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Repères contre le racisme, pour la diversité et la solidarité internationale

Qui a peut du communautarisme ? (Sylvie Tissot)

29 Octobre 2019 , Rédigé par Repères anti-racistes Publié dans #Antiracisme politique

À l’heure où le président Macron appelle tout son gouvernement à « accélérer contre le communautarisme », il n’est pas inutile de revenir sur le mot communautarisme lui-même, son histoire, son caractère inconsistant théoriquement et pernicieux idéologiquement.

«  Rien n’est plus subversif de l’ordre républicain que le communautarisme, dont le voile est l’étendard. », Jean-Claude Guibal, député UMP [1]

« Le voile islamique à l’école ne constitue, cela va de soi, que le totem du communautarisme. Il implique directement la revendication d’une identité religieuse qui n’a pas sa place à l’école publique, voire – cela dépend des ressorts véritables des jeunes filles concernées – une volonté de différenciation, incompatible à coup sûr avec les principes jumeaux de la laïcité et de l’intégration. », Alain Duhamel, éditorialiste [2]

Au soir du premier tour de l’élection présidentielle de 2012 en France, Jean-François Copé, secrétaire général de l’Union pour un mouvement populaire (UMP), a dénoncé le « droit de vote des étrangers », promis par le candidat socialiste François Hollande, comme un « droit de vote communautariste ». Quelques semaines auparavant, le ministre de l’Intérieur Claude Guéant (UMP) avait explicité ce lien entre droit de vote et communautarisme en invoquant les risques de voir, en cas d’élection d’étrangers dans les conseils municipaux, des écoles servir de la viande halal aux enfants.

L’un des principaux tracts du président sortant Nicolas Sarkozy reprenait d’ailleurs la thématique :

« Une France forte c’est une France qui dit non au communautarisme :
– avec Nicolas Sarkozy nous refusons le droit de voter et d’être élu pour les étrangers extracommunautaires proposé par François Hollande ;
– donner le droit de vote aux étrangers, c’est prendre le risque de soumettre les maires à des pressions communautaires : créneaux horaires pour les femmes dans les piscines municipales, personnel voilé dans les crèches. »

Quiconque découvrirait, hors contexte, ces citations, n’y comprendrait assurément rien. Le paradoxe est en effet complet : pour lutter contre un fléau nommé « communautarisme », dont on peut supposer à bon droit qu’il s’agit d’un repli excessif et dangereux sur sa « communauté », voire d’une exclusion des « extracommunautaires », on affirme qu’il faut exclure des « extracommunautaires » de la citoyenneté ! Quant au rapport avec la mixité des piscines ou les repas de cantine, il ne va pas de soi.

C’est cette confusion qu’il s’agit ici de démêler, en resituant le contexte et la genèse sociohistorique du discours anticommunautariste et en examinant son usage pour décrire la situation des « banlieues » françaises. Une fois dégagés les soubassements idéologiques et politiques de ces manœuvres rhétoriques, leur propos réel apparaît clairement.

Un discours de stigmatisation

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