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Repères contre le racisme, pour la diversité et la solidarité internationale

Après les résultats du premier tour : Bien identifier le FN pour mieux le combattre

24 Avril 2012 , Rédigé par Repères anti-racistes Publié dans #Extrême-droite, #Front national

 

Après les résultats du premier tour : Bien identifier le FN pour mieux le combattre

 

Le score réalisé par le Front national à la présidentielle représente un élément majeur du scrutin. Sans vouloir aucunement minimiser le résultat, il est néanmoins utile de rappeler que le score conjugué de Jean-Marie Le Pen et de Bruno Mégret dépassait les 19%. Si aujourd’hui le danger est bien réel, c’est que loin de nous trouver comme en 2002 en présence de ce qui pouvait être considéré comme un excès de fièvre, les résultats de ce scrutin de ce 22 avril 2012 indiquent que si longtemps le vote FN a pu être considéré comme un vote de protestation, aujourd’hui on assiste à l’émergence d’un vote d’adhésion. Cette constatation rend plus urgent et nécessaire que jamais le combat contre le FN et les idées qu’il véhicule, d’autant qu’avec la crise, le développement du chômage et la précarisation, la prise en compte de leurs intérêts communs par les travailleurs qu’ils soient français et étrangers se heurte à une mise en concurrence favorable au développement du racisme. Le débat aujourd’hui est totalement centré sur la question de l’identité au détriment de la lutte des classes.

 

Si la reprise des thèmes de l’extrême droite par la droite sarkozyste ou par la Droite populaire et même par une partie de la gauche a gangrené le débat politique et explique en partie le boulevard ouvert à Marine Le Pen, l’audience du FN relève également d’autres facteurs qui méritent attention :

  • à l’instar d’autres partis d’extrême droite en Europe, Marine Le Pen a réussi à dédiaboliser le FN et à le débarrasser de ses  « tares » historiques. Le score réalisé chez les 18-25 ans en est la preuve et la stratégie de diabolisation encore utilisée au cours de cette campagne n’a eu que peu d’effets sur les électeurs. Certaines caricatures d’hier ne correspondent plus à l’état réel du FN et il est de première importance de renouveler des analyses qui ne sont plus opératoires et qui font l’impasse sur les causes d’un enracinement durable.

  • Le discours du FN, en dehors de son côté opportuniste, montre que l’on est face à l’élaboration d’un projet d’une société ultra clivée et segmentée, projet qu’il nous faut combattre tant dans sa globalité idéologique que dans les mesures pratiques qui le composent et dont la nocivité doit être portée à la connaissance de tous.

  • La crédibilité du FN, qui n’a jamais été en charge de la gestion des affaires de l’Etat, reste importante. Se présentant comme indemne de toute compromission politique liée à des accords électoraux, il veut se présenter comme dernier recours, attitude propice dans le cas d’une élection présidentielle.

  • Le FN répond à une demande de protection et de sécurité liée à l’incertitude économique. En prônant aujourd’hui un Etat qui permet aux citoyens d’être protégés par des frontières, une économie encadrée, avec le retour au franc, des valeurs morales traditionnelles et sécurisantes, et la promotion de valeurs identitaires qui répondent à un besoin d’affirmation dans une opposition à l’Autre, le FN se veut apparaître comme une véritable et seule alternative à la mondialisation et à la prétendue perte d’identité.

  • D’autre part, le centrage du discours de Marine Le Pen sur des préoccupations nouvelles pour le Front n’a pas attiré suffisamment l’attention. Que ce soit l’infléchissement féministe, ou bien la défense et la promotion de la laïcité, ces mutations réelles ou habilement déguisées ont réactualisé voire donné un coup de jeune au discours du Front et justifient aujourd’hui un racisme qui, à côté de l’argument traditionnel d’une immigration responsable du chômage, s’attaque à l’islam dans une démarche qui prend un aspect plus culturaliste.

  • Enfin le vote des femmes, cette fois-ci plus prononcé en faveur de la candidate du FN, montre que les partis dans leur ensemble n’ont pas porté toute l’attention nécessaire au problème de la précarisation dont les femmes sont les premières victimes. Plus largement, le constat que la société française se fissure et qu’une partie de la population a le sentiment de subir un véritable abandon démocratique, doit inciter les responsables politiques à porter davantage attention à la manière de relayer les préoccupations de personnes qui se sentent laissées pour compte et qui, au lieu de se réfugier dans l’abstention, ont reporté leur (dés)espoir dans le Front national.

  • Un paradoxe qui n’est qu’apparent conforte ce constat. Dans les zones où la présence comme la visibilité des étrangers est quasi inexistante, le FN connaît des scores importants, parfois au-dessus de la moyenne nationale : peurs et fantasmes transmis par la télévision et les médias certes, mais il y a quand même à s’interroger plus avant.

Si l’élection présidentielle représente un type de consultation qui mesure l’audience de chaque candidat et dans laquelle Marine Le Pen est la mieux à même de tirer avantage, les élections législatives vont présenter pour le FN un test sérieux qui donnera des indications sur l’état de son implantation.


C’est ce combat contre l’implantation du FN qu’il s’agit de préparer pour les législatives mais à plus long terme pour les municipales où l’échec de l’extrême droite (Marignane, Vitrolles, Toulon …) a été patent et démontre si besoin était que les recettes du FN ne font pas forcément recette !


Mais avant tout il s’agit de bien identifier l’adversaire pour mieux le combattre et dans son audience et dans son implantation tout en préparant par les luttes des alternatives crédibles reposant par la prise en mains par les citoyens de leur devenir commun.

Y.M. & A.V.

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