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Repères contre le racisme, pour la diversité et la solidarité internationale

De la solution à deux États au plan Trump : ce que le monde n’a pas compris de la cause palestinienne (Qassam Muaddi)

23 Mai 2020 , Rédigé par Repères anti-racistes Publié dans #Palestine

Aujourd’hui, la communauté internationale reste obstinément accrochée à une vision du conflit israélo-palestinien centrée sur la géographie. Une vision qui a réduit la cause palestinienne à une discussion stérile sur les limites d’un territoire morcelé

Que le plan de Trump pour le conflit israélo-palestinien ne tienne pas compte des aspirations nationales des Palestiniens n’est pas une surprise. Qu’il légitime la colonisation israélienne de la Cisjordanie non plus. Encore moins surprenante est la réaction du président palestinien au Conseil de sécurité de l’ONU, où il a comparé la carte du plan Trump à du gruyère.

Pourtant, ce qui intrigue les Palestiniens, ainsi que beaucoup d’autres, c’est de savoir comment ils en sont arrivés là, après un long processus de concessions ayant pour seul but d’obtenir un État. Un but qui semble aujourd’hui plus lointain que jamais.

Ceci est particulièrement déroutant si l’on tient compte du fait que les espoirs palestiniens, au début du mouvement national contemporain, étaient bien plus vastes et optimistes, et ce dans des conditions extrêmement plus adverses.

Du droit au retour à la transformation en État

Au milieu des années 60, à l’ombre de la défaite arabe lors de la guerre des Six Jours, avec très peu de moyens et sans aucune reconnaissance internationale, les Palestiniens reprirent leur lutte, depuis les cendres de la Nakba, la catastrophe de 1948, dont ils s’étaient enfin remis, en espérant tout accomplir. Spécialement le droit au retour des réfugiés, aujourd’hui presque absent du discours officiel de l’Autorité palestinienne (AP), lequel est centré désormais sur la géographie d’une éventuelle solution.

Cette transition peut s’expliquer par le fait que depuis la fin des années 70, l’intérêt du leadership palestinien s’est concentré davantage sur la transformation du mouvement palestinien en État.

 

Comment l’Occident a depuis un quart de siècle fabriqué le plan de Trump pour la Palestine
Lire

 

Dans son ouvrage Armed Struggle and the Search for State: The Palestinian National Movement, 1949-1993, le professeur Yezid Sayigh explique que le but initial du mouvement palestinien n’était pas d’obtenir un État, mais plutôt de conquérir le droit au retour des réfugiés puis, ensuite, d’établir une Palestine égalitaire, démocratique et laïque sur tout le territoire de la Palestine mandataire. Un but expliqué dans le programme politique de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) en 1968.

Pourtant, explique Sayigh à l’aide de la documentation de l’époque, la question de la représentation politique des Palestiniens – et la légitimité de l’exercer – devint de plus en plus importante après la guerre de 1967.

La recherche, par l’OLP, de cette légitimité pour parler au nom des Palestiniens, les organiser et administrer leur quotidien dans les camps s’appuya sur la lutte armée. Pendant près de vingt ans, celle-ci joua, pour l’OLP, le rôle que le sol devrait jouer dans la constitution d’un État dans des conditions normales.

Selon Sayigh, autour de la lutte armée de l’OLP se construisit, progressivement, un vaste système bureaucratique qui adopta de façon de plus en plus claire les caractéristiques d’un État. Cependant, la constitution de cette structure demeurait à l’époque, dans la logique palestinienne, un moyen, avec le retour des réfugiés comme but stratégique.

L’État palestinien, but ou moyen ?

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