Au tribunal de Bobigny : le procureur demande la condamnation d’Air France, pour discrimination (Europalestine)
24 Janvier 2013 , Rédigé par Repères anti-racistes Publié dans #Palestine
Le procureur de la 14ème chambre correctionnelle du tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) a requis jeudi la condamnation de la compagnie Air France, coupable selon lui de discrimination raciale à l’encontre de notre amie Horia Ankour, dans le cadre de la mission « Bienvenue en Palestine ».
Le 15 avril 2012, Horia, volontaire de cette mission de solidarité avec le peuple palestinien qui devait la conduire à Bethléem (Cisjordanie occupée) pour le lancement d’un projet scolaire à l’invitation d’associations de la société civile palestinienne, se présentait à l’aéroport de Nice.
Elle devait y prendre un avion à destination de Tel Aviv, en Israël. Les Palestiniens de Cisjordanie étant privés, du fait d’Israël, de toute capacité aéroportuaire, il n’y a pas d’autre moyen en effet pour un étranger désirant leur rendre visite que d’atterrir à l’aéroport Ben Gourion de Tel Aviv.
Munie d’un billet aller-retour Air France Nice/Tel Aviv, Horia s’enregistre normalement au comptoir de la compagnie, enregistre normalement son bagage, et se retrouve à l’heure prévue assise à sa place dans l’avion, lequel est bientôt prêt à décoller.
Mais une hôtesse de la compagnie vient la trouver, et, gênée, lui dit qu’elle a deux questions à lui poser, « de la part des autorités israéliennes ». « Avez-vous un passeport israélien ? », Horia, qui avait comme tout le monde montré son passeport (français) une première fois, répond par la négative. Vient ensuite une deuxième question : « Etes-vous de confession juive ? ». Bien que scandalisée par une telle apostrophe, Horia accepte néanmoins de répondre, négativement là encore.
Quelques instants après, les gens d’Air France lui signifient qu’elle est interdite de vol, et la font débarquer de l’avion.
L’infraction à la législation française sur la discrimination, notamment les articles 225-1 et 225-2 du code pénal est évidente, et Horia Ankour a alors porté plainte.
A l’audience, jeudi, l’avocat d’Air France se présentait en situation de faiblesse, puisqu’il lui était impossible de nier les faits, la compagnie ayant délivré à Horia Ankour, en avril dernier à Nice, une attestation écrite décrivant exactement ce qui s’était passé : les deux questions discriminatoires posées, et le refus d’embarquer au vu des réponses apportées.
Les débats ont quand même duré plusieurs heures, l’avocat d’Air France tentant par tous les moyens de nier l’évidence, pour finalement avancer la classique « excuse » des lâches : « On a obéi aux ordres des Israéliens ». Une salariée d’Air France, citée comme témoin parce qu’ayant été protagoniste de l’incident du 15 avril 2012 (cette personne, E. G., répercutait au téléphone des ordres venus d’Israël) s’est pareillement retrouvée en posture peu flatteuse : « Non, je ne pense rien des ordres qui me sont donnés, je les exécute », a-t-elle lâché.
Tant le procureur Abdelkrim Grini que les avocats d’Horia, MM° Patrick Baudouin et Albert Goldberg, ont alors souligné, chacun avec ses expressions, que l’obéissance à un ordre manifestement illégal n’exonère pas de ses responsabilités ceux qui les éxécutent, et qu’en l’occurrence, Air France avait parfaitement la faculté de refuser de se faire la courroie de transmission des méthodes racistes de l’Etat d’Israël.
« Où va-t-on si on laisse faire de telles pratiques ? Ici on demande à quelqu’un s’il est juif, ailleurs on lui demandera s’il est musulman, homosexuel, syndicaliste et on le traitera en conséquence … Venant d’une grande entreprise, prestigieuse, l’argument consistant à dire qu’on a obéi aux ordres d’un Etat étranger n’est pas une circonstance atténuante, ce serait même plutôt le contraire », a tonné M° Baudoin.
Un peu plus tôt, le journaliste Alain Gresh (rédacteur-en-chef du Monde Diplomatique), cité comme témoin par Horia Ankour, avait souligné le caractère non seulement choquant, mais également absurde de la démarche à laquelle se sont prêtés les personnels d’Air France. « Admettons un instant que Mme Ankour ait répondu oui à la question de savoir si elle était juive. Comment diable les gens d’Air France auraient-ils alors fait pour s’assurer qu’elle disait vrai ? » a-t-il interrogé.
Les juges de la 14ème chambre, attentifs, rendront leur jugement le 21 mars prochain.
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