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Repères contre le racisme, pour la diversité et la solidarité internationale

De retour de Tunisie : inquiétudes et témoignages (Marie-Christine Vergiat)

30 Mai 2011 , Rédigé par Repères anti-racistes Publié dans #Tunisie, #Maghreb

GUE-NGL.jpgCommuniqué de Marie-Christine Vergiat - Députée européenne Front de Gauche - membre de la sous-commission Droits de l'Homme - membre de la délégation pour les relations avec le Maghreb

 

26 mai 2011

 

De retour de Tunisie : inquiétudes et témoignages

 

De retour d'une mission en Tunisie avec une délégation parlementaire de la GUE-NGL (Gauche Unitaire européenne- Gauche Verte Nordique) je tiens à partager mes inquiétudes sur deux points.

 

Le processus électoral

La commission électorale avait proposé le report des élections de l'assemblée constituante du 24 juillet au 16 octobre. Le gouvernement de transition vient de refuser ce report.

Or tout est à faire.

Première question : pourquoi avoir attendu si longtemps pour mettre en place la commission électorale et vouloir à tout prix tenir ces élections en juillet ?

Des centaines de milliers de personnes ne sont pas inscrites sur les listes électorales, et nombre d'entre elles n'ont même pas de cartes d'identité.

70 partis politiques se sont créés depuis le début de la révolution dont une quinzaine serait infiltrée par d'anciens membres du RCD.

Certains partis bénéficient visiblement de mannes financières extérieures. Est-il besoin de se demander à qui profite ces élections précipitées.

 

L'Union européenne sait accompagner les élections démocratiques si elle le souhaite, la révolution tunisienne ne fait que commencer, le soutien de l'Union européenne est nécessaire.

 

Les tensions à la frontière tuniso-libyenne. Notre délégation s'est rendue à Ras Jedir le vendredi 20 mai où nous avons visité trois camps près du poste frontière, dont le camp de la Chucha.

Depuis lors, la situation a évolué pour le pire. Dans la nuit de samedi à dimanche, un incendie aux origines incertaines, a causé la mort de 4 personnes. Cet accident dramatique a renforcé les inquiétudes des réfugiés dont certains sont "assignés à résidence" dans les camps de la frontière depuis leur arrivée. Pour faire entendre leur voix, ils ont bloqué la route menant à la ville de Ben Guerdane provoquant la colère des habitants de la ville déjà étranglée économiquement depuis le début de la guerre en Libye, une escalade de violence s'en est suivi. De nombreuses tentes ont été incendiées et plusieurs personnes seraient mortes. 

 

Les Tunisiens ont su faire preuve d'un immense effort de solidarité pour faire face à l'afflux de réfugiés venant de Libye. Des 800 000 personnes ayant fui la Libye, 400 000 personnes sont arrivées en Tunisie alors que la Tunisie est un pays de 10 millions d'habitants.

L'essentiel des efforts a porté sur les aides aux réfugiés à rentrer chez eux (notamment en Egypte et au Pakistan).

Les réfugiés qui sont encore dans les camps aujourd'hui sont des réfugiés au sens strict du terme, qui ne peuvent pas rentrer dans leur pays d'origine (Erythréens, Ethiopiens, Ivoiriens, Somaliens et Irakiens). Ils sont d'autant plus bloqués sur place qu'on leur a retiré leur passeports à leur arrivée. Ils sont entre 3000 et 5000. Selon les informations que nous avons recueillis sur place,  le Haut Commissariat des Nations Unis pour les réfugiés (UNHCR) aurait finalisé 980 dossiers mais aucun n'a abouti à une décision pour l'instant faute de pays d'accueil.

 

L'Union européenne peut débloquer la situation au-delà de l'aide humanitaire, qui se résume une fois encore à une aide au retour dans le pays d'origine.

Les solutions sont claires. L'Union européenne se grandirait en accueillant les réfugiés et en soutenant économiquement cette région  à l'économie ravagée par la guerre en Libye.

 

Or, toujours selon les informations que nous avons recueillies sur place, aucun centime de l'aide promise par ne serait arrivé en Tunisie. Alors que dans le même temps la Tunisie a remboursé à l'UE 410 millions d'euros de dettes contractées par le régime Ben Ali : on marche sur la tête.

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