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Repères contre le racisme, pour la diversité et la solidarité internationale

#JeNeSuisPasUnVirus: aux origines du racisme anti-asiatique (Célia Héron, Nicolas Bancel)

1 Février 2020 , Rédigé par Repères anti-racistes Publié dans #Racisme

Un «racisme décomplexé» a été dénoncé ces derniers jours par les communautés asiatiques de plusieurs pays européens, alors que l’épidémie de coronavirus et les risques de contagion faisaient les gros titres. L’historien Nicolas Bancel revient sur le faisceau d’images stéréotypées inscrites dans l’inconscient collectif et réactivées par l’actualité

Il y a d’abord eu la une du quotidien français le Courrier picard, sur laquelle on a pu lire «Coronavirus chinois: alerte jaune», accompagné d’un édito intitulé «Le péril jaune» (suivis d’excuses). Puis les appels à rester éloigné des enfants et commerces chinois sur les réseaux sociaux italiens. Les remarques racistes en pleine rue visant les personnes d’origine asiatique – toutes nationalités confondues – en France, relayées par la presse internationale. En ligne, les témoignages se multiplient, décrivant des situations ahurissantes accompagnées du mot-dièse #JeNeSuisPasUnVirus.

Comment en est-on arrivé là? Dans quelle mesure l’actualité, d’une part, et son traitement médiatique, d’autre part, réactivent-ils un racisme latent et son cortège d’images stéréotypées ancrées dans l’imaginaire collectif? Nicolas Bancel, professeur spécialiste de l’histoire coloniale à l’Unil, répond à nos questions.

Le Temps: Quel regard portez-vous sur les anecdotes racistes rapportées par les personnes d’origine asiatique, notamment en France, depuis que la couverture du coronavirus monopolise l’attention médiatique?

Nicolas Bancel: On observe, de façon générale, la libération d’une parole raciste «décomplexée» en France, mais aussi dans de nombreux pays européens ou aux Etats-Unis. Les mouvements et partis de la droite extrême ou populiste ont le vent en poupe. Cela traduit une «peur de l’autre», qui semblait plutôt se focaliser jusqu’alors sur les communautés africaines, en particulier musulmanes. En ce qui concerne les communautés asiatiques, on peut même dire qu’un certain nombre de traits «positifs» étaient projetés sur elles: la discrétion, la rigueur, la détermination à réussir scolairement. Mais ces stéréotypes prétendument «positifs» ont toujours leurs pendants négatifs, qui s’expriment aujourd’hui. Cela montre simplement qu’ils n’ont pas disparu, qu’ils constituent un répertoire toujours réactivable…

De quels stéréotypes parlez-vous?

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