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Repères contre le racisme, pour la diversité et la solidarité internationale

Le Front populaire d’Onfray – Errements de l’identitarisme (Alain Policar)

6 Juin 2020 , Rédigé par Repères anti-racistes Publié dans #Extrême-droite, #Racisme

Nulle véritable surprise dans le chemin qu’emprunte, désormais sans vergogne, Michel Onfray (« faux philosophe et histrion de la pensée contemporaine », écrit Alain Jugnon, auteur d’un salutaire essai : Contre Onfray) : il est celui, profondément inquiétant, de l’alliance rouge-brun, laquelle, à vrai dire, ne réunit que les bruns déclarés avec d’autres bruns camouflés. Les signes d’internationalisme prolétarien proviennent du seul Onfray, mais on a de bonnes raisons de douter de son engagement, ses déclarations d’amour étant réservés aux ouvriers blancs.

La création de cette revue, Front populaire, avec des collaborateurs qui vont du Rassemblement national au Printemps républicain1, avec la sympathie affichée de la Nouvelle Droite (par la bouche de son leader historique, Alain de Benoist), est l’indice, s’il en fallait encore, de l’offensive national-souverainiste dont les structures intellectuelles se nourrissent de l’identitarisme, c’est-à-dire de la sauvegarde de « nos » valeurs contre celles qui viendraient d’ailleurs. Ce clivage entre « eux » et « nous » s’exprime dans la préférence pour Proudhon contre Marx, tel que M. Onfray la résume : le premier est « issu d’une lignée de laboureurs francs » alors que le second est « issu d’une lignée de rabbins ashkénazes ».

On pourrait s’étonner que ces effluves d’antisémitisme ne gênent pas les militants du Printemps républicain dont la marque de fabrique est sa dénonciation. On aurait tort car, selon eux, il existe un antisémitisme qu’il convient de combattre, celui des quartiers, principalement arabo-musulman, et un autre acceptable, celui de l’extrême droite, car il serait fondé sur l’exaltation des valeurs nationales et ne prêterait, dès lors, guère à conséquence (c’est sans doute une part de l’explication du soutien persistant d’Alain Finkielkraut à Renaud Camus).

Défendre « notre » identité nationale est ainsi devenu le lien consistant entre des courants par ailleurs relativement hétérogènes. C’est désormais le nom du racisme de notre temps. Un temps marqué par la prééminence de l’hostilité sur l’hospitalité. Un temps de nostalgie pour nos racines où nous sommes « invités » à avouer ce qui compte vraiment : « Lorsqu’on me demande ce que je suis au fond de moi-même, cela suppose qu’il y a “au fin fond” de chacun une seule appartenance qui compte, sa “vérité profonde” en quelque sorte, son ”essence” déterminée une fois pour toutes à la naissance et qui ne changera plus ; comme si le reste – sa trajectoire d’homme libre, ses convictions acquises, ses préférences, sa sensibilité propre, ses affinités, sa vie en somme – ne comptait pour rien » (Amin Maalouf, Les identités meurtrières, p. 10-11).

Pourquoi le besoin d’appartenance conduit-il trop souvent à la peur de l’autre et à sa négation ? Pourquoi la revendication d’une identité collective tend-elle à se confondre avec la promotion de celle-ci ou, plus exactement, d’un élément de celle-ci au détriment de tous les autres ? Ce dernier choix (ce terme n’est sans doute pas le plus adapté pour désigner la soumission à des origines largement fantasmées) ne résiste pourtant pas à l’examen. Comment, en effet, ne pas être frappé par la variabilité temporelle de la hiérarchie des éléments identitaires ?

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