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Repères contre le racisme, pour la diversité et la solidarité internationale

Choses vues rue Myrha

20 Avril 2011 , Rédigé par Repères antiracistes Publié dans #Islamophobie

J’ai constaté à plusieurs reprises que les récits personnels apportent beaucoup aux questions de fond, parfois davantage que les discussions théoriques basées sur des principes.


Voici donc ce que nous (ma petite famille et moi-même) avons constaté rue Myrha, à Paris, dans le fameux quartier de la Goutte d’Or, il y a plusieurs mois. C’était peu après la polémique déclenchée par la tendance identitaire avec son projet interdit d’ “ apéro saucisson-pinard ”.


http://www.issy.com/var/plain/storage/images/media/images/rue_myrha/299161-1-fre-FR/rue_myrha.jpgNous sommes donc aller flâner un samedi en fin de matinée, dans cette rue dont le nom (pas la rue elle-même…) est désormais connu de presque tous les Français et résidents de ce pays. La polémique, déclenchée par des racistes sous couvert de laïcité et de tranquillité, avait stigmatisé les pratiquants musulmans se déployant les vendredi, à l’heure de la prière, sur la chaussée. Ce déploiement, qualifié de prosélyte (parfois jusque sur des listes internes !), était présenté par l’asso anti-musulmane plus moins comme une néo-occupation sarrasine, et c’est là que le MRAP est interpellé.


Après toute cette polémique, j’avoue que c’est la curiosité militante qui m’avait guidé jusqu’à cette rue populaire du XVIII ème arrondissement de la capitale, dans un quartier que j’ai fréquenté surtout en semaine pour le compte de mon employeur. Comment se faire une idée, mieux qu’en allant prendre la température ? J’ai donc été surpris, et mon épouse avec moi de n’y rencontrer absolument aucune manifestation de prosélytisme. Evidemment, nous étions samedi et non vendredi, jour de la grande prière musulmane, mais le prosélytisme, tel que décrit par les contradicteurs, aurait dû s’afficher sur au moins quelques façades, au moyen de quelques affiches, quelques attitudes individuelles, que sais-je ?


Or, foin de barbus en djellaba au coin des portes, cochères ou non, foin d’ambiance ne serait-ce que prosaïquement musulmane.


La matinée s’avançant et nos ventres commençant à réclamer leur dû, nous cherchâmes un lieu idoine dans le style populo pour nous restaurer à bon marché, manière de sonder l’atmosphère supposée chargée en forte teinture religieuse et pesant machisme arabe. Nous jetâmes notre dévolu sur un petit restau animé où l’on nous proposa la traditionnelle chorba. Nous optâmes pour ce plat consommé habituellement par un certain nombre de clients. Prenant alors notre temps, nous vîmes plusieurs tables se libérer puis se remplir avec d’autres groupes, ce qui nous permit d’observer l’ambiance générale de l’endroit. Nous ne constatâmes ni un lieu réservé aux hommes, ni une atmosphère d’oppression religieuse : autant sinon plus de femmes coiffées à l’européenne que voilées, j’allais dire évidemment pas de voile intégral (pas plus que dans la rue), des serveurs bon enfant, bref, rien de ce que les fantasmes laïcards et racistes nous avaient annoncé et qu’ils ont ancré assez profondément chez la plupart des Français et certainement même une partie des résidents en France.


De sortie, nous poursuivîmes notre cheminement jusqu’à l’extrémité ouest de la rue pour emprunter en enfilade les autres voies au même style amenant au boulevard Barbès (rue des Poissonniers…).


Comme Madame ou Monsieur tout le monde, les militants peuvent se faire piéger, submergés par les actualités reprises en boucle et manquant d’infos quotidiennes sur le terrain


J’espère que ce bref aperçu en forme de reportage à peine teinté de militantisme pourra aider les camarades à se faire une opinion un peu plus juste.


Par ailleurs, rappelons (et là, c’est bien le militant qui parle), que la prière dans la rue Myrha est due à la discrimination flagrante existant depuis des décennies dans notre pays soi-disant laïque, à l’encontre des musulmans et personnes de culture musulmane, discrimination ayant eu :


· comme méthode le refus assez constant d’octroi de permis de construire (ou les freins et chicanes de toutes sortes) pour l’édification de mosquées, voire la préemption municipale pure et simple sur les terrains choisi par les promoteurs musulmans (cette méthode est aussi largement utilisée pour l’acquisition de bien privés (logement), par exemple dans les quartiers privilégiés de Seine-St Denis


· pour conséquence le manque criant de place pour les pratiquants musulmans, manque qui provoque effectivement l’envahissement de la chaussée aux abords des mosquées trop rares et trop petites.

 

Ma conviction de militant antiraciste, laïque et assez méfiant avec le religieux (je le reprécise chaque fois pour prévenir les accusations oiseuses, dans un pays où l’éducation a, depuis le XIXème, largement relativisé son influence (du religieux), est que la pratique musulmane doit passer, comme pour la première religion du pays, par une phase de reconnaissance complète pour la pratique normale du culte dans les lieux réservés traditionnellement à cet effet (édifices religieux). Ensuite viendra ou ne viendra pas la phase  à dominante areligieuse que nous connaissons depuis longtemps maintenant et qui convient aussi bien aux athées et agnostiques que croyants et/ou pratiquants de diverses religions.

 

PLC

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