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Repères contre le racisme, pour la diversité et la solidarité internationale

Le procès des attentats de janvier 2015 s’ouvre dans un climat réactionnaire et islamophobe (Paul Morao)

3 Septembre 2020 , Rédigé par Repères anti-racistes Publié dans #Police Justice, #Islamophobie

Hier s’ouvrait à Paris le procès des attentats de Charlie Hebdo, de Montrouge et de l’Hyper Cacher. 14 prévenus suspectés de complicité avec les auteurs des attentats seront jugés. Un procès historique qui s’ouvre dans une période d’offensive réactionnaire du gouvernement, et qui commence déjà à être instrumentalisé à des fins islamophobes.

5 ans après les attentats, l’ouverture d’un procès historique

Entre le 7 et le 9 janvier 2015, trois attentats étaient menés en Île-de-France et faisaient 17 morts, 22 blessés et de nombreux traumatisés. Au lendemain de l’attaque par les frères Kouachi de la rédaction de Charlie Hebdo le 7 janvier - qui allait faire douze morts, incluant un agent de maintenance, onze collaborateurs du journal puis un policier - Amédy Coulibaly tue une policière à Montrouge, avant de prendre en otage le 9 janvier dix-sept personnes dans un magasin Hyper Cacher et d’en tuer quatre. Le jour même, les frères Kouachi ainsi qu’Amédy Coulibaly sont tués respectivement par les agents du GIGN et par le RAID et la BRI.

Cet événement d’une violence inouïe, produit de la barbarie impérialiste au Moyen-Orient qui constitue le terreau des organisations terroristes responsables de ces attaques (Al Qaïda au Yemen et Daech), allait ouvrir une période réactionnaire, marquée par les injonctions à l’« unité nationale ».

Symbole de l’époque, le fameux slogan « Je suis Charlie », rapidement transformé en injonction visant les musulmans suspectés de sympathie avec les terroristes, et la marche du 11 janvier rassemblant 2 millions de personnes, ouverte par un cortège de tête des plus réactionnaires réunissant aux côtés de François Hollande, Nicolas Sarkozy, David Cameron, Mariano Rajoy, Matteo Renzi, Angela Merkel, Benjamin Netanyahou, Ali Bongo, Viktor Orban et autres puissants. Une récupération gouvernementale de grande ampleur de la vague d’indignation légitime qu’avaient suscité les attentats à laquelle à l’époque le NPA, Lutte Ouvrière, Alternative Libertaire et quelques autres avaient refusé de prendre part. Autre symbole, la loi renseignement votée à l’été 2015, et facilitant la surveillance dans le cadre, large et fourre-tout, de la défense de « l’indépendance nationale, l’intégrité du territoire et de la défense nationale, la prévention du terrorisme, les intérêts majeurs de la politique étrangère, la prévention des atteintes à la forme républicaine des institutions, la criminalité et la délinquance organisée ».

Plus de cinq ans après ce drame, c’est un procès d’une ampleur exceptionnelle qui s’ouvre à Paris. « 171 tomes de procédures, 14 accusés dont 11 présents dans la salle, 200 victimes directes ou indirectes des terroristes, et 94 avocats de la défense ou de la partie civile. » rapporte ainsi LCI, pour un procès qui se tiendra sur 49 journées d’audience étalées sur trois mois. Sur le banc des accusés, des suspects de complicité avec les terroristes. Si le procès des attentats réactive ainsi la mémoire du douloureux événement, il se joue par ailleurs dans un contexte marqué par une nouvelle offensive sécuritaire menée par le gouvernement et l’extrême-droite.

Dans ce cadre, les procès sont aussi le terrain d’une bataille politique et médiatique réactionnaire, visant à ressusciter l’unité nationale et à remettre au cœur du débat la suspicion contre les musulmans résidant en France. Si cinq ans après les attentats, la question « être ou ne pas être Charlie » se pose dans le cadre d’un débat a priori moins hystérisé, dans les faits cet événement n’a pas tardé à rouvrir des discussions réactionnaires.

Ouverture du procès des attentats… et de l’offensive contre les musulmans et la gauche ?

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