Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Repères contre le racisme, pour la diversité et la solidarité internationale

La réponse cinglante du Hirak au « rapport Stora » (Salima Mellah, Algeria-Watch)

24 Février 2021 , Rédigé par Repères anti-racistes Publié dans #Algérie (1830-1962)

êmes slogans sont lancés, les mêmes pancartes sont brandies, tous aussi actuels et impératifs. Soudain apparaît un immense drapeau avec le portrait de Ali la Pointe et son nom inscrit en français. Tout un symbole et un message ! Et d’autant plus éloquent que depuis quelques semaines de l’autre côté de la Méditerranée les esprits s’échauffent autour du notoire « rapport Stora ». Comment ne pas établir le lien entre le jeune manifestant, le combattant de la liberté algérien et la stratégie mémorielle française ?

Benjamin Stora a remis fin janvier 2021 le rapport commandé par le président français Emmanuel Macron qui dans sa lettre de mission avait exprimé la nécessité d’« un travail de vérité pour une meilleure compréhension de notre passé et de ses blessures », d’un « travail de mémoire, de vérité et de réconciliation, pour nous-mêmes et pour nos liens avec l’Algérie » dont l’objectif traduirait une « volonté nouvelle de réconciliation entre les peuples français et algérien ». Concrètement, comment l’historien missionné propose-t-il de mener à bien « ce travail » ? En structurant sa démarche autour des mémoires des victimes. L’objectif de l’historien est donc d’identifier les « groupes de personnes traumatisées (soldats, officiers, immigrés, harkis, pieds-noirs, Algériens nationalistes) » et de proposer des réponses aux « questions mémorielles » qui les concernent. Il fait le choix de ne pas nommer, ni de caractériser les faits, nourrissant ainsi l’équivoque et maintenant une très propice confusion : pas de crimes, pas de racisme, pas de culpabilité. Ne sont reconnues que des « exactions » et des « mémoires meurtries ». À en croire l’auteur de ce rapport, les « liens » tant recherchés se tisseraient non pas sur la base de la qualification des faits historiques et de l’identification des acteurs, mais dans la communion des mémoires de groupes.

Dès le départ, se pose dans la lettre de mission du président Macron la question de la place attribuée à l’Algérie dans cette ambitieuse entreprise d’assainissement de l’héritage colonial. Ce pays est-il concerné directement par ce projet mémoriel ou est-ce exclusivement une affaire franco-française ? Cette fausse ambiguïté se retrouve de ce fait dans le rapport et n’est certainement pas anodine. Tout au long de son exposé, B. Stora a recours à des amalgames, des projections, des interversions chronologiques et historiques qui nourrissent la confusion sur la place des deux pays dans l’écriture de la page la plus sanglante de leur histoire commune.

L’histoire en tant qu’inventaire

Lire la suite

Partager cet article

Commenter cet article