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Repères contre le racisme, pour la diversité et la solidarité internationale

Multiplicité et unité des violences islamophobes De quoi Claude Sinké est-il le nom ? (Saïd Bouamama)

1 Novembre 2019 , Rédigé par Repères anti-racistes Publié dans #Islamophobie, #Extrême-droite, #RN Rassemblement national

L’ancien militaire et ex-candidat du FN dans les Landes, Claude Sinké, a  avoué être l’auteur des tirs contre la mosquée de Bayonne ayant grièvement blessé deux fidèles. Fan d’Éric Zemmour, il s’estimait selon un de ses post facebook, en « guerre contre les islamistes ». La plupart des articles de presse centrent leurs analyses sur la question de sa santé mentale et/ou de son passé au Front National. Peu abordent celle du lien avec le contexte de banalisation de l’islamophobie qui se déploie depuis plusieurs décennies et de son accélération depuis la rentrée[i].  De quoi Claude Sinké est-il le nom ?

Deux grilles de lecture qui n’épuisent pas la question

Claude Sinké sera l’objet d’un examen psychiatrique et nul doute que l’on mettra à jour des incohérences et/ou des fragilités et/ou des troubles et/ou déséquilibre psychologiques. Le diagnostic pourra même conclure sans étonnement à une décompensation psychotique avec ses sorties du réel et ses bouffées délirantes. Rappelons que pour Freud la psychose répond à la définition suivante : « le fait pour un sujet d’échapper à des contraintes contextuelles inacceptables ou impossibles à intégrer, en créant une nouvelle réalité qu’il est le seul à percevoir et qui le protège tout en l’enfermant[ii]. » Autrement dit la psychose a un sens et une fonction. Le sujet croit réellement à l’existence d’un problème qui le menace (lui, sa famille, son groupe social, sa société, etc.) et l’acte posé a pour fonction de résoudre ce « problème » ou au moins de se protéger en agissant. En s’attaquant violemment à une mosquée et à ses fidèles, Claude Sinké a ainsi expliqué qu’il voulait « venger la destruction de Notre-Dame de Paris » qui était selon lui imputable à la communauté musulmane.

Au-delà du cas Sinké, il convient d’expliquer pourquoi l’idée d’une communauté musulmane dangereuse, « inacceptable », « impossible à intégrer », « menaçante », etc., se répand dans notre société suffisamment pour devenir obsessive pour une partie des citoyens. Les cibles des obsessions nous en disent ainsi autant sur le sujet que sur la société dans laquelle il vit. Comment dès lors ne pas faire le lien avec plus de trois décennies de construction politique et médiatique de l’islam et des musulmans comme problème ? Depuis ladite « affaire de Creil » en 1989 la récurrence des polémiques agressives sur les marqueurs d’une appartenance à la religion musulmane (cultuelles, vestimentaires ou alimentaires) ne cesse d’augmenter. Ces  polémiques empruntent les logiques de la dramatisation et de l’angoisse. La recherche de l’audimat médiatique pousse fréquemment ces logiques dans des dimensions paroxystiques. La compétence d’un chroniqueur se mesure désormais à sa capacité à accroître le sentiment d’une urgence à réagir face à un danger qui menacerait toutes les institutions et « acquis de la république » : la laïcité, l’école, le droit des femmes, les hôpitaux, etc.

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