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Repères contre le racisme, pour la diversité et la solidarité internationale

BHL d’Arabie (Sébastien Fontenelle)

4 Mars 2020 , Rédigé par Repères anti-racistes Publié dans #Questions internationales, #Proche et Moyen-Orient

Une visite à Riyad · Le 15 février 2020, quelques jours avant qu’une série de raids de l’alliance militaire menée par l’Arabie saoudite ne fasse des dizaines de victimes civiles au Yémen où cette coalition poursuit depuis de longues années une guerre atroce, Bernard-Henri Lévy était à Riyad. Non pour dénoncer ces crimes de guerre, mais pour plaider une « alliance » avec le régime.

Le bilan de « BHL » comme réalisateur de cinéma et auteur de théâtre reste contrasté. En 1997, par exemple, son long-métrage Le Jour et la nuit avait été qualifié de « plus mauvais film français depuis des décennies » — ou plus simplement de « navet ». Quelques années plus tard, en novembre 2014, sa pièce Hôtel Europe, qui devait initialement être jouée jusqu’à la toute fin du mois de janvier 2015 était retirée de l’affiche du théâtre parisien de l’Atelier, faute de spectateurs.

Il excelle, en revanche, dans la mise en scène de lui-même : inlassablement, il exhibe sa vie sur Twitter, à grand renfort de photos dont il est presque toujours le personnage central. Et lorsque ses excursions le mènent vers des pays en guerre, d’où il rapporte, depuis quelques mois, des « reportages » pour l’hebdomadaire Paris Match qui appartient à son ami Arnaud Lagardère, il se fait plus prolixe encore. Le 9 janvier 2020, par exemple, il annonce sur Twitter la parution dans ce magazine de son « reportage avec les Kurdes, pris entre Iran et Turquie ». Six jours plus tard, le 15 janvier, il rappelle que le numéro de Paris Match dans lequel a été publié son « reportage sur les Kurdes » qui « ont tenu tête (…) à Erdoğan et à ses tueurs » est toujours disponible, « pour encore quelques heures ».

Silence sur le Yémen

Le mois suivant, rebelote : le 12 février, il annonce dans un tweet la publication dans Paris Match de l’article qu’il a rapporté du « voyage au bout de la nuit sur la ligne de front en Ukraine » durant lequel il a vu, d’un côté, « les soldats impavides d’une République et d’une idée de la liberté européenne », et « de l’autre, un Jurassic Park soviétique et les soudards de Poutine ». Puis, le 14 février, il rappelle : « Je poursuis mes reportages, pour Paris Match, sur les “guerres où se joue notre destin“ […] en Ukraine de l’est, où des Européens d’âme et de cœur tiennent tête à Poutine ».

Pourtant, lorsqu’il se rend à Riyad en ce même mois de février, BHL, pris de discrétion, et au rebours, donc, de son ordinaire, ne mentionne d’abord pas ce déplacement : c’est un tweet du ministère saoudien des affaires étrangères qui révèle que « l’écrivain et intellectuel français Bernard-Henri Lévy » a été reçu par le ministre Adel Al-Joubeir, et que les deux hommes ont procédé à un « échange de vues sur un certain nombre de sujets régionaux et internationaux ».

Il est vrai que durant ce séjour, « Bernard », comme l’appellent, dit-on, ses amis, a quelque peu dérogé à ses habitudes. Car, étonnamment, ce n’est pas du tout dans le cadre d’un reportage sur l’horreur d’une guerre dans laquelle, selon Amnesty International « la coalition emmenée par l’Arabie saoudite (…) a bombardé des infrastructures civiles et mené des attaques aveugles, faisant des centaines de morts et de blessés parmi la population civile » yéménite qu’il a fait ce voyage. Mais pour répondre, comme il le racontera finalement dans l’hebdomadaire Le Point sans mentionner qu’il a également été reçu au ministère des affaires étrangères, à une invitation du King Faisal Center, où il est allé, assure-t-il, « plaider la cause des Kurdes ». Lui-même le précise, toujours dans Le Point : « même pour les Kurdes », il n’aurait pas répondu à cette invitation il y a dix ou même cinq ans.

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