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Repères contre le racisme, pour la diversité et la solidarité internationale

La France instrumentalise ses « valeurs républicaines » pour en faire un moyen d’exclusion (Marwan Muhammad)

28 Novembre 2020 , Rédigé par Repères anti-racistes Publié dans #Islamophobie, #Police Justice

Les responsables politiques français transforment le racisme structurel en « politiques républicaines », ciblant ce faisant les communautés musulmanes pour obtenir des gains politiques à court terme

La semaine dernière, le président français Emmanuel Macron a annoncé son plan contre ce qu’il appelle le « séparatisme islamiste », lequel comprend des mesures telles qu’une « charte des valeurs républicaines », une liste d’« imams approuvés », une taxe sur les pèlerinages et l’interdiction de toute « activité politique » pour les organisations musulmanes.

Pour la première fois dans notre histoire commune, le président demande officiellement aux musulmans de France de choisir entre « être ou ne pas être avec la République », comme s’il existait des doutes concernant leur loyauté envers le pays.

Le gouvernement cherche maintenant à dissoudre le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), la principale organisation de défense des droits humains qui se consacre aux discriminations et aux crimes de haine contre les musulmans.

Cela résume le paradoxe auquel sont confrontés les musulmans de France.

Mesures arbitraires

En tant que citoyen français, je suis toujours partagé entre la nécessité d’expliquer (et parfois de défendre) la complexité de mon pays et le désir de sensibiliser la communauté internationale à ce qui s’y passe véritablement : un glissement rapide vers l’hégémonie de l’extrême droite dans la sphère politique, alors que les dirigeants politiques transforment le racisme structurel en « politiques républicaines », ciblant principalement les communautés musulmanes pour obtenir des bénéfices politiques et électoraux à court terme.

En tant que musulman, je n’ai pas toujours ce choix. Je dois expliquer, avec une infinie patience, que les terroristes n’ont absolument rien à voir avec ma compréhension de l’islam et pourquoi il est, en soi, problématique de demander aux musulmans de se désolidariser de la violence politique, laissant sous-entendre que dans certaines circonstances, ne serait-ce que théoriques, ils pourraient exprimer leur soutien au meurtre de civils, d’innocents, de professeurs, d’enfants… et à toutes sortes d’actes de barbarie perpétrés par les terroristes. 

En France, la sécurité et la liberté sont désormais opposés, comme s’il s’agissait de concepts mutuellement exclusifs. Le gouvernement français applique des mesures arbitraires et enfreint les libertés fondamentales, notamment lorsque le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin admet lui-même qu’il utilise des ressources étatiques à des fins politiques, menant des perquisitions dans des mosquées, au domicile de musulmans et au siège d’organisations islamiques qui n’ont rien à voir avec le terrorisme, dans l’unique but d’« envoyer un message ».

Quel message le gouvernement français veut-il nous envoyer, à l’échelle nationale et internationale, lorsque les organisations de défense des droits humains œuvrant contre l’islamophobie sont dissoutes et désignées comme « un ennemi de la République », pour le simple fait d’avoir critiqué la politique du gouvernement ? 

Instrumentalisation des idéaux


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