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Repères contre le racisme, pour la diversité et la solidarité internationale

« Faire barrage » : misère de la macronie

11 Mars 2021 , Rédigé par Repères anti-racistes Publié dans #Extrême-droite, #Macron et LREM, #Police Justice

Chronique par Joseph Andras, Kaoutar Harchi | 10 mars 2021

Voter Macron, voter contre Le Pen, ça ne sera pas la même chose en 2022 qu’en 2017. Entre temps, le premier a montré de quoi il était capable. En manière d’obstruction, le régime macroniste a seulement préparé le terrain au RN. Sa digue a tout d’un tapis roulant.

AU PIED DU MUR. Il aura suffi d’un gros titre pour qu’une batterie de « marcheurs » nous offre le spectacle de ses palpitations. Que Libération soit à l’origine du drame n’est pas sans ajouter au ridicule : le journal aujourd’hui condamné pour parjure est celui-là même qui avouait, à l’hiver 2017, avoir « contribu[é] à faire élire Macron » face à Marine Le Pen. En Une de l’édition des 27 et 28 février derniers, on a donc lu : « 2022 "J’ai déjà fait barrage, cette fois c’est fini" ». Sur fond noir, la silhouette blonde de la présidente du Rassemblement national, de trois quarts dos ; de profil, le président élu, visiblement concentré.

Matamore, le député Castaner a répliqué : « J’ai déjà fait barrage. Et je le ferais encore. »

Le député de Rugy a tempêté : « Quelle dérive ».

La députée Lang, ciblant la « soi-disant "vraie gauche" » qu’incarne le périodique – c’est-à-dire, la raison recouvrée, la gauche libérale du « oui » au Traité constitutionnel européen –, a clamé, avec ce qu’il convient d’allant : « Honte à elle !  »

L’eurodéputée Loiseau s’est emportée contre « les valeurs qui se perdent ».

Tout à sa témérité, le député Bonnell n’a pas craint de mobiliser la touche majuscule de son clavier : « NON ! Le combat contre les extrêmes est un devoir. »

Et la ministre Wargon d’avertir, consciente de la gravité du moment : « Ne nous résignons pas. »

Pour un peu, on aurait l’œil humide. C’est que l’image a de l’allure : un gouvernement soudé à ses militants, ses électeurs et ses journalistes – une boîte de sardines couinant dans leur jus.

En 2017, il fallait disposer d’une singulière candeur pour imaginer que le héraut du bloc bourgeois fût à même de « faire barrage » à la candidate fascisante-républicaine. En 2022, la candeur aura tout de la complicité active. Car, entre-temps, il y a eu deux ou trois choses – l’actualité chassant celle de la veille, sans doute n’est-il pas vain d’y revenir. Nous avons vu les mains arrachées d’Antoine, Frédéric, Ayhan, Gabriel ou Sébastien ; vu l’éborgnement de Jérôme, Gwendal, David, Patrick, Vanessa, Eddy, Franck, Alexandre ou Manuel ; vu la mâchoire éclatée de Sébastien, les os brisés de Laurence, le visage meurtri du petit Lilian et la plainte de sa mère classée sans suite ; vu la tête fracassée de Zineb Redouane et son assassin de policier couler des jours heureux ; vu des adolescents de Mantes-la-Jolie alignés contre un mur, genoux à terre, par ce qui n’était pas un régiment de soudards en opération impériale mais seulement les-dépositaires-de-l’autorité-publique, hilares pour l’occasion ; vu les trois gendarmes à l’origine de la mort d’Adama Traoré demeurés impunis ;

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