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Repères contre le racisme, pour la diversité et la solidarité internationale

Orban réécrit l’histoire de la Shoah en Hongrie (Jean-Pierre Filiu)

13 Avril 2020 , Rédigé par Repères anti-racistes Publié dans #Antisémitisme et négationnisme, #Mémoire Seconde guerre mondiale, #Europe, #Hongrie

Le Premier ministre hongrois espère que l’ouverture en 2021 d’un musée très controversé sur la Shoah à Budapest contribuera à sa réélection, l’année suivante.

Viktor Orban est accusé d’avoir fait de la Hongrie la première « non-démocratie »  de l’Union européenne, depuis que la crise du coronavirus lui a permis de s’attribuer les pleins pouvoirs pour une durée illimitée. Premier ministre depuis 2010, après avoir déjà exercé le pouvoir de 1998 à 2002, Orban s’est posé dès 2014 en chantre de la « démocratie illibérale » et d’un populisme très critique envers ses partenaires européens. Une telle régression démocratique se déroule alors qu’Orban s’est lancé dans une vaste entreprise de révision de l’histoire de la Shoah.

LE PETAIN HONGROIS

Orban s’est employé depuis de longues années à réhabiliter l’amiral Miklos Horthy, régent du royaume de Hongrie de 1920 à 1944. Très proche de l’Italie fasciste, puis de l’Allemagne nazie, Horthy promulgue à partir de 1938 toute une série de lois antisémites. Il participe au dépeçage de la Tchécoslovaquie, en 1938, de la Roumanie, en 1940, et à l’invasion de la Yougoslavie, en 1941, année de son intégration à l’Axe hitlérien. Qualifié par « Le Monde » de « Pétain hongrois », Horthy autorise, en mai-juillet 1944, la déportation de 437.000 Juifs de Hongrie, pour la plupart vers Auschwitz-Birkenau. Quelque deux cent mille fonctionnaires hongrois sont mobilisés, sous occupation allemande, pour ce qui est la plus importante et la plus rapide des opérations de déportation de toute l’histoire de la Shoah. Horthy est renversé en octobre 1944 par les nazis hongrois des « Croix-fléchées ». Accueilli en 1945 par le dictateur Salazar, Horthy meurt exilé au Portugal en 1957. Au total, 565.000 Juifs hongrois ont été exterminés durant la Shoah.

Orban qualifie pourtant Horthy, en 2017, d’  « homme d’Etat exceptionnel ». Il a auparavant laissé des élus de son parti rendre hommage par des statues ou des noms de rues à l’ancien régent. Il a lui-même, en 2014, imposé sur la place de la Liberté de Budapest un « mémorial des victimes de l’invasion allemande », où un aigle allemand attaque un ange Gabriel hongrois, comme si l’ensemble des Hongrois avaient été victimes des nazis, sans aucune mention des Juifs. Elie Wiesel, prix Nobel de la Paix et rescapé de l’Holocauste, avait alors protesté, comme d’autres personnalités juives, contre une telle réécriture de l’Histoire. En cette même année 2017 où il couvre Horthy d’éloges, Orban lance une virulente campagne contre le philanthrope américain George Soros, lui-même un survivant de l’Holocauste en Hongrie. Orban recycle les clichés antisémites les plus nauséabonds, accusant Soros de diriger un « réseau de spéculateurs internationaux », du fait de son soutien aux libertés en Hongrie.

LA MAISON DES DESTINS

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