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Repères contre le racisme, pour la diversité et la solidarité internationale

« Universalisme » républicain, police et racisme : un déni national (Philippe Marlière)

13 Juin 2020 , Rédigé par Repères anti-racistes Publié dans #Police Justice

Le président de LR, Christian Jacob, affirmait dimanche dernier : « on n’a pas de police raciste, ça n’existe pas ». Pourtant, les sciences sociales ont bien montré ces dernières années la présence du racisme dans la police. Pourquoi alors ce déni ? Il tient au refus de reconnaître la race, non comme réalité biologique bien sûr, mais comme construction sociale qui, de fait, classe les personnes.

Comme son homologue américain, la police française tue par asphyxie les jeunes racisés des classes populaires. Les policiers surarmés qui commettent de tels crimes représentent un danger pour la société dans son ensemble. Les fondements de la démocratie vacillent au risque de s’écrouler quand un système politique permet aux dépositaires de la « violence légitime » de se faire justice, de tabasser, de violenter selon leur bon vouloir.

Dans toute autre profession, de telles fautes lourdes et un tel manque de professionnalisme entraineraient une mise à pied, un licenciement et des poursuites pénales immédiates. La police française serait-elle au-dessus des lois ? À la violence physique vient s’ajouter la violence symbolique : les insultes racistes et les vexations (contrôles au faciès à répétition) font partie du répertoire de la police, une sorte d’atavisme culturel policier.

Les enquêtes scientifiques qualitatives consacrées à la police montrent que l’on ne rejoint pas la police parce qu’on est raciste, mais une socialisation prolongée dans cette profession fait basculer nombre de policiers dans le racisme. C’est donc bien le milieu policier, avec sa culture et son modus operandi, qui est raciste. Le racisme dans la police n’est pas conjoncturel ou accidentel (la thèse toujours dominante des « bavures » de « brebis galeuses »), mais systémique : le système policier est violent et raciste, et forme des cadres qui le deviennent. Il s’agit donc d’un problème politique de premier ordre. On pourrait ajouter que la culture policière en France participe d’un basculement progressif et qualitatif vers l’extrême-droite. Des études électorales établissent qu’une majorité de policiers vote pour le Rassemblement national.

Dans un pays où les autorités politiques s’enorgueillissent de ne jamais parler de race (la République est colour-blind ce qui implique, tacitement, que le/la citoyen·ne typique est blanc·hes), la police apparaît obsédée par la race. Dans un pays où il est interdit de recenser l’origine ethnique des individus (ce qui empêche l’État de mesurer les discriminations dont sont victimes les personnes racisées), les policiers voient partout des « bougnoules », des « négros » et des « youpins ». Refuser de connaître l’ampleur des discriminations raciales en décrétant de manière arbitraire que le citoyen français n’a ni couleur, ni culture, ni religion, ni croyances, est un acte de déni. Ce n’est pas en cassant le thermomètre que l’on fait tomber la fièvre. C’est pourtant ce que l’idéologie de la colour-blindness française fait… au nom de l’antiracisme !

Le daltonisme politique n’est autre que l’expression des privilèges des Français·es « de souche ».

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