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Repères contre le racisme, pour la diversité et la solidarité internationale

Contre l'amnistie des collaborateurs belges (MRAX)

24 Mai 2011 , Rédigé par MRAX Publié dans #Europe, #Belgique, #MRAX, #Mouvements antiracistes, #Mémoire Seconde guerre mondiale

 

Contre l’AMNISTIE,

le MRAX interpelle les Sénateurs/trices

 

Communiqué de presse du 23 mai 2011

 

Le MRAX, la principale et plus ancienne organisation antiraciste en Belgique – née à l’initiative d’une poignée de résistants Juifs communistes sur les cendres du génocide nazi précisément –, s’est joint au rassemblement contre l'amnistie organisé, de 12h30 à 13h30 devant le Ministère de la Justice, par nos collègues de l’Association pour la Mémoire de la Shoah.

 

Le MRAX a pu y annoncer qu’il adresse ce jour même une Lettre ouverte au Sénat pour demander à ses élu-e-s de :

-       ne pas voter en faveur de la proposition de loi du 4 mai 2011 sur l’amnistie émanant du parti d’extrême droite VLAAMS BELANG ;

 

-       dans la foulée des importants travaux du CEGES, mettre sur pied une commission d'enquête parlementaire chargée de définir les responsabilités des pouvoirs publics dans la déportation de milliers de Belges vers les camps de la mort.


 

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                                      SENAT DE BELGIQUE

Place de la Nation, 1

B-1009 Bruxelles

 

Bruxelles, le 23 mai 2011

 

Nos réf :                           MRAX/CA3/2011/lt.124

 

Objet :         Lettre ouverte aux Sénateurs/trices relative à la proposition de loi du parti d’extrême droite Vlaams Belang sur l’amnistie

 

 

Mesdames et Messieurs les Sénateurs/trices,

 

Le Mouvement contre le Racisme, l’Antisémitisme et la Xénophobie-MRAX, la principale et plus ancienne organisation antiraciste en Belgique, née à l’initiative d’une poignée de résistants Juifs communistes sur les cendres du génocide nazi précisément, a l’honneur de s’adresser à vous suite à la séance plénière du jeudi 12 mai 2011, au terme de laquelle votre Assemblée a voté la prise en considération d’une proposition de loi du 4 mai 2011 émanant de M. Bart LAEREMANS, M. Jurgen CEDER et Mme Anke VAN DERMEERSH, du parti d’extrême droite VLAAMS BELANG.

 

Plus rien n’empêche donc qu’un débat soit tenu au Sénat sur cette proposition « effaçant, pour l’avenir, tous les effets des condamnations et sanctions infligées du chef d'actes d'incivisme prétendument [c’est nous qui soulignons] commis entre le 10 mai 1940 et le 8 mai 1945 et instituant une commission chargée d'indemniser les victimes de la répression d'après-guerre ou leurs descendants pour le préjudice financier subi à la suite desdites condamnations et sanctions ».

 

En clair, les trois signataires de cette proposition demandent que les dispositions prises à l’encontre des citoyens ayant collaboré avec l’occupant nazi durant la seconde guerre mondiale, soient abandonnées pour l’avenir, mais aussi que ces derniers et leurs proches puissent être indemnisés pour le préjudice financier subi à cette occasion.

 

Lorsque l’on prend connaissance des longs développements de cette proposition de loi, deux constats sautent aux yeux.

 

D’abord, il y a celui d’une minimisation, voire d’une négation, des faits de collaboration avec l’occupant nazi et de leurs conséquences.

Jamais, dans ce texte, il n’est fait mention de l’erreur et de la trahison que constitue le fait d’avoir collaboré avec l’occupant, facilitant notamment la mort de milliers de Belges.

Au contraire, il est dit que les faits de collaboration sont des actes prétendument commis, qu’il n’était pas nécessairement mieux de se trouver du côté de ceux que l’on a appelé les résistants, puisque ceux-ci sont dépeints comme ayant fait régulièrement usage d’une violence illégitime.

 

Ensuite, il y a le constat d’un retournement du rôle de la victime. Fini de commémorer la déportation et la mort de victimes du génocide nazi, ou de célébrer la mémoire de celles et ceux qui ont résisté à la barbarie raciste de l’Allemagne nazie, il faut désormais s’apitoyer sur le sort des citoyens condamnés pour fait de collaboration : considérant que le mal est déjà fait, à savoir que les amendes ont été payées, les peines de prison exécutées et nombre de collaborateurs décédés, les auteurs de cette proposition insistent : « ceci n’ôte toutefois rien à la réalité de la misère que les victimes de la répression ainsi que les membres de leur famille ont éprouvée, parfois pendant de longues années, sur le plan humain, social et financier ».

 

Aussi et surtout, on a presque l’impression, à lire cette proposition, de se trouver face à la plus grande injustice que notre pays ait connue : des milliers de citoyens qui n’avaient pas la même opinion que ceux qui refusaient de collaborer avec l’occupant, ont été victimes d’une véritable chasse aux sorcières sans foi ni loi après la guerre, ayant été tous condamnés pour le reste de leur vie sans possibilité aucune de pouvoir s’extraire de la marge dressée par la société revancharde.

 

Ce faisant, nous vous prions de :

-         ne pas voter en faveur de ladite proposition de loi sur l'amnistie ;

-         dans la foulée des importants travaux du CEGES[1], mettre sur pied une commission d'enquête parlementaire chargée de définir les responsabilités des pouvoirs publics dans la déportation de milliers de Belges vers les camps de la mort.

 

La rencontre de ces revendications forme la seule manière de crever l’abcès pour qu’une société réellement juste, ouverte et intègre puisse enfin voir le jour, loin des fausses solutions prônées par le Vlaams Belang dans l’indignité la plus totale.

 

Radouane BOUHLAL,                                      Placide KALIS

 Directeur                                                     Président 
 

MRAX asbl 

Rue de la Poste, 37 BE-1210 Bruxelles 

Tél. : +32 (0)2 209 62 50 • Fax : +32 (0)2 218 23 71

Courriel : mrax@mrax.be Site : www.mrax.be • N° entreprise : 0415.750.215 

 



[1]         Rudi VAN DOORSLAER (dir.), Emmanuel DEBRUYNE, Frank SEBERECHTS, Nico WOUTERS, La Belgique docile, éd.Luc Pire, Bruxelles, 2007.

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