« Avec le plan de Trump pour le Proche-Orient, les masques tombent » (Noura Erakat)
17 Février 2020 , Rédigé par Repères anti-racistes Publié dans #Palestine
Noura Erakat, avocate américaine d’origine palestinienne, répond aux questions de « L’Orient-Le Jour », suite à la présentation du deal du siècle.
Propos recueillis par Soulayma MARDAM BEY | OLJ | 11/02/2020.
Noura Erakat est une avocate américaine d’origine palestinienne et professeure adjointe à la Rutgers University aux États-Unis. Dans son dernier ouvrage Justice for Some : Law and the question of Palestine (Stanford University Press, 2019) elle porte un nouveau regard sur le droit international et la question palestinienne, suggérant une vision qui puisse garantir la justice, la dignité et la liberté pour tous en Israël et en Palestine.
Elle répond aux questions de L’Orient-Le Jour, suite à la présentation du plan américain pour le Proche-Orient.
Le plan de « paix » américain pour le Proche-Orient a suscité un tollé, bien que son contenu ne change pratiquement rien sur le terrain pour les Palestiniens. Pourquoi pensez-vous qu’il ait indigné autant de monde et dans quelle mesure s’agit-il d’un renversement de la position traditionnelle américaine sur la Palestine ?
Il y a deux raisons à cette indignation.
La première peut être imputée à la manière dont le processus de paix et le discours libéral (NDLR : l’avocate fait ici référence au discours progressiste dominant dans l’establishment américain, notamment démocrate) autour de la paix ont dissimulé les faits sur le terrain.
La carte présentée par l’administration Trump est terrible pour les Palestiniens, mais elle reflète les conditions qu’ils endurent déjà. Il y a déjà une annexion de facto de la vallée du Jourdain et du reste de la zone C. Pour un public libéral, et notamment pour les administrations américaines précédentes qui ont rendu cette réalité possible, je pense que cela est lié à la croyance que tous ces faits sur le terrain ne sont que temporaires, le temps que des négociations finales soient conclues. Or il était irresponsable de croire qu’autoriser Israël à poursuivre ses opérations coloniales serait toujours temporaire. C’est ce que toutes les administrations, depuis 1967 jusqu’à nos jours, ont rendu possible en disant une chose et son contraire : d’un côté, elles disaient que les colonies sont illégales et contre-productives pour la paix ; de l’autre côté, elles fournissaient à Israël une aide financière, militaire et diplomatique sans équivoque. Et nous, en tant que Palestiniens, universitaires et militants critiques, nous avons dit que ces deux choses s’excluent mutuellement.
L’administration Trump s’empare de la politique américaine et dit qu’il faut arrêter de jouer cette comédie. Avec Trump, les masques tombent.
La seconde raison, liée à la première, relève de la simple indignation libérale. Il est très facile de se mettre en colère contre Donald Trump. Mais si Hillary Clinton avait fait la même chose, s’il y avait eu plus de concessions, si elle avait impliqué un peu plus les Palestiniens de telle sorte que le plan n’apparaisse pas aussi raciste et exclusif, peut-être que les libéraux auraient pu y souscrire.
Le flanc libéral du lobby pro-israélien basé aux États-Unis était totalement d’accord avec le fait que l’administration Obama augmente l’aide à Israël de 3 à 3,8 milliards de dollars. Le flanc libéral était totalement d’accord pour attaquer le mouvement Boycott, désinvestissement et sanctions (BDS). Les libéraux disent maintenant qu’ils s’opposent au plan américain. Non pas parce qu’ils se soucient des Palestiniens, mais parce que si ce plan siffle la fin de la partie, cela signifie que nous faisons face à une réalité à un seul État. Or, ils n’en veulent pas. Cette réalité existe de toute façon, mais ils sont dans le déni.
Si la solution à deux États est morte, cela signifie-t-il que le leadership palestinien, en particulier l’Autorité palestinienne (AP), doit changer sa stratégie diplomatique et s’éloigner du paradigme d’Oslo ?
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" Avec le plan de Trump pour le Proche-Orient, les masques tombent "
Noura Erakat est une avocate américaine d'origine palestinienne et professeure adjointe à la Rutgers University aux États-Unis. Un Palestinien agitant son drapeau national en Cisjordanie occupé...
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