« Séparatisme » : et si la politique antiterroriste faisait fausse route ?
11 Novembre 2020 , Rédigé par Repères anti-racistes Publié dans #Police Justice, #Islamophobie
La pandémie de la Covid-19 avait momentanément détourné l’attention du débat public de la question des musulmans de France. Le 16 octobre dernier, la décapitation de Samuel Paty, enseignant d’histoire-géographie à Conflans, suivie d’une seconde attaque au couteau à la Basilique de Notre-Dame à Nice le 31 octobre, a réactivé les réflexes sécuritaires et une rhétorique de laïcité « identitaire ».
La fermeture de mosquées et la dissolution d’associations telles que le Collectif de Lutte Contre l’Islamophobie (CCIF) sont-elles cependant de bonnes solutions au problème ? Fait-on face, réellement, en France, à un problème de « séparatisme » musulman ?
Les enquêtes en cours permettront de déterminer les raisons profondes, individuelles ou collectives, conscientes ou inconscientes qui ont poussé les assaillants à commettre les meurtres de Conflans et de Nice. Car vouloir comprendre, contrairement aux propos d’un ancien premier ministre, lorsqu’il s’agit de tels actes, ne veut jamais dire justifier. Au contraire, il est essentiel de comprendre pour pouvoir agir. A commencer par comprendre de quoi il est question quand on évoque l’adhésion à la « laïcité » des personnes de confession musulmane en France et leur « intégration ».
Le terrorisme : une question sociétale ?
Le texte élaboré par le gouvernement qui sera présenté début décembre prochain, propose de « renforcer la laïcité et conforter les principes républicains », d’intégrer désormais des mesures visant à renforcer « l’arsenal législatif » en matière de terrorisme. Le gouvernement diagnostique ainsi que le problème du terrorisme relève d’un problème sociétal, à savoir le manque d’intégration des populations musulmanes en France, et plus spécifiquement de l’atteinte aux principes de la laïcité.
Or, quelles preuves nous donne le gouvernement de ce lien ? Quels indices a-t-on d’un manque d’intégration ou d’une remise en question des institutions de la République par les musulmans de France ?
Cette analyse d’un problème « sociétal » n’est pas nouvelle mais reste cependant relativement récente. En effet, les politiques de lutte antiterroriste ont marqué un tournant après les attentats de Mohamed Merah en 2012.
Si les politiques françaises antiterroristes reposaient jusqu’alors sur le travail des juges et des services de police spécialisés, en 2014 est actée une politique qui fait la synthèse entre les modèles nord-européens basés sur la représentation communautaire (Royaume-Uni, Pays Bas) et les pratiques françaises de prévention de la délinquance et de lutte contre les dérives sectaires. En résulte une approche de lutte contre la « radicalisation » qui s’appuie sur la coordination d’un grand nombre d’acteurs publics venus certes du domaine de la sécurité (juges, renseignement, police) mais pour la première fois, également du travail social (travailleurs sociaux, protection judiciaire de la jeunesse) et associatif (prévention spécialisée, lutte contre les dérives sectaires, etc.). Enfin, le gouvernement renforce la concertation avec les acteurs musulmans, au sein de plusieurs instances de dialogue.
Mais a-t-on véritablement affaire à un phénomène de radicalisation de la population musulmane en France qui conduirait à une forme de séparatisme ?
En 2018, nous nous sommes interrogés sur ce « tournant sociétal » de 2014 de l’antiterrorisme, et avons cherché à répondre à cette question.
Nos résultats montrent un constat inverse à celui établi par le gouvernement
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La pandémie de la Covid-19 avait momentanément détourné l'attention du débat public de la question des musulmans de France. Le 16 octobre dernier, la décapitation de Samuel Paty, enseignant ...
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