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Repères contre le racisme, pour la diversité et la solidarité internationale

Retour sur la Marche contre l’islamophobie. Entretien avec Omar Slaouti

1 Décembre 2019 , Rédigé par Repères anti-racistes Publié dans #Islamophobie

Retour sur la Marche contre l’islamophobie. Entretien avec Omar Slaouti

Le 10 novembre dernier, une marche historique contre l’islamophobie a réuni, pour la première fois, des dizaines de milliers de manifestant·e·s, qui ont reçu le soutien de l’essentiel de la gauche sociale et politique. Le militant antiraciste Omar Slaouti a été l’un des organisateurs de cette marche ; après être revenu sur le contexte qui a motivé cette initiative, il en tire un premier bilan, revient sur les attaques médiatiques et politiques dont elle a fait l’objet, et en interroge les perspectives.

***

Peux-tu d’abord rappeler comment la marche du 10 novembre contre l’islamophobie a été organisée et pourquoi ?

Il y a eu évidemment des éléments déclencheurs dans le contexte, dont le premier a été l’attentat contre la mosquée de Bayonne, mais aussi les propos racistes et humiliants d’un élu du RN au conseil  régional de Bourgogne-Franche-Comté contre cette femme et son enfant, le vote au Sénat d’une loi contre des femmes musulmanes, la programmation par Macron d’une journée à l’Assemblée nationale consacrée à l’immigration, et enfin l’autre programmation, celle de Zemmour sur CNews alors qu’il (pour ne pas dire parce qu’il) a été condamné pour incitation à la haine raciale.

À voir l’ensemble, on a dans une même séquence une islamophobie qui émane de l’État, d’institutions politiques locales, des médias et d’un individu armé. Il y a une cohérence d’ensemble et pas simplement une juxtaposition d’actes. Lorsque la mosquée a été attaquée avec des personnes blessées, aucun premier couteau du gouvernement ne s’est déplacé sur les lieux. Lorsqu’un élu prend à partie une femme qui porte un foulard, les sénateurs votent avec une forte majorité l’interdiction pour les femmes musulmanes portant un foulard d’accompagner les enfants en sortie scolaire. Et enfin les mêmes expliquent la légitimité de leur vote ou de leurs discours sur l’immigration par l’avis général de la population (après l’avoir savamment construit), dont l’une des figures – représentant autoproclamé du « bon peuple » – reste Zemmour. L’ensemble est chapeauté par la mise en place de « la société de vigilance » faisant des musulmans et musulmanes, des ennemi-es de l’intérieur et qu’il faudrait débusquer dans tous les espaces publics et privés.

Pour autant, il faut bien saisir que le contexte dépasse cette séquence qui relève coome on le voit, d’un racisme systémique. Depuis des dizaines d’années, les approches culturalistes portées par les droites comme par une grande partie de la gauche submergent tous les espaces sociaux, dont de nombreux médias et certains milieux intellectuels.

Il fallait réagir. Nous nous sommes retrouvés à une trentaine à Saint-Denis dans une réunion présidée par un élu de la ville, Madjid Messaoudène, et en trois semaines, on n’a fait au final que répondre à une demande massive de mobilisation, tant les douleurs chez les premiers et premières concerné·e·s étaient profondes. Ce sondage commandé par le gouvernement lui-même paru dans la même période soulignait que plus de 40% des musulmans avaient été violenté du fait de leur religion et tout particulièrement les femmes portant un foulard puisque 60% d’entre elles en ont été victimes.

Il fallait urgemment collectiviser et politiser ces douleurs ; c’est ici que les initiateurs (dont le CCIF et La plateforme : Les Musulmans) de l’appel paru dans Libé ont joué un rôle fondamental et, on espère, fondateur. Nous avions une boussole bien orientée mais nous voulions, tout en étant inclusif dans la démarche, que ce soient les victimes directes de ces attaques qui tiennent la boussole.

 

Quel bilan tires-tu de cette marche ? En quoi est-elle « historique » comme l’ont dit bon nombre d’intervenant·e·s à la tribune ?

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