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Repères contre le racisme, pour la diversité et la solidarité internationale

Nos belles valeurs et les mots du gentil Monsieur Blanquer mettent les musulmans sous clé (Claude Askolovitch)

17 Octobre 2019 , Rédigé par Repères anti-racistes Publié dans #Islamophobie

Le ministre de l'Éducation nationale ne veut pas qu'on le confonde avec l'extrême droite quand il sonne la charge courtoise contre les mamans voilées.

Attaqués en 1941 par le Japon impérial, les États-Unis d'Amérique enfermèrent leurs citoyens d'origine nippone dans des camps de concentration. Cette histoire trottine dans ma tête quand la France, mon pays, frappé de terrorisme et bousculé d'identité, contemple étrangement ses enfants musulmans.

Je ne crois pas au pire, ni ne fantasme l'époque. Nul n'a ouvert de camp pour les femmes voilées, pour les hommes barbus, et nul n'en ouvrira. Nos barbelés sont de verbe et de peur, de méchants bavardages, d'humiliations, de lois mesquines parfois et d'interdits sociaux, de banalités molles, de ministres pompeux, d'imbéciles débats. C'est vivable, supportable, malgré tout désespérant.

Quelques millions de nos concitoyens subissent le même bruit depuis trente ans, sur leur inadéquation à la France; tous ne sont pas visés à l'identique. L'ostentation, l'intégrisme, le salafisme, le communautarisme sont nos ennemis désignés: seuls les croyants de trop visibles pratiques sont musulmans avant d'être citoyens.

Glabre, cheveux au vent, cigarette au bec, on peut, musulman, musulmane, se boucher les oreilles, se penser épargné; la vilenie ne visera que votre mère, votre soeur, votre cousin. Au moins le président Roosevelt, dans les familles, ne faisait pas le tri.

Rien ne se compare et pourtant, les principes sont les mêmes. C'est au nom du bien, de belles valeurs, que l'on est tourmenté, musulmane ici dont le foulard hérisse, Japonais jadis d'une démocratie attaquée.

L'Amérique qui broyait 110.000 personnes, surveillées d'abord, fliquées, soumises au couvre-feu puis jetées dans des bus et larguées dans des baraques aux confins du désert, était cette puissance généreuse dont dépendait la liberté du monde. Le Japon avait envahi la Chine, la Corée, était l'alliée de l'Allemagne nazie. Son triomphe aurait été la fin.

L'Amérique avait peur et, dans sa juste cause, ne fit pas de détail. Était-on certain de la loyauté des Nisei? Le fait même qu'ils n'aient pas organisé de sabotage prouvaient leur nature dissimulatrice, affirmait le général DeWitt, qui organisa leur exclusion. Ainsi le moindre vigilant de bistrot, en France, décrit la taqîya, cette dissimulation congénitale qui fait de chaque musulman un péril, Daesh dissimulé.

Les Nippo-Américains furent déportés jusqu'à la victoire, au nom du bien qu'il fallait protéger, dans un principe de précaution. La plupart n'en moururent pas. Pat Morita, le doux acteur des Karaté Kid, passa trois ans préadolescent au camp de Gila River, en Arizona. On avait donné aux libérés quelques dollars et un ticket de bus, comme aux bagnards en fin de peine. Ils avaient dû être coupables. Les excuses vinrent plus tard.

«Nous sommes les gentils et, gentils, nous brimons sans souci.»

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