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Repères contre le racisme, pour la diversité et la solidarité internationale

Le fond de l’air est gris: «grand remplacement» et islamophobie au temps du Covid-19 (Olivier Le Cour Grandmaison)

2 Avril 2020 , Rédigé par Repères anti-racistes Publié dans #Islamophobie

Philo-idéologues doublés de dangereux démagogues qui attisent mépris, indignation et colère, pensés par beaucoup, comme les courageux défenseurs de la laïcité, de la République et de la France... Retour sur les dernières sorties d'Alain Finkielkraut et Michel Onfray. Convaincus d’avoir atteint les sommets de la philosophie, ils la travestissent.

« Une affection n’est mauvaise ou nuisible qu’en tant qu’elle empêche l’âme de penser. » Spinoza, Ethique, V, IX, démonstration

« Ameuter les masses, lancer les foules est un exercice d’autorité non moins étranger à la raison que d’amasser quelque majorité (…). Nous sommes aujourd’hui sous le gouvernement de la démagogie beaucoup plus que sous le gouvernement de la démocratie. » Ch. Péguy, De la raison, 1901.

Sans doute un peu naïvement, certains pensaient que, privés d’émissions radiophoniques et télévisuelles en raison du confinement, les bateleurs et les bavards médiatiques seraient contraints de réduire le débit de leurs logorrhées et de tempérer la virulence de leurs diatribes. Plus encore, que ces chantres de la nation, qu’ils prétendent incarner, seraient sensibles aux appels à l’union lancés par le chef de l’Etat. Il n’en est rien. Ils persévèrent. Certains dans la presse écrite, d’autres dans divers médias en ligne car eux savent, qu’au-delà des événements présents, perdurent des maux d’une autre nature, lesquels exigent de ne pas baisser la garde car ils sont autant de dangers majeurs pour l’intégrité du pays.

Fort de son double statut de philosophe et « d’immortel », depuis qu’élu à l’Académie française il peut porter l’habit vert, se coiffer d’un « bicorne à plumes d’autruches noires frisées à la main » et lutter contre les causes de la décadence nationale grâce son épée[1]valeureuse, Alain Finkielkraut poursuit son combat titanesque au service de la France et de la République. N’écoutant que son courage, le Charles Martel du quai de Conti ne cesse de ferrailler aux avant-postes pour repousser ceux qui, inlassablement, cherchent à ruiner, y compris au plus fort de la crise sanitaire, l’identité de l’une et l’unité de l’autre. Grâce à lui et à quelques autres du même tonneau, « le nihilisme n’a pas encore vaincu. » Et pour étayer cette proposition générale d’une preuve probante, le même ajoute dans un entretien accordé au Figaro : « nous demeurons une civilisation[2]. »

Admirable. Cette dernière n’est jamais aussi grande que lorsqu’elle est confrontée à des épreuves majeures, bien sûr. Grossière contribution apportée à une mythologie nationale-républicaine recuite. Vainqueur aujourd’hui confiné, certes, mais vigilant toujours car les périls subsistent, ce vaillant chevalier ne se laisse pas ennivrer par cette victoire arrachée de haute lutte. Si une bataille a été remportée, le moment n’est pas encore venu de ranger le fer au fourreau car « nous avons des ennemis, bien réels, bien humains ». Où se trouvent-ils ? Ils sont massés aux portes de l’Europe. Qui sont-ils ? Les migrants utilisés par « le sultan du Bosphore » qui veut « notre submersion » ; nous « aurions tort » de l’oublier.

Grossière écholalie et orientalisme de comptoir. Tous deux mobilisent un imaginaire de la croisade et d’anciennes représentations qui ont fait de l’Orient, réputé par essence despotique, hostile au libre exercice de la raison comme au progrès des sciences et des techniques, l’envers absolu d’un Occident prétendument honni pour sa liberté et sa précellence, et pour cela combattu à la pointe de l’épée par les sectateurs du prophète Mahomet.

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