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Repères contre le racisme, pour la diversité et la solidarité internationale

« Grand remplacement » et ethnodifférentialisme, les nouveaux masques du racisme (Stéphane françois)

23 Février 2022 , Rédigé par Repères anti-racistes Publié dans #Extrême-droite, #Racisme

Série · La thèse raciste et complotiste du « grand remplacement », chère à Éric Zemmour, s’est imposée dans le débat public en France à l’approche de l’élection présidentielle. Elle n’est pourtant pas nouvelle : formulée pour la première fois dans les années 1950 en réaction aux décolonisations africaines, elle est depuis longtemps promue par les tenants de l’ethnodifférentialisme - des idéologues d’extrême droite pour qui l’immigration et le métissage ne peuvent qu’aboutir à un ethnocide.

Les guerres de libération anticoloniales ont provoqué un électrochoc au sein de l’extrême droite occidentale et ont entraîné chez elle une redéfinition de l’identité européenne. Ses éléments parmi les plus radicaux ont vu dans la décolonisation une opportunité pour promouvoir leur cause. À l’époque, la perception des populations de l’Europe, de l’Afrique et de l’Asie demeure encore intimement liée aux théories sur l’inégalité des « races » et la supériorité de la « race blanche », popularisées à compter du milieu du XIXe siècle. Des évolutions sont cependant apparues, notamment parmi les doctrinaires les plus racistes, souvent rescapés du national-socialisme.

À partir de 1945, ils ont commencé à insister sur la nécessité de défendre la « race blanche » dans son entier (et non plus seulement la composante aryenne/nordique), et de se séparer des colonies, en particulier africaines, au nom de sa préservation face au « danger » du métissage et au « risque » de subir un colonialisme inversé. L’idée a été défendue par le Nouvel Ordre européen (NOE), une organisation néonazie paneuropéenne animée notamment par le Français René Binet et l’ancien collaborateur suisse Gaston-Armand Amaudruz.

En 1966, Dominique Venner, militant d’extrême droite depuis la fin des années 1950, écrivait, sous leur influence manifeste, qu’« en France, l’immigration importante d’éléments de couleur pose un grave problème […]. Nous savons également l’importance de la population nord-africaine […]. Ce qui est grave pour l’avenir : nous savons que la base du peuplement de l’Europe, qui a permis une expansion civilisatrice, était celle d’une ethnie blanche. La destruction de cet équilibre, qui peut être rapide, entraînera notre disparition et celle de notre civilisation1. »

Comme l’a fait remarquer le philosophe Pierre-André Taguieff dans son ouvrage sur la « Nouvelle droite », ce racisme affirmé comportait corrélativement l’idée d’un développement racial séparé « [fondé] sur l’évitement systématique du contact entre “groupes raciaux” et surtout du métissage ». Il s’agissait alors d’« organiser, avec les différents groupes raciaux du monde, une politique de coexistence pacifique et libérale permettant à chacun d’exprimer […] ses aptitudes et ses dons », et de « supprimer, en proportion, tout contact visant à la fusion, à l’inversion, ou au bouleversement des données ethniques, ou à la cohabitation forcée de communautés différentes. »2

Le « grand remplacement », une thèse née dans les années 1950

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