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Repères contre le racisme, pour la diversité et la solidarité internationale

L’extrême droite, ses controverses idéologiques et ses médias (René Monzat)

17 Décembre 2020 , Rédigé par Repères anti-racistes Publié dans #Extrême-droite

Chercheur et militant antifasciste, ancien co-animateur du réseau Ras l’Front, René Monzat a écrit de nombreux livres sur les extrêmes droites, en particulier Enquête sur la droite extrême (Le Monde Éditions, 1992), Les Droites nationales et radicales en France (avec Jean-Yves Camus, PUL, 1992) ou encore Les voleurs d’avenir (Textuel, 2004). 

***

La restructuration en cours du champ politique et idéologique se manifeste notamment par l’affaissement des courants sociaux-démocrates, par la montée des droites radicales populistes et xénophobes, par la présence, au sein de toutes les structures issues de la gauche, de courants qui au nom de la « laïcité » adoptent des attitudes identitaires (du point de vue culturel et religieux).

Ces phénomènes très visibles s’accomplissent en même temps qu’un réagencement idéologique et politique au sein de la droite radicale, réagencement plus discret, ou du moins quasiment ignoré par la gauche radicale. Or celle-ci devrait s’y intéresser de plus près pour deux ordres de raisons. D’abord ces mutations préfigurent ce que seront les physionomies, les forces et les contradictions internes des droites radicales dans les prochaines années, voire décennies. Ensuite certaines des questions débattues sont en tant que telles intéressantes pour la gauche. L’écologie, est-elle ou non compatible avec le libéralisme ? ou avec le capitalisme ? Le souverainisme est-il une idée qui a une consistance politique ou un élément de langage qui brouille les enjeux de fond ?

Ces courants déploient de réels efforts pour exprimer leur politique ou leur culture sans utiliser les mots dans lesquels ces orientations s’exprimaient hier. L’évidente diversification de leurs références, la persévérance dans leurs entreprises méthodiques pour séduire des courants issus de la gauche, ou pour se lier à la base catholique sont réels. Leurs effets restent certes pour l’instant limités mais néanmoins significatifs.

La gauche radicale risque de se réveiller en constatant que certains de ses courants ou fractions ont été directement siphonnés par les différentes sensibilités de la droite identitaire islamophobe, mais avec un langage « social » voire marxiste. Le risque existe de voir des courant de l’écologie radicale préemptés par des catholiques conservateurs au discours anticapitaliste.

Y porter attention est difficile. Car ces phénomènes ne peuvent se comprendre avec la grille d’analyse gauche-droite selon laquelle la droite serait plus libérale que la gauche, qui elle, renforcerait le rôle de l’État. Cela ne fonctionne ni quand la droite radicale est antilibérale ni quand l’extrême gauche libertaire ou autogestionnaire ne partage pas le culte de l’État.

C’est cette grille d’analyse unidimensionnelle, et donc pauvre, qui a empêché de comprendre que l’extrême droite française est antilibérale depuis 30 ans, et qui empêche aussi de rendre compte du surgissement de courants ou sensibilités islamophobes au sein du PS, du PCF, du NPA, des libertaires, des associations, syndicats etc.  Elle a tétanisé, paralysé tous les mouvements de gauche, car l’analyse en termes de droite v/s gauche impliquerait qu’au sein de toutes ces structures aient surgi des courants d’extrême droite. Le proclamer ainsi n’aurait aucun sens et ne serait d’aucune utilité. Il faut l’analyser autrement.

Enfin persiste l’absurde idée reçue selon laquelle « ces gens » ne réfléchissent pas.

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