils qui restaient sur la base d’Hammoudia pendant les tirs. […]
Tous les tirs aériens de Reggane ont également permis d’étudier la résistance des matériels militaires (avions, véhicules, parties de navires…) à une explosion nucléaire. Des expériences de type « biologique » ont également été réalisées sur des animaux (rats, lapins, chèvres) disposés à diverses distances du point zéro. D’autres ont été réalisées sur des mannequins sur lesquels étaient disposés des capteurs de radiations. Certains affirment que des prisonniers du FLN auraient été exposés de cette manière. En l’attente de travaux historiques rigoureux, on ne peut, pour l’instant, appuyer cette grave accusation que sur des témoignages qui restent à vérifier.
Après le tir Gerboise verte, le terrain d’Hammoudia a servi à des « expériences complémentaires » sur des pastilles de plutonium, au nom de code « Augias », s’apparentant à celles des Britanniques en Australie et qui ont provoqué une immense pollution au plutonium de la zone de Maralinga. Les dirigeants des essais ont reconnu un accident lors de l’expérience du 19 avril 1962, faisant plusieurs blessés. Des témoignages affirment qu’il y a eu des morts, ce que démentent les rapports officiels. Quant à la pollution au plutonium de cette zone, rien ne semble avoir été fait pour y remédier, si ce n’est de mélanger les débris avec la couche sableuse de surface.
(source. http://www.moruroa.org/)
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Document
Annexe B
Les accidents de tir
La France a reconnu l’accident du tir Béryl (voir document ci-contre) du 1er mai 1962 comme l’un des plus graves de son programme d’essais nucléaires. Elle ne pouvait faire autrement, tant le nombre de témoins, ministres et officiels compris, était important. Cependant, il faut remarquer que cet « accident » reconnu comme tel a été aussi contaminant, sinon moins que tous les essais aériens réalisés à Hammoudia et à Moruroa et Fangataufa.
L’accident « Béryl » ne doit pas occulter un fait majeur des essais souterrains effectués dans la montagne du Taourirt Tan Affela. Trois autres tirs n’ont pas été contenus et des effluents radioactifs sont sortis des entrées de tunnels. Au total, douze des treize essais souterrains n’ont pas été confinés (voir tableau ci-contre « Les fuites »). En fait, cette absence de confinement était sciemment organisée puisqu’une cheminée d’expansion des gaz radioactifs était creusée à la verticale de chaque cavité d’explosion.
Après le 1er mai 1962, la zone contaminée entourant la sortie du tunnel E2 fut interdite et délimitée par une barrière composée de piliers en béton. Cependant, les tirs suivants ne se contentèrent pas seulement d’ébranler la montagne : de nombreux piliers de béton ne résistèrent pas aux chocs.
http://www.moruroa.org/
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Document
Annexe C
Les essais souterrains d’In Eker
Les raisons du passage aux essais souterrains
Les raisons du passage des essais atmosphériques aux essais souterrains en Algérie n'ont guère été expliquées. En premier lieu, on aura retenu des motifs diplomatiques. Les protestations des États riverains de l'Algérie ont été nombreuses et très fermes : certains ont été jusqu'à bloquer momentanément les avoirs français ou, comme le Nigeria, à rompre les relations diplomatiques avec la France.
L'arrêt des essais atmosphériques par la France serait, de plus, considéré comme un geste de bonne volonté à l'égard des accords internationaux que les autres puissances nucléaires s’apprêtaient à prendre pour l'interdiction des essais dans l'atmosphère. Dès 1961, les Français se déterminèrent pour un site de repli avant la signature des accords d'Evian qui entérineraient la fin des essais atmosphériques mais laisseraient quelque temps de répit tout en poursuivant des essais souterrains. [….]
Le choix du site d'In-Eker
Les services miniers du CEA trouvèrent finalement une montagne convenant aux tirs souterrains dans le Hoggar, le Taourirt Tan Affela, située à une centaine de kilomètres au nord de Tamanrasset et surplombant de 1 000 mètres une plaine dont l'altitude s'élève à 1 000 m. Dans ce massif de granit, on pouvait creuser des galeries souterraines horizontales longues de 800 à 1 200 m dont on estimait qu'elles pourraient "contenir " la radioactivité. Le choix du site où se trouvaient des zones de pâture s'est fait dans la tradition "coloniale", c'est-à-dire sans demander l'avis des populations locales. Certaines tribus qui disposaient de pâturages dans les oueds descendant du Taourirt furent évacuées avec leurs animaux au nord-est d'In-Eker tandis que d'autres furent conduites jusque dans l'Assekrem dans la région de Tamanrasset. [….]
L'organisation des essais
Pour parvenir au niveau de la montagne où l'on souhaitait effectuer les tirs, il fallut construire des routes qui conduisent au flanc de la montagne et des systèmes d’adduction d’eau (voir la carte). Selon des interviews recueillies en juin 1992 par Solange Fernex, « il y avait environ 2 500 militaires et environ 2 500 travailleurs PLO (Population Laborieuse des Oasis). Quand il y avait une explosion, il y avait plus de 9 000 personnes sur le site. » Les PLO - les « Pélos » pour le sobriquet qui leur restera et entrera dans l'argot courant - étaient principalement employés à des travaux de manutention dans les galeries tandis que le Génie militaire construisait les routes.
Treize essais souterrains ont été réalisés à In-Eker entre le 7 novembre 1961 et le 16 février 1966. Tous ces tirs avaient pour objectif de mettre au point les armes nucléaires de la France. La France a également annoncé que ces expériences avaient aussi des objectifs "pacifiques", notamment pour le stockage des gaz.
Lors d'une explosion souterraine la structure de la montagne subissait une onde de choc importante partant du point zéro jusqu'à la surface de la montagne. Ces explosions provoquaient de très importants bouleversements de la structure géologique de la montagne tout à fait comparables aux conséquences géologiques des tirs souterrains sur la structure des atolls de Moruroa et de Fangataufa.
Des tirs à l'air libre
Des essais « sous-critiques » ou « tirs froids » selon l'appellation française, très contaminants, ont eu lieu à environ 40 km au sud ouest du Taourirt Tan Affela, sur le site du Taourirt Tan Atarm. Ce sont les « opérations Pollen » où des fragments de plutonium furent dispersés sur d’immenses espaces (voir tableau des essais).
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