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Repères contre le racisme, pour la diversité et la solidarité internationale

« L’État d’Israël contre les Juifs » - 3 questions à Sylvain Cypel (Pascal Boniface)

29 Février 2020 , Rédigé par Repères anti-racistes Publié dans #Israël et le sionisme, #Antisémitisme et négationnisme

« L’État d’Israël contre les Juifs » - 3 questions à Sylvain Cypel (Pascal Boniface)

Ancien directeur de la rédaction de Courrier international et rédacteur en chef au journal Le Monde, Sylvain Cypel a couvert les premières années de la seconde Intifada et a été correspondant pour le journal Le Monde aux États-Unis de 2007 à 2013. Il répond à mes questions à l’occasion de la parution de son ouvrage « L’État d’Israël contre les Juifs », aux éditions La Découverte.

1/ Vous relevez un paradoxe : Netanyahou s’acoquine avec les antisémites les plus avérés tout en accusant ceux qui émettent la moindre critique à l’égard de son gouvernement « d’antisémites » ...

C’est effectivement un paradoxe sidérant. Lorsque, à l’été 2017, le gouvernement conservateur nationaliste de Victor Orban mène en Hongrie une campagne diffamatoire aux relents clairement antisémites contre le financier américain George Soros, l’ambassadeur israélien lui demande d’y mettre fin. Que fait Nétanyahou ? Il condamne fermement… son propre ambassadeur, lui demandant de s’excuser publiquement. Car Netanyahou se préoccupe peu de l’antisémitisme qui monte en Hongrie. L’essentiel pour lui, a consisté à conforter ses liens avec toute la mouvance dite « identitaire » à travers le monde, de Trump à Orban, du Brésilen Bolsonaro à l’Indien Modi. Et les régimes qu’ils dirigent sont tous fascinés par la politique que mène Israël sur le plan de « l’identité » nationale, une politique leur apparait comme un modèle d’ethnicisme agressif. Israël n’a-t-il pas adopté, en 2018, une loi sur « l’État-nation du peuple juif » qui octroie aux citoyens juifs de l’État, des droits dont ne disposent pas les citoyens qui ne sont pas juifs ? Or nombre de ces régimes charrient aussi, à des degrés divers, des propensions antisémites. Mais Israël, si prompt à accuser toute critique d’antisémitisme, se tait dans leur cas. Lorsqu’un suprémaciste blanc américain tue 11 Juifs dans un attentat à Pittsburgh en octobre 2018, la première réaction de Ron Dermer, l’ambassadeur israélien à Washington, très proche de Nétanyahou, consiste à… dénoncer l’antisémitisme des musulmans, sans dire un mot sur l’antisémitisme suprémaciste blanc américain. L’explication : l’islamophobie est devenue le ciment qui relie cette extrême-droite coloniale sioniste, devenue très puissante en Israël, avec les suprémacistes blancs aux États-Unis comme avec les mouvances identitaires, en Inde, en Hongrie et ailleurs. Comme l’a souligné la députée du Likoud Anat Berko en février 2019 : « Ils sont peut-être antisémites, mais ils sont de notre côté ». Il en va de même du lien puissant qui unit désormais les dirigeants israéliens et la mouvance évangélique dans le monde.

2/ Vous écrivez que, pour beaucoup, la « déshumanisation du Palestinien » devient le seul moyen de préserver l’estime de soi. De quelle manière ?

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