Haine, arbitraire : nous ne céderons rien (LDH)
29 Octobre 2020 , Rédigé par Repères anti-racistes Publié dans #Police Justice, #Islamophobie
Communiqué LDH
Samuel Paty avait fait vocation de transmettre les valeurs de la République. L’horreur de sa décapitation nous frappe au cœur de notre attachement à la République.
La Ligue des droits de l’Homme (LDH) veut d’abord rendre hommage au pédagogue qui lui avait demandé de venir dans ses cours illustrer ce que sont les droits de l’Homme.
Mais à quoi sert de se réunir autour de Samuel Paty, à quoi servent notre colère et notre révolte si, en même temps, la haine désigne des boucs émissaires, la liberté d’expression est sommée de se censurer et l’arbitraire est publiquement revendiqué ?
La vengeance n’a pas sa place dans l’impérieuse nécessité de répondre aux défis que nous lancent celles et ceux qui ont fait de la mort et du fanatisme leur drapeau au nom d’une vision politique et dévoyée de l’Islam.
C’est pourtant ce qui guide ceux qui nous gouvernent comme celles et ceux qui déversent leur haine comme on l’a rarement vu dans notre pays.
S’en prendre à l’agencement des rayons des supermarchés n’est pas seulement ridicule et indécent mais n’a rien à voir avec la lutte contre les actes de terrorisme. En revanche, l’auteur de cette trouvaille, sous couvert de dénoncer le marketing capitaliste, fait le choix de présenter les consommateurs de produits hallal ou cascher comme des français différents des autres.
« Faire passer un message » ou « déstabiliser une mouvance », cela nous rappelle les débordements injustifiés et improductifs de l’état d’urgence imposé après les attentats de novembre 2015, mais cela n’a rien à voir avec l’exercice normal de la loi et des pouvoirs de police.
Jeter en pâture le nom d’associations sans qu’aucun lien avec le crime commis ne soit invoqué, c’est faire de celles-ci des cibles destinées à être mises au banc de la société et faire de la liberté d’association un danger dont il faudrait restreindre l‘exercice.
Cette parole gouvernementale qui oscille entre mépris du droit et culpabilité présumée en raison d’une religion ou d’une origine, conduit à empêcher tout débat sur les politiques mises en œuvre depuis des décennies tant pour mettre un terme aux discriminations qui minent le pacte républicain que pour mieux assurer notre sécurité. Pire, elle a libéré la parole de celles et ceux qui, depuis des décennies, proclament à tout va que l’Islam et avec lui toutes les femmes et hommes de cette foi ou de cette culture sont hors les lois de la République.
Ainsi, tel essayiste n’hésitera pas à soutenir que ne pas partager cette opinion conduit à être intellectuellement responsable des actes de terrorisme, telle autre, qui n’hésite pas à gommer le caractère raciste d’une agression dès lors que les victimes sont des femmes arabo-musulmanes, enfourchera la même rhétorique, tous deux étant confortés par une chaine de télévision qui, en toute impunité, a fait du racisme son fonds de commerce.
Dans cette infernale logique qui divise notre pays entre communautés opposées, entre eux et nous, il n’est pas étonnant que les défenseurs de l’Etat de droit soient traités de « droits de l’Hommiste » et que la constitution et les conventions internationales deviennent des textes dangereux qu’il faudrait dépasser.
C’est aussi de cette manière qu’on en vient à réécrire, dans un but d’exclusion, les principes fondateurs de la République et à qualifier certaines de ses institutions de « complices du terrorisme ».
Au bout de cette logique, ce sont ceux que nous combattons qui finiront par triompher d’une République qui aura abandonné tous ses principes.
Si nous avons effectivement à cœur de renforcer l’Etat de droit et de protéger notre démocratie, il faut interrompre ce processus mortifère.
Mener le combat contre les actes de terrorisme dans le respect de l’Etat de droit implique une autre ambition, celle de voir la République reconnaître tous ses enfants à égalité de droits et celle de mettre en adéquation les réalités avec la promesse républicaine de liberté, d’égalité et de fraternité.
La LDH, à qui 120 ans d’existence ont appris à ne rien céder des principes sur lesquels elle a été fondée, poursuivra son action en ce sens.
Paris, le 27 octobre 2020
Haine, arbitraire : nous ne céderons rien - Ligue des droits de l'Homme
Samuel Paty avait fait vocation de transmettre les valeurs de la République. L'horreur de sa décapitation nous frappe au cœur de notre attachement à la République. La Ligue des droits de l'Hom...
https://www.ldh-france.org/haine-arbitraire-nous-ne-cederons-rien/
Partager cet article
Partager cet article
Suivez-moi
Newsletter
Abonnez-vous pour être averti des nouveaux articles publiés.
Pages
Catégories
- 786 Extrême-droite
- 688 Islamophobie
- 574 Étrangers et immigrés
- 371 Antisémitisme et négationnisme
- 370 Racisme
- 349 Police Justice
- 320 Palestine
- 308 Palestine Solidarité en France
- 299 Internet
- 294 Colonisation
- 265 Palestine BDS
- 246 Informations militantes
- 234 Israël et le sionisme
- 233 Palestine Colonisation occupation
- 216 MRAP
- 202 Front national
- 196 Proche et Moyen-Orient
- 174 Algérie (1830-1962)
- 170 MRAP expressions plurielles
- 164 "Gauche" décomplexée
- 159 Antiracisme politique
- 153 Palestine Gaza
- 145 Afrique
- 141 Repères antiracistes. Le Blog
- 126 Mouloud Aounit
- 121 Initiatives locales
- 118 Mémoire Seconde guerre mondiale
- 117 LDH Ligue des droits de l'homme
- 115 Politique française
- 112 Libertés
- 104 Amériques
- 104 Europe
- 100 Laïcité
- 100 Roms migrants
- 99 Questions internationales
- 95 Quartiers populaires
- 84 Société française
- 80 Palestine Prisonniers
- 80 Réfugiés et droit d'asile
- 79 Mouvements antiracistes
- 77 "Racisme anti-blanc"
- 74 Hommages
- 68 Maghreb
- 64 LICRA
- 64 Tsiganes et voyageurs
- 54 CRIF
- 53 FUIQP
- 51 Identitaires
- 48 Monde arabe
- 47 Macron et LREM
Commenter cet article