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Repères contre le racisme, pour la diversité et la solidarité internationale

Les signaux faibles du fascisme (Joseph Confavreux)

18 Octobre 2019 , Rédigé par Repères anti-racistes Publié dans #Extrême-droite

Comment décrire et déceler un moment de bascule politique, sans se faire enfermer dans un parallèle paresseux avec les années 1930 ? Alors même que ce parallèle est également dressé par un pouvoir exécutif qui s’accommode de récidives inquiétantes tout en se présentant comme un rempart contre celles-ci.

L’historien italien Carlo Ginzburg, issu d’une famille juive et résistante, expliquait en ouverture des Rendez-vous de l’histoire qui se sont tenus le week-end dernier à Blois, et dont il était l’invité d’honneur, avoir « toujours résisté à l’idée d’utiliser le mot fascisme en dehors de son contexte spécifique ». Tout en soulignant une évolution récente de sa position, notamment après avoir pu observer Donald Trump ou Matteo Salvini. « Je crois que le fascisme a un futur. C’est une remarque amère qui implique une définition du fascisme qui doit être construite, dans laquelle l’antisémitisme n’est pas un élément nécessaire. »

L’historien n’est sans doute pas le seul à sentir que quelque chose se passe, dont l’odeur n’est ni fraîche ni ragoûtante. Mais quoi exactement ? Que signifient la diffusion en direct, par LCI, d’un discours entier d’Éric Zemmour ou la charge humiliante d’un élu de la République contre une femme voilée accompagnant en toute légalité son fils de CM2 lors d’une sortie scolaire au conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté ?

Le mot de « collabo » employé à la fois par une ex-journaliste de Charlie Hebdo et une journaliste du Figaro à l’encontre de Jean-Michel Aphatie parce qu’il appelait les médias à boycotter Zemmour, ou encore la diffusion de la thèse du « grand remplacement » impliquent-elles de rapprocher le sort des musulmans d’aujourd’hui avec celui des juifs dans les années 1930 ?

Au-delà d’une certaine efficacité rhétorique, l’historien Gérard Noiriel, qui avait signé un livre essentiel sur les « origines républicaines de Vichy » montrant que les politiques des régimes infâmes peuvent se préparer dans des républiques démocratiques, fait-il œuvre utile en comparant la « grammaire identitaire » de l’antisémite Édouard Drumont (1844-1917) et celle de l’islamophobe Éric Zemmour, né en 1958, ou bien se laisse-t-il entraîner dans des parallèles qui brouillent davantage les choses qu’elles ne les éclairent ?

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