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Repères contre le racisme, pour la diversité et la solidarité internationale

La gauche authentique face au néoracisme et au néocolonialisme au 21e siècle (David Pestiau)

4 Juin 2020 , Rédigé par Repères anti-racistes Publié dans #Antiracisme politique, #Mouvements antiracistes, #Racisme, #Étrangers et immigrés

Analyse en 2018 de la situation en Belgique, souvent transposable en France.

En Europe, la gauche authentique ne peut avancer sans avoir une analyse et une stratégie cohérente contre le néoracisme, le courant identitaire de droite et le néocolonialisme.

Au niveau mondial, le rapport de forces a changé de façon considérable dans les trente années qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale, avec un puissant mouvement de décolonisation et un puissant mouvement antiraciste, jusqu’aux États-Unis. En témoigne l’adoption par l’Assemblée générale de l’ONU en 1963 de la Déclaration sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale. Ce texte souligne l’égalité fondamentale de tous les individus et réaffirme que la discrimination entre les êtres humains pour des motifs de race, de couleur ou d’origine ethnique est une atteinte aux droits fondamentaux de la personne. Ce document montre que les classes dominantes ne pouvaient alors plus diffuser et proclamer ouvertement le racisme, comme elles l’avaient fait entre 1850 et la Seconde Guerre mondiale.

Pourtant, à partir des années 80, le racisme — parfois sous de nouveaux habits — et le néocolonialisme sont revenus en force, quasiment en parallèle avec l’offensive néolibérale. Pourquoi ?
La décolonisation, portée par des mouvements de libération nationale, n’a pas apporté l’émancipation attendue. Les anciennes puissances coloniales, mais surtout les États-Unis qui, après la guerre, s’emparent de l’hégémonie, savent que, s’ils ont perdu le contrôle politique direct de leurs empires coloniaux, ils ont encore beaucoup d’instruments pour contrôler le cours économique des ex-colonies et même indirectement leur cours politique (coups d’État, déstabilisation par les services secrets…). Ils « modernisent » leur domination. C’est ainsi qu’on passe, certainement pour le continent africain, d’un régime colonial à un régime néocolonial.

Le célèbre opposant marocain Mehdi Ben Barka a rattaché l’évolution des formes de domination de l’impérialisme à l’évolution économique :

Cette orientation [néocoloniale] n’est pas un simple choix dans le domaine de la politique extérieure ; elle est l’expression d’un changement profond dans les structures du capitalisme occidental. Du moment qu’après la Seconde Guerre mondiale l’Europe occidentale, par l’aide Marshall et une interpénétration de plus en plus grande avec l’économie américaine, s’est éloignée de la structure du 19e siècle pour s’adapter au capitalisme américain, il était normal qu’elle adopte également les relations des États-Unis avec le monde ; en un mot qu’elle ait aussi son “Amérique latine1” .

Le marxiste égyptien Samir Amin pointe cette nouvelle dépendance qui « modernise » le colonialisme :

Ce que l’on appelle l’aide occidentale, ce que l’on appelle les donateurs, les États-Unis, les pays européens, l’Union européenne, le Japon et leurs instruments internationaux imposent aux pays africains la conditionnalité, c’est-à-dire qu’ils ne peuvent accéder au marché mondial qu’à la condition d’accepter que leur politique nationale soit soumise aux principes du libéralisme, à savoir la privatisation de toutes les activités économiques, des services sociaux, l’ouverture incontrôlée au capital, etc. Les Occidentaux prétendent que les pays qui accepteraient ces règles se verraient bénéficier d’un apport de capitaux gigantesques qui permettraient leur développement ; ce n’est pas le cas. Mais cela donne la possibilité du pillage des ressources naturelles du continent africain, non seulement le pétrole et le gaz, mais également les nouvelles ressources naturelles que sont la terre agricole et, on peut dire, l’eau et l’air2. »

Ce développement du néocolonialisme se conjugue avec l’explosion des dettes extérieures, des échanges inégaux, du non-développement d’une industrie propre et avec l’éclatement d’interventions et de guerres impérialistes néocoloniales (Irak, Afghanistan, Libye, Mali, Côte d’Ivoire…)

La crise du capitalisme, la mondialisation et l’immigration

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