Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Repères contre le racisme, pour la diversité et la solidarité internationale

FAUDA : essai sur la série israélienne Fauda (Bernard Favier)

29 Octobre 2020 , Rédigé par Repères anti-racistes Publié dans #Palestine Colonisation occupation

Je commencerai ce travail d’analyse en citant une intervention d’Elias Sanbar lors d’un entretien à l’iReMMO, autour du « plan Trump » pour la Palestine, en compagnie de Dominique Vidal. Elias Sanbar est Ambassadeur de la Palestine auprès de l’UNESCO  mais il est aussi un grand cinéphile. A l’occasion de ce rendez-vous, Elias Sanbar  a évoqué la similitude qu’il existait entre les deux colonisations : américaine et israélienne. Je le cite :

« Il y a quelque chose de très profond  entre les Etats Unis et Israël, ces deux pays sont nés de la même façon, les deux sont nés d’une colonisation. L’effet de miroir qui dit aux USA combien ils sont légitimes se reflète exactement dans l’œil d’Israël. Ces deux pays sont nés d’une colonisation de remplacement et non de la colonisation  de peuples autochtones. Et dans l’histoire américaine, chose fabuleuse, quand ils arrivent il y a 400 nations indiennes capables d’exploiter toutes les ressources. Ils les déciment et font venir pour la main d’œuvre des esclaves noirs d’Afrique. Il y a bien quelque chose là de commun, parce que quand les Belges arrivent au Congo ils ne le vident pas ils l’exploitent, comme ont pratiqué les Anglais en Inde. Il  y a, donc, un phénomène de reconnaissance. Ces deux pays, Israël et les Etats – Unis pensent qu’il sont tous les deux la quintessence du bien, doublé d’une mission divine. Ne jamais oublier qu’Israël est né en réponse à la barbarie nazie, donc, dans le camp du bien ».

Je vais tenter, à partir de ce qui pourrait être un postulat sur l’occupation de l’espace et l’accaparement des ressources, de voir à travers une série qui se revendique comme  une œuvre de fiction, mais, in fine,  pas tant que çà, comment ces deux pays ont tenté, et pour les Etats–Unis réussi, grâce à un genre cinématographique, le Western,  à faire imprimer la légende comme étant le récit de leur histoire. Fauda serait alors une sorte de miroir du western américain tendu aux spectateurs, dans un autre temps et dans d’autres lieux. A ceci prés que, lorsque le western devient un genre de cinéma triomphant, les Indiens ont déjà été exterminés. La mission du  Western consistera, exclusivement, à favoriser la substitution de la légende à l’histoire. Les Palestiniens, eux,  malgré la Nakba de 1948, l’expulsion très violente et meurtrière de plus de huit cent mille d’entre eux, sont encore là.

Le principe de cette série consiste, à partir d’un groupe d’une dizaine  hommes et deux femmes, à constituer une Unité d’infiltration dont  les missions seront d’intervenir en territoire palestinien. Ces missions d’infiltration en territoire ennemi ne sont pas totalement effectuées en terre inconnue puisqu’elles interviennent sur des espaces déjà occupés par l’armée israélienne, même si la série fait politiquement l’impasse sur cette occupation, sauf à deux ou trois exceptions. Le  principe de l’infiltration est simple. Une équipe soudée  parfaitement bilingue arabe/hébreu, allant parfois jusqu’à se grimer pour paraitre plus arabe, une équipe surarmée et équipée de tous les moyens de transmission et d’observation les plus sophistiqués, va traquer des Palestiniens armés. Mais ce qui est criant, c’est bien  la disproportion des moyens dont chaque camp dispose. Surarmement sophistiqué et techniques dernier cri côté israélien, armement rudimentaire avec au passage une note certainement issue du scénario comme  une marque de fabrique du terrorisme, un penchant pour les explosifs  côté palestinien. Au final ce qui caractérise ces trois saisons, c’est qu’elles sont toutes les trois, imprégnées de ce qui pourrait être l’inconscient d’Israël. Le récit devient, de bout en bout, une métaphore permanente de l’occupation, par l’occupation de l’espace mais , en plus , par une occupation jusqu’à saturation de l’écran par l’Unité d’infiltration au détriment des Palestiniens, à laquelle assistent nos regards, par nature impuissants.

FAUDA Saison 1

lire la suite

Partager cet article

Commenter cet article