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Repères contre le racisme, pour la diversité et la solidarité internationale

Les métamorphoses de la question raciale (1/6). Les controverses de la race (Joseph Confavreux)

26 Décembre 2019 , Rédigé par Repères anti-racistes Publié dans #Antiracisme politique, #"Racisme anti-blanc", #Racisme

Médiapart publie une série d'articles sur les questions qui ont divisé les mouvements anti-racistes.

Pourquoi les antiracistes tiennent-ils à employer le mot « race », quand les députés ne veulent plus en entendre parler, au point d’avoir voté le retrait de ce terme de la Constitution ? Cartographie des lignes de front d’une controverse publique et politique parfois décrite comme une guerre civile de basse intensité, prête à exploser. Premier volet de notre série sur la reconfiguration des débats intellectuels et militants autour du racisme et de la question raciale.

« L’offensive des obsédés de la race », titre Marianne. « Les décoloniaux à l’assaut des universités », enchaîne L’Obs. « Le décolonialisme, une stratégie hégémonique », dénonce un appel d’intellectuels dans Le Point, journal qui s’en prend à « ces idéologues qui poussent à la guerre civile ». « Comment le racialisme indigéniste gangrène l’Université », prétend dévoiler le FigaroVox

 

À lire de nombreux titres de la presse française, la France serait au bord de la guerre civile, en raison de l’activisme de minorités issues des anciennes colonies, décidées à dynamiter la République, disloquer l’Universel et mener la lutte des races. Si ces alertes pyromanes étaient réservées à des journaux prêts à flatter l’air du temps zemmourien pour pallier des ventes déclinantes, il serait facile de résumer ces saillies au retour régulier du refoulé raciste et colonial et de se contenter de déplorer la reprise, par des médias et intellectuels davantage mainstream, de l’offensive idéologique de Causeur ou Valeurs actuelles.

Mais cette guerre civile de papier est le reflet d’une inquiétude plus profonde. Parce qu’elle fait écho à des détonations réelles, à l’instar de celles qui ont endeuillé le territoire français lors de plusieurs attentats djihadistes ou de celles qui ont résonné récemment à la mosquée de Bayonne. Parce qu’elle affleure désormais dans les prétoires, comme lorsque la direction de BFM porte plainte contre le chroniqueur de Télérama Samuel Gontier après un tweet jugeant que « la ligne éditoriale de BFMTV s’affermit : racisme, xénophobie et islamophobie à tous les étages ». Mais aussi parce qu’elle percute en profondeur, et parfois reconfigure, les lignes du débat intellectuel et politique.

L’appréhension ou la méfiance vis-à-vis de certains modes d’intervention de personnes dites « racisées » parcourt ainsi désormais un spectre élargi. Gérard Noiriel, historien pionnier de l’immigration avec son livre Le Creuset français et intellectuel attentif aux travers de la République comme il l’avait montré dans son ouvrage sur Les Origines républicaines de Vichy, s’en prend ainsi à la « mouvance post-coloniale » en lui demandant de « faire un bilan de ces trente années de polémiques identitaires » et de son « impuissance politique » illustrée, selon lui, par « l’extrême-droitisation des esprits ».

Des personnalités aussi engagées que variées, comme les metteurs en scène Ariane Mnouchkine ou Wajdi Mouawad, la philosophe et académicienne Barbara Cassin, l’écrivaine Hélène Cixous, le traducteur André Markowicz, la chorégraphe trans Phia Ménard ou l’anthropologue Jeanne Favret-Saada, se dressent, elles, contre l’action menée par des « activistes se réclamant de l’antiracisme » ayant empêché une représentation des Suppliantes d’Eschyle à la Sorbonne, en jugeant que la « logique de censure intégriste et identitaire est la même ».

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